NEUF SEMAINES 1/2

NEUF SEMAINES 1/2

Adrian Lyne, 1986

LE COMMENTAIRE

Les parents disent régulièrement à leurs enfants de ne pas mettre leurs doigts dans la bouche. C’est parce que ces petits dégueulasses touchent tout ce qu’ils trouvent et qu’ils n’ont pas le réflexe sanitaire de se laver les mains. Il faut donc les préserver des microbes. À l’inverse, les adultes qui se lavent régulièrement les mains peuvent porter tout ce qu’ils veulent à leur bouche – sans risque d’attraper des aphtes.

LE PITCH

Une jeune femme se retrouve sous emprise.

LE RÉSUMÉ

Elizabeth McGraw (Kim Basinger) travaille dans une galerie d’art de SoHo (cf Made you look). Elle fait par hasard la rencontre de John Gray (Mickey Rourke), un financier de Wall Street.

Elle le croise à nouveau sur une fête foraine où il la fait monter dans la grande roue et exige que le forain la bloque dans les airs, histoire de bien lui faire peur. Elizabeth enrage et John jubile.

Why don’t you just calm down? What’s the matter?

Pour se faire pardonner, il lui offre une écharpe.

Do you recognize this? …It’s for you.

Elizabeth est complètement conquise par cet homme au sourire sybillin. Elle le suit chez l’un de ses amis, sans savoir où elle met les pieds. John Gray fait peut-être un métier à risque ? Il ne dit pas grand chose. Elizabeth s’interroge.

It’s not any riskier than you coming here. I mean I don’t know you. And you don’t really know me.

Elle fuit. Quand John lui envoie des fleurs, elle ne peut pas rester longtemps sans lui donner de nouvelle. John lui offre une montre et invite sa partenaire à se masturber chaque jour à la mi-journée en pensant à lui. Elizabeth s’execute.

Au fur et à mesure de leur relation, John se révèle dominateur. Cet homme un peu timide est capable de donner des ordres.

I want you to face the wall, I’m gonna spank you.

Lorsqu’Elizabeth veut partir, il ferme la porte et la prend de force.

Les fantasmes se suivent. Elizabeth et John font l’amour dans une ruelle. Il la touche en public au restaurant.

Spread your legs for daddy.

Elle lui fait un strip-tease en privé. Il jette des billets par terre et lui ordonne de les ramasser, ce qu’elle refuse. Après quoi, il menace de lui donner des coups de ceinture.

John refuse toujours de rencontrer les ami·es d’Elizabeth. La relation reste confidentielle.

Alors qu’elle se sent plutôt en confiance avec son amant, Elizabeth commence à douter d’elle au travail.

Lors d’une rencontre à l’Hotel Chelsea, il lui bande les yeux et fait rentrer une professionnelle sud-américaine. Après quelque caresse, il entreprend l’invitée. Ce qui déplait profondément à Elizabeth qui se montre violente à son tour. Elle s’enfuit et termine dans un sex shop où John la retrouve. Désorientée, elle y embrace un inconnu pendant une performance.

Lors de l’exposition Farnsworth (Dwight Weist), Elizabeth se sent profondément mal à l’aise. Après une ultime nuit, elle lui annonce qu’elle le quitte.

You knew it would be over when one of us said stop. But you wouldn’t say it. I almost waited too long.

John tente un chantage psychologique afin de l’en dissuader.

You’re leaving… ? (…) I’ve never felt anything like this before.

Elle trouve finalement la force de partir quand même (cf Priscilla).

L’EXPLICATION

Neuf semaines 1/2, c’est un homme sur le carreau.

Par le passé, les rencontres étaient arrangées. L’Amour était un sentiment que l’on apprenait à développer avec le temps, en connaissant mieux la personne avec laquelle on partageait sa vie.

Puis les choses ont changé. Les fleurs ont fané. Le temps d’avant, c’était le temps d’avant. L’Amour est devenu quelque chose qui s’impose à soi naturellement, pas un mariage qu’autrui impose de force. Les contes de fées ont diffusé l’idée que l’Amour se trouve, il ne se cherche pas (cf Blanche Neige, La Belle au Bois dormant).

