NEW JACK CITY

NEW JACK CITY

Mario Van Peebles, 1991

LE COMMENTAIRE

L’Amérique est un pays qui s’est construit sur la promesse qu’un petit poisson puisse devenir grand – pour peu qu’il ait de l’ambition (cf After Hours). Un pays où la compétition fait rage et où il ne faut pas avoir peur de tuer ses concurrents (cf There will be blood). Il n’y a pas de ligne d’arrivée et le ciel est la limite. Rappelons aussi que l’Amérique est le pays des hormones où les rêves de grandeur se transforment parfois en cauchemars d’obésité sur la balance (cf Super Size Me).

LE PITCH

Les Cash Money Brothers deviennent les rois du crack à New York.

LE RÉSUMÉ

En 1986, le crack fait une entrée fracassante sur le marché de la drogue new-yorkais. Nino Brown (Wesley Snipes) et son gang prennent le pouvoir. Les CMB sont composés de Gee Money (Allen Payne), Duh Duh Duh (Bill Nunn), Keisha (Vanessa A. Williams), Selina (Michael Michele) et son cousin Kareem (Christopher Williams). Ils établissent leur QG au Carter et règnent en maîtres sur la ville.

Le détective Stone (Mario Van Peebles) est sous pression. Il doit boucler les CMB. Scotty Appleton (Ice T) se porte volontaire pour infiltrer le gang. Malheureusement il doit faire équipe avec Nick Peretti (Judd Nelson) avec lequel le courant est alternatif. Scotty retrouve la trace d’un junkie du nom de Pookie (Chris Rock). Il va l’envoyer en cure de désintoxication et s’en servir pour faire tomber Nino Brown.

Pookie travaille désormais au Carter comme dealer et se rapproche doucement de Gee Money. Ce dernier découvre que Pookie porte un micro. Il le tue et fait exploser tout le building, ce qui irrite le PDG.

You fucked up, you fucked up big time, you’re incapable of running this shit.

Devant tout ce bazar, Scotty et Nick mettent leur différents de côté et font l’union sacrée pour faire tomber Nino Brown.

I don’t know about you, man. But I’m ready to kill Nino Brown.

Ils se font passer pour des drug dealers et se rapprochent de Nino Brown par l’intermédiaire de Gee Money qui a commencé à taper dans le pot de farine. Scotty gagne la confiance du boss en balançant les deals persos de Gee Money et surtout en protégeant Nino d’un grand-père (Bill Cobbs) qui était sur le point de l’abattre.

Don Armateo, nostalgique d’une époque où les Italo-Américains étaient les rois du crime (cf Le Parrain), envoie des tueurs pour se débarrasser de Nino puis celui-ci s’échappe crapuleusement en se servant d’un enfant comme bouclier humain. Nino liquide Don Armateo en représailles. La confiance de ses lieutenants commence à battre de l’aile.

Lors d’une discussion en tête à tête, Gee Money reproche à Nino de ne penser qu’à lui et de s’être tapé sa copine. Nino tue l’un de ses frères, forcément à contre-coeur, et continue son aventure en solo. Scotty et Nick passent à l’action et arrête le malfrat. Lors de son procès, il joue les victimes et accuse Kareem d’être le leader des CMB! Il s’en tire avec un an de prison, ce qui écoeure Scotty et Nick.

Alors qu’il parade devant les journalistes, le grand père l’abat.

Idolater! Your soul is required in hell!

L’EXPLICATION

New Jack City, c’est toute la difficulté de rester au top.

L’économiste Alain Bashung a chanté les vertus du petit entrepreneur, ignorant la crise. Ce petit entrepreneur est Nino Brown, l’homme d’affaires épanoui qui connait le succès après avoir parié sur le crack. Son investissement est payant car cette nouvelle drogue fait de nombreux clients, fidèles jusqu’à la mort, indépendamment de leur couleur de peau.

Drugs ain’t a black thing, or a white thing. It’s a death thing. Death don’t give a shit about color.

Nino est méthodique. Il a su s’entourer de personnes de confiance et il fonctionne sur un mode familial dont la solidarité est la clé de voute.

Am I my brother’s keeper?

Son système fonctionne. Il industrialise le business de la drogue (cf American Gangster). Ses affaires tournent dans cette Amérique Reaganienne où les voleurs peuvent prospérer.

You gotta rob to get rich in the Reagan era.

Nino est un patron au sens noble du terme : il a de la poigne et sait frapper quand il le faut (cf A most violent year). Il est aussi un patron au sens filou du terme. Comme nombre d’hommes d’affaires qui magouillent, il sait se sortir des situations foireuses dans lesquelles il s’est mis lui-même. Lorsqu’il se retrouve au tribunal, Nino se réfugie sans honte derrière le système. Le juge ne peut pas condamner l’Amérique.

I’m not guilty. You’re the one that’s guilty. (…) Not one of us in here owns a poppy field. This thing is bigger than Nino Brown. This is big business, this is the American way.

Alors qu’est-ce qui fait que ce baron d’un nouveau genre finit par foirer son affaire?

La police? Stone, Scotty et Nick ne sont que des moustiques pour Nino. Ils ne l’inquiètent pas vraiment. La justice est une farce.

La mafia? Nino évite ses balles et la remet à sa place.

Ce qui coule Nino Brown est son orgueil. Bien qu’énorme, son appétit n’est pas suffisant pour empêcher le succès de lui tourner la tête.

The world is mine!

Parce qu’il s’imagine plus grand que le monde, il se croit permis de se taper tout le monde, y compris Uniqua (Tracy Camilla Johns) la nana de Gee Money. Le contrat de confiance qu’il a passé avec ses hommes est ainsi rompu.

Everything! Even my woman.

Is that what this is about? That fucking skeezer? You think I give a fuck about her? Fuck that ho bitch! I don’t give a fuck about her!

Parce qu’il est orgueilleux Nino en devient suffisant. Il finit par voir le monde comme de la marchandise, réservant le même traitement pour les femmes.

Cancel that bitch, I’ll buy another one.

Et surtout il n’est pas sérieux. Il est trop occupé à répondre aux journalistes pour voir d’où vient la vraie menace: ce grand-père qui avait pourtant déjà failli le tuer. Nino s’est pris un carton jaune et n’a pas vu le rouge arriver – comme un imbécile. Comme souvent avec des gangsters qui ne sont pas connus pour leur vertu de marathoniens (cf Romanzo Criminale).

Une leçon pour toutes les entreprises qui atteignent les sommets et qui souhaitent y rester. Elles ont besoin d’un patron fort et responsable, c’est à dire d’un patron visionnaire qui accepte de ne pas profiter de son succès s’il veut qu’il dure (cf A most violent year). Sachant que rien n’est éternel.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

2 commentaires

  • Correct.Exact.Bien Parlé.Bien Écrit.C’est Beau.C’est Bon.C’est Vrai.C’est Juste.quand les Truands a Cols Blancs et autres affairistes redescendront de leurs petits nuages…L’important ce n’ai pas la Chute..mais le but n’a toujours pas changer et ce depuis l’empire Romain…..For The Love Of Money…New Jack City…Nous Avons Donc Compris la science infuse de la Rue…et des Organisations « Criminelles » « Mafieuses » Gouvernementales.L.S.

    • Merci Sévilla. Si les gangsters se mettent à emprunter le fonctionnement de nos administrations, alors pourquoi nos organisations ne copieraient-elles pas les méthodes des gangsters?

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