LES VALSEUSES

LES VALSEUSES

Bertrand Blier, 1974

LE COMMENTAIRE

Débardeurs et chapeaux de paille le long du canal. Chemise ouverte, sans la chaîne à mort qui brille. En prenant son temps tout en profitant de sa jeunesse. Les Français finiront par se faire mettre à la porte du Paradis malgré tout. Rattrapés par la ville. Contraints de remettre leur cuir puis de prendre la poudre d’escampette. Champions de district sur 100m.

LE PITCH

Deux vilains garnements font la paire.

LE RÉSUMÉ

Jean-Claude (Gérard Depardieu) et Pierrot (Patrick Dewaere) sont deux chiens fous qui détroussent des femmes en leur mettant la main aux fesses. Ils volent des voitures, provoquent des agents de sécurité chez Mammouth (cf La Loi du Marché).

Jean-Claude et Pierrot embarquent Marie-Ange (Miou-Miou), une shampouineuse pas très dégourdie qu’ils exploitent et dont ils abusent. Il faut dire que Marie-Ange n’est pas très farouche.

Qu’est-ce que c’est que cette gonzesse?? On peut lui faire n’importe quoi, elle s’en fout! Elle crie pas, elle griffe pas, elle écarte. Tranquille. Et elle attend en comptant les mouches au plafond!

Dans le train qui les emmène vers le sud, ils harcèlent une jeune maman (Brigitte Fossey).

Ils fouillent une maison de vacances inoccupée et en profitent pour renifler les petites culottes. Pierrot s’inquiète du fait qu’il ne bande pas. Jean-Claude le rassure, en le prenant par derrière. Ce qui déclenche la colère de son ami, à l’hétérosexualité irréprochable.

Partout où je vais je me fais enculer!

Les deux égarés s’en vont retrouver Marie-Ange. Ils s’agacent de ne pas réussir à la faire jouir. Après avoir dévalisé le salon de coiffure, ils s’offrent de jolis costards qui ne les empêcheront pas de se faire éconduire par deux jeunes filles au bowling, en se faisant traiter de paysans au passage.

Las, Jean-Claude décide d’attendre une femme à la sortie du pénitencier. Ils font la rencontre de Jeanne (Jeanne Moreau), une femme mûre avec laquelle ils vont au restaurant puis passent une nuit d’amour. Elle se suicidera le lendemain matin, d’une balle dans le vagin – à la Française. Les deux compères retournent pleurer dans les bras de Marie-Ange. Dans les affaires de Jeanne, ils trouvent la trace de son fils Jacques (Jacques Chailleux), qui sort lui aussi de prison. Ils se sentent obligés de prendre soin de lui jusqu’à ce qu’il tue un gardien.

De nouveau en cavale, le trio retrouve par hasard la famille chez qui ils ont séjourné sans le savoir. Ils enlèvent leur fille Jacqueline (Isabelle Huppert) dont ils avaient respiré les dessous. Enfin, ils la dépucèlent puis la laissent sur le bord de la route.

La vie continue. Les deux hommes suivent leur chemin, détendus du gland.

On n’est pas bien là? À la fraîche. 

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L’EXPLICATION

Les Valseuses, c’est un certain esprit Français.

Jean-Claude et Pierrot sont le yin et le yang. Pierrot est l’anxieux de service qui a peur de plus bander. Peur de ne plus pouvoir fourrer. Le stress. Oppressé comme s’il allait mourir demain, la peur du vide au ventre. L’angoisse qui le prend à la gorge.

On va pas rouler comme ça droit devant sans savoir où jusqu’à ce que le réservoir soit vide??

Jean-Claude au contraire est plutôt décontracté. Il est à voile et à vapeur, sans complexe (cf L’As des As). Bande quand il a envie de bander. Les joies simples lui suffisent. Il navigue à vue, ce qui lui va très bien.

Te fais pas tant de souci vieux… dans la vie tout s’arrange!

Jean-Claude et Pierrot s’équilibrent comme deux testicules. Ils représentent le tandem français classique. On repense à Papin et Cantona, Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, Léon Zitrone et Guy Lux, Felix Gray et Didier Barbelivien. Et il y en a d’autres… Le Français n’est pas un solitaire.

Ce sont deux rebelles post-soixante-huitards dans la France molle de Pompidou. Ils se croient tout permis et se font qualifier de zazous. On leur reproche d’avoir les cheveux longs. C’est Antoine contre Johnny Hallyday. Atoll contre Optic 2000.

Ces deux hommes représentent l’anti-puritanisme français. On pardonne tout à ces deux gros bébés.

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Ce n’en sont pas moins des prédateurs qui mettent la main aux fesses de leur victimes avant de leur piquer leur porte-monnaie. Des porcs avant l’heure, qui proposent des billets afin de téter les seins d’une jeune maman qui s’apprête à rejoindre son militaire de mari. Ils mettent le nez dans les culottes d’une adolescente en toute impunité.

On condamne Harvey Weinstein, l’industrie du porno misogyne qui salit l’image des femmes capables de tout et n’importe quoi contre un peu d’argent (cf Hot girls wanted, Il n’y a pas de rapport sexuel) ou les vieux pervers Japonais qui achètent des culottes usagées à des étudiantes. Par contre, à Jean-Claude et Pierrot, on passe tout. Comme on passe tout au Gros Gégé et sa gouaille ou qu’on vénère le regretté Patrick et son talent écorché (cf Coup de tête). Si on ne peut plus rien dire, ou ne plus rien faire!

On leur passe tout parce qu’ils sont sympathiques. Rien à voir avec Alex et ses droogs (cf Orange Mécanique) qui eux sont vraiment des vilains – en plus d’être Anglais. Ils ne s’appellent pas non plus Samir et Adama, ce qui justifie qu’une France qui se qualifie de souche repense à ces petits voyous non sans une certaine tendresse.

Jean-Claude et Pierrot ne sont après tout que deux jeunes loups qui veulent jouir de la vie du haut de leurs vingt-cinq ans. Ils traitent les femmes de salopes ou de boudins ce qui ne les empêche pas d’être en admiration absolue devant Jeanne et pleurent sa mort comme des bébés. Fiers comme des poux et ne supportant pas l’idée que Marie-Ange puisse avoir son premier orgasme avec le fils de Jeanne plutôt qu’avec eux.

Ce sont des petits garçons qui roulent des mécaniques avec leur flingue avant de revenir aussi sec à la niche de Marie-Ange dès qu’ils le peuvent. Des jeunes bobos parisiens qui jouent à la pétanque vers le bassin de la Villette. Ils ne sont pas méchants. Ce sont simplement deux cigales insatisfaites et râleuses qui crachent sur leur beau pays.

Bled de merde! France de merde!

Ils représentent à eux deux un courant de pensée contestataire, bohème anti-système. Le paradoxe français. Ce qu’on appelle encore l’exception culturelle (cf The French Dispatch, Le Procès du 36).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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