Paradoxalement et bien que la population mondiale continue d’augmenter, trouver la bonne personne n’est pas une mince affaire. Les célibataires font face à l’embarras du choix. En transformant le coup de foudre en une probabilité, les algorithmes des applications de rencontre n’ont rien facilité.

Elizabeth en sait quelque chose. Elle est séduisante, vit à NYC, travaille dans une galerie d’art… et pourtant elle ne trouve personne! C’est à désespérer.

John lui apparait vraiment comme un prince charmant. Une rencontre non-truquée. La promesse de la belle histoire qu’Elizabeth n’attendait plus: Un mec beau, propre sur lui et suffisamment mystérieux pour donner envie d’en découvrir davantage. Un mâle dominant avec une gueule d’ange, que demander de mieux (cf Sliver)?

Elizabeth ne va pas être déçue du voyage. John est comme un manège dont Elizabeth profite pleinement, au début. Sexuellement, elle assouvit de nombreux fantasmes. Puis après, elle commence à avoir la nausée. Le manège va trop vite. Elle a envie de descendre. Ramasser l’argent par terre ne lui plait pas. Les menaces de coups de ceinture non plus. Le plan à trois n’est pas vraiment à son goût. Quand elle l’exprime, John retourne la situation – comme un pervers narcissique qu’il est (cf Mon Roi).

Who the fuck do you think you are?!

You love it…

John masquait son jeu. Sous couvert d’être un financier de Wall Street attirant, il cachait une personnalité bien tordue (cf La Secrétaire). Neuf semaines et 1/2, juste ce qu’il fallait à Elizabeth pour arrêter l’expérience. Tant mieux, car une semaine de plus et cela risquait de mal tourner. En neuf semaines 1/2, elle a vu ce qu’elle voulait voir.

On se soucie toujours pour la victime. C’est pourquoi, on se concentre sur ces femmes qui sont prisonnières de relations toxiques, en espérant qu’elles s’en libèrent. Quand Elizabeth part, il ne reste plus que John (cf Sans jamais nous connaître). Qui se soucie de lui ?

Certes, John fait souffrir les autres. Mais peut-être souffre-il lui aussi ? Il n’est peut-être pas un monstre de sadisme. Peut-être est-il vraiment triste qu’Elizabeth s’en aille ? Neuf semaines 1/2 est un record pour lui qui n’arrive pas à développer de relations.

Il s’y prend mal. Lorsqu’il essaie de s’ouvrir enfin, c’est trop tard. Elizabeth a déjà claqué la porte.

I love you. Would you please come back…?

John est un homme que la vie lasse. Contrairement à d’autres, il n’a pas envie de se laisser définir par une routine (cf Perfect Days).

You work and you work and you work, you meet with people you don’t like, that you don’t know, that you don’t even want to know. And you try to sell them things and they try to sell you things, you go home, you listen to the wife nag and the kids bitch. You turn off the T.V., you wake up the next day and you do it all over again. But I’ll tell you, the only thing that keeps me going is this chick.

Être dominant lui apporte l’impression de reprendre un peu la maitrise de sa vie, et sortir de son quotidien. À travers ses délires, il met un peu de surprise dans ses journées.

Will you take off your dress…?

Il commence bientôt à avoir fait le tour de ses fantasmes… Qu’est-ce qu’on fait quand on a expérimenté le plan à trois ? Le plan à quatre ? Et après ? Le cauchemar se referme peu à peu sur lui. Il s’ennuie à nouveau, dans sa solitude.

Où sont les femmes qui affirment vouloir changer les hommes (cf Before Sunset) ? John est pourtant un beau specimen pour toutes celles qui aiment qu’on leur donne du fil à retordre. Quand Elizabeth se frotte à la véritable personnalité de son partenaire, elle démissionne. Elle pourrait essayer de prendre le temps, lui proposer de parler… Lorsqu’il s’ouvre enfin, elle s’en va.

Que peut-il ressentir à ce moment là ? Quelle est la suite pour lui ?

Elizabeth pleure dans la rue, au milieu de la foule. Mais celui qui fait de la peine, c’est John tout seul dans son appartement (cf Shame).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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