OSS 117 : RIO NE RÉPOND PLUS

OSS 117 : RIO NE RÉPOND PLUS

Michel Hazanavicius, 2009

LE COMMENTAIRE

L’Italien fait de la vie une comédie (cf La Vie est Belle), l’Américain sauve le monde (cf San Andreas), l’Anglais ne dévoile jamais vraiment ses cartes (cf La Taupe), le Brésilien aime le beau jeu, l’Allemand privilégie l’efficacité. Quant au Français, il réfléchit sérieusement. Ce qui ne veut pas forcément dire qu’il se pose les bonnes questions, ni même qu’il trouve des réponses. Mais au moins, il s’interroge sérieusement.

LE PITCH

Un agent part en mission sans oublier de monter là-haut.

LE RÉSUMÉ

Hubert Bonisseur de La Bath (Jean Dujardin) revient de Gstaad où il a affronté les hommes de Monsieur Li. Lesignac (Pierre Bellemare) l’envoie à Rio de Janeiro pour négocier avec un Nazi exilé au Brésil du nom de Von Zimmel (Rüdiger Vogler) des micro-films contenant une liste de noms de collaborateurs.

Une fois sur place, OSS 117 est approché par des agents du Mossad qui veulent capturer Von Zimmel pour l’extrader vers Israël. OSS 117 va collaborer avec Dolorès Koulechov (Louise Monot). Ils sollicitent l’aide de la CIA via Bill Tremendous (Ken Samuels) qui les met sur la trace de Heinrich (Alex Lutz), le fils de Von Zimmel qui vit dans une communauté hippie.

Heinrich envoie Hubert et Dolorès dans la gueule du loup à Brasilia où Von Zimmel prépare l’avènement du futur Reich. OSS 117 et Dolorès se tirent de ce traquenard. Von Zimmel est extradé vers Israël et de La Bath ramène les micro-films à Paris, sans verser d’argent.

Lesignac, dont le nom figure apparemment sur la liste des collaborateurs, lui promet la légion d’honneur, avant de l’envoyer en Chine pour une nouvelle mission.

L’EXPLICATION

OSS 117 : Rio ne Répond Plus, c’est une France déjà totalement coupée de la réalité.

La France surfe encore sur un glorieux passé fait de chaises Louis XIV, de Lumières philosophiques, de Révolution et d’Empire. Entre temps, la France s’est trompée (cf J’accuse). Elle s’est prise une première gifle en 1914 puis une seconde en 1939. Ensuite il y a eu l’Indochine. Le début des années 60 a été marqué par Âge Tendre et Tête de Bois, France Gall, Françoise Hardy… et les colonies qui ont obtenu leur indépendance n’en déplaise à Michel Sardou (cf OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire).

En 1967, la France refuse d’admettre qu’elle est à côté de la plaque. Hubert Bonisseur de La Bath en est le digne représentant.

Je suis certes agent secret, mais je n’en suis pas moins Français.

La France est pourtant rétrograde, nostalgique de l’époque bénie de la violence domestique du patriarche.

Mon père est un nazi. J’ai honte d’être son fils…

NAN MAIS HO! Comment tu parles de ton père?? T’as pas honte? Qui c’est qui t’a nourri? Jamais moi je parlerais comme ça de mon père. Moi mon père il était charron. Et je peux te dire que ça filait doux. Ça, la mère de La Bath elle mouffetait pas. Et les gamins pareil.

On se parle de la France de feu-Johnny Hallyday, pas de celle d’Antoine. Cheveux courts de rigueur.

C’est le vrai monde dehors. Et le vrai monde, il va chez le coiffeur.

Quand de La Bath part au Brésil, il ne voit pas arriver le tsunami Mai 68. Il s’amuse de cette jeune génération de hippies qui veut changer le monde.

Changer le monde… quelle drôle d’idée!

Et pour cause, la France croit qu’elle est toujours au centre du monde.

D’aucuns ont des aventures. Je suis une aventure.

À Paris, les Picot, Roussel, Ledentu, Mongier, Favre, Duvernois, Charpon, Delanoix, Francard et compagnie se marrent bien entre eux. Pourtant leur humour s’exporte mal. Hubert ne fait pas rire Dolorès.

Vous n’êtes pas drôle.

C’est la France de Stéphane Plaza à l’humour potache ou celle de Tex aux blagues douteuses.

La France hypