UN ENDROIT COMME UN AUTRE

UN ENDROIT COMME UN AUTRE

Uberto Pasolini, 2020

LE COMMENTAIRE

Didier Morville a invité tous les pères à ne pas laisser trainer leurs fils, afin d’éviter qu’ils glissent. Une manière de rappeler à tous les paternels qu’ils doivent se comporter de manière responsable. Malgré tout, ce sont parfois les papas qui perdent pied. S’ils n’ont pas envie d’entrainer leurs petits dans leur chute, on peut quand même comprendre qu’ils n’aient pas envie de les lâcher.

LE PITCH

Un condamné à mort cherche une famille d’adoption pour son fils.

LE RÉSUMÉ

John (James Norton) est un modeste technicien de surface qui vit en Irlande du Nord (cf Belfast), avec son petit garçon. Michael (Daniel Lamont) a quatre ans, et il n’a pas connu sa mère qui est repartie en Russie juste après sa naissance.

Where is my mummy…?

I told you she had to go far far away.

S’il n’y a pas de question bête, Michael ferait quand même mieux d’en éviter certaines.

Souffrant d’une maladie en phase terminale, John sait qu’il lui reste peu de temps à vivre. C’est pourquoi il veut choisir une famille d’adoption pour son fils.

He deserves a normal family.

Shona (Eileen O’Higgins) travaille pour les services sociaux et propose à John de rencontrer quelques couples qu’elle a trié sur le volet. Les premiers sont plutôt bourgeois et n’inspirent pas confiance à John qui nourrit déjà pas mal de complexes.

He deserves all the opportunities I never had as a child…

Le courant ne passe pas davantage avec le couple suivant.

John préfère ne rien dire à Michael de ce qui se passe.

What does he know about your situation?

Nothing. The less he knows the better.

Néanmoins, Michael n’est pas bête. Il se doute que quelque chose ne va pas. Son père n’a pas bonne mine. Pourquoi rencontrent-ils tous ces gens ? Shona pense qu’il est important que John parle afin que Michael puisse se préparer.

There might come a time where he’ll think of you everyday. (…) Life doesn’t always work the way you meant it to.

John et Michael continuent leurs visites et rencontrent des personnes étranges, dont on peut légitimement questionner leur motivation pour adopter.

Petit à petit, John évoque maladroitement la mort pour familiariser son fils avec le concept.

Is it sad?

No it’s not sad, it’s just not there.

Lorsque Michael commence à comprendre ce qui se trame, il brise le coeur de son père avec une simple phrase.

I don’t want to adopt…

La condition de John se détériore, et il n’a toujours pas trouvé. Il doit rendre les clés de sa voiture car il n’est plus en état d’exercer. Aucun couple ne lui parait toujours assez bien pour Michael. Et il ne s’agit pas d’acheter un appartement…

Where did you find these people?? (…) This is the biggest decision of my life. Don’t they understand?!

Finalement, John met de côté quelques photos de lui et de son ex-femme pour Michael. Et il trouve les mots justes pour le rassurer.

You won’t see me, but you can talk to me. And I’ll listen. (…) You won’t hear me, but you’ll hear me inside you.

Il ne lâche pas la main de son petit bonhomme.

L’EXPLICATION

Un endroit comme les autres, c’est la difficulté de préparer la suite.

Entre les livres qui incitent non pas à vivre l’instant présent mais le maximiser, les profs de yoga qui recommandent d’être dans le moment, et les dictons qui défendent de faire des plans sur la comète, il devient de plus en plus compliqué de se projeter vers l’avenir. Surtout quand on sait que les meilleures choses ont une fin. On a envie de croquer la vie, certainement pas d’anticiper la mort. Donc on ne se sent pas concerné par les assurances vie ou les plans obsèques.

John n’a envie que d’une chose : profiter du temps qu’il passe avec Michael. Sentir que son fils est impatient de le retrouver…

I was waiting for you!

L’écouter parler de ses envies…

I want a puppy!

Lui remettre les pendules à l’heure quand c’est nécessaire aussi…

Please, don’t play with your food!

Michael, encore plus que son père, ne sait pas vivre autrement qu’au présent.

One day, would you like to live somewhere else? Different place, different home…?

I like home!

La tâche ne s’annonce pourtant pas simple pour Michael, contraint par la maladie de devoir penser à l’après. Il n’a plus le choix.

We’re running out of time.

Savoir ce qui va se passer permet de se préparer. Ce qui est toujours mieux que de se séparer sur un accident, sans avoir pu se parler (cf Les Choses de la Vie). Gérer sa propre mort n’est cependant pas une mince affaire. L’équation devient encore plus compliquée quand on doit prendre en compte son entourage (cf My Life). Que mettre en place ?

Avec toute la bonne intention du monde, John essaie de créer les conditions d’une vie heureuse pour Michael, une fois qu’il ne sera plus de ce monde. C’est pourquoi il pense à l’adoption et veut trouver le couple juste. Avec beaucoup de pragmatisme, il se concentre d’abord sur les considérations matérielles. Il n’a pas tort.

That’s not weakness, that’s love!

Dans cet ultime épreuve, John remarque à quel point chacun gaspille son temps – comme ces hommes qui qui noient leur ennui dans la bière jour après jour.

Another wasted day…

John rencontre des parents souhaitant adopter pour combler un manque. Il n’a envie de confier Michael à aucun d’entre eux. Alors que le temps presse et qu’il pense long terme pour son fils, John doit composer au jour le jour.

One day at a time. We’ll get there.

Il souhaite le meilleur pour Michael et essaie de le protéger autant que possible de sa réalité hospitalière, de ses nausées, ou ses pensées sombres.

All I see is death…

John a passé ses journées à nettoyer les fenêtres des autres pour survivre. Séparé par une vitre de la vie qu’il n’aura jamais eue, ni pu proposer à son fils. Lorsqu’il comprend qu’il y a quelque chose de plus important que tout cela, il réussit enfin à préparer la suite. Grâce à un peu de poésie, il va trouver un point de rencontre avec Michael. Parler d’un sujet peu évident d’une jolie manière, que Michael puisse aussi comprendre.

Your daddy will leave his body, but will always be around you – in the air.

… Like the balloon in the sky?

Michael se souviendra de l’image du ballon dans le ciel, plus que de ses jouets.

John a réussi à faire la paix avec ce drame grâce à la spiritualité, qu’il considérait jusque là comme ridicule. Quelques mots qui permettront à Michael de ne pas avoir perdu son père.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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