COUP DE TÊTE

COUP DE TÊTE

Jean-Jacques Annaud, 1979

LE COMMENTAIRE

En France, pays des Lumières, les joueurs de football professionnels sont souvent accusés d’être des imbéciles, pratiquant un sport d’abrutis. Bien que le football soit pourtant le sport le plus populaire dans l’Hexagone. Ce ne serait pas un problème si certains joueurs de foot n’étaient pas millionnaires. On oublie un peu vite que pour un M’Bappé, il y a des centaines d’autres joueurs plus anonymes qui s’entrainent dur, prennent des risques avec leur santé pour un salaire pas si mirobolant et une carrière qui s’arrête en général après 35 ans – sans diplôme. Si le joueur de foot n’est pas forcément à plaindre, il n’est pas non plus à envier.

LE PITCH

Un sportif rebelle prend sa revanche contre le système.

LE RÉSUMÉ

François Perrin (Patrick Dewaere) joue avec l’équipe réserve de Trincamp, le club du Président Sivardière (Jean Bouise). Perrin se fait régulièrement remarquer pour son indiscipline sur le terrain. Lors d’un entraînement, il blesse Berthier (Patrick Floersheim), la star locale.

L’entraîneur le met sur la touche. Les fans le prennent en grippe. Et comme toute la ville vit pour le football, Perrin finit par perdre son job à l’usine de M. Sivardière. Le voilà à la rue, vivant de petit boulot.

J’ai fait l’Afrique Noire dans la voirie, l’Afrique du Nord dans les travaux publics, l’île Maurice et les Antilles dans les restaurants. Je suis allé là où l’homme blanc ne s’aventure plus et tout ça sans passeport, avec seulement une carte de chômeur.

Décidé à tenter sa chance ailleurs, il passe dire au revoir à sa maîtresse. Après l’avoir agressée sexuellement, il se fait finalement accuser à tort de tentative de viol sur la personne de la jeune Stéphanie (France Dougnac). Brochard (Michel Aumont) et Lozerand (Paul Le Person), deux sponsors du club, témoignent contre lui. Perrin prend une peine de prison. Tout le monde est content.

Jusqu’à ce que Berthier se blesse lors d’un accident la route ridicule. Il faut trouver un remplaçant. Le Président fait passer son message.

Je veux qu’on gagne dimanche, le reste : je m’en fous! J’entretiens onze imbéciles pour en calmer huit cent.

Perrin est le seul joueur qui tient la route. Sivardière négocie une permission avec le directeur de la prison (Hubert Deschamps).

Perrin file à l’anglaise pour se rendre chez Stéphanie et tenter de la violer. Il purge une peine de prison pour quelque chose qu’il n’a pas fait, alors autant en profiter…

Remboursez!

Le jeune homme agit surtout par amertume. Il s’excuse et finit par sympathiser avec Stéphanie, qui le conduit au stade où tout le monde l’attend. Perrin ne va pas gâcher la seconde chance qu’on lui offre. Le soir des seizièmes de finale de Coupe de France, il inscrit un doublé et donne la victoire à Trincamp!

Le paria accède au statut de héros.

Finalement, c’est pas un mauvais bougre… C’est un bon gars… Et quel putain d’attaquant!

Plutôt que d’en profiter, Perrin mijote sa vengeance contre tous ceux qui ont retourné sa veste : Sivardière, Brochard, Lozerand et Berri (Maurice Barrier) le patron du café le Penalty.

Je lève mon verre au tas d’ordures qui m’entourent. Il y a de quoi remplir une sacrée poubelle.

Tout le monde craint les représailles du nouvel attaquant fétiche. Finalement il ne mettra aucune de ses menaces à exécution. Il rate le match retour que Trincamp perdra 6-0. Pas grave. Perrin préfère retrouver Stéphanie.

L’EXPLICATION

Coup de Tête, c’est refuser de jouer le jeu.

Dans son domaine de compétences, François Perrin est une sorte d’Eric Cantona. C’est à dire qu’il n’est pas simplement un athlète qui court après un ballon. Il est aussi un caractère qui l’ouvre quand il faudrait mieux la fermer. À contre-courant. Capable de faire preuve de cynisme avec la police alors qu’il est suspecté de viol.

Ça fait deux ans que je la viole tous les jours. Et même parfois deux fois par jour!

Il est nécessaire de se souvenir que François Perrin a été mis à la porte. Renvoyé tout en bas de l’échelle où il a côtoyé les sans-dents – loin des soirées en club arrosées au champagne les soirs de victoire. Cette expérience lui a procuré quelques précieux enseignements sur la nature humaine, qu’il n’est pas prêt d’oublier. Le football n’est pas une fin en soi. Il y a d’autres choses plus importantes dans la vie, comme se charge d’ailleurs de le rappeler le directeur de prison.

Vos conneries, ça commence à bien faire!

La manière dont il mène sa vie compte pour Perrin. Il ne veut pas être un petit soldat (cf La Mécanique de l’Ombre). La petite comédie qui se joue à Trincamp ne lui plait guère. Malheureusement, il appartient malgré lui à un système régi par la dialectique du maître et de l’esclave. Dans ce système, il n’est qu’un petit executant à la solde du puissant Sivardière.

Ça va lui coûter cher. J’aime pas qu’on me chie dans les bottes.

Le football est un milieu médiocre où chacun se tient en otage, exerçant des pressions sur les autres, à l’image de Brochard et Lozerand qui furent les premiers à dénoncer Perrin alors qu’ils n’avaient aucune preuve. Ils sont aussi les premiers à se placer pour le faire revenir, se rappelant à son bon souvenir. Détestables.

C’est grâce à nous si t’es là.

Perrin n’a rien à voir avec tout cela. Il est un artiste perdu dans un football corrompu par l’argent. Le Président vient voir ses joueurs dans les vestiaires à la mi-temps pour leur promettre une petite prime afin de les motiver – comme si la victoire n’était pas suffisante.

L’autre moitié à la fin du match si on gagne.

Comme tout autre milieu, le football est hautement politique. Perrin l’a compris. Une victoire sur le terrain le mettrait en position de force. Alors qu’il n’était qu’un bouche-trou, bon pour retourner en prison, ses deux buts lui confèrent l’immunité.

Jusqu’à dimanche, c’est lui le patron.

Plutôt que de se réjouir en pensant qu’il renverse la situation à son avantage pour faire carrière, Perrin n’oublie pas. Chat échaudé craint l’eau froide.

À l’époque, on me portait pas en triomphe.

Il est plutôt porté par le ressentiment. Ce milieu le dégoûte et il veut s’en moquer une dernière fois avant de tirer sa révérence.

J’ai pas envie de jouer pour ces cons. (…) Je voudrais foutre le feu à cette putain de ville.

Il va tout d’abord prendre tout Trincamp à son propre jeu, pour finalement les lober d’une petite pichenette. Pied droit, pied gauche. Il ne joue plus jeu. Perrin se débranche de cette matrice toxique (cf Matrix). Il lâche ces pourris pour se rapprocher d’une personne qui en vaut davantage la peine à ses yeux : Stéphanie.

LE TRAILER

Cette exlication du film n’engage que son auteur.

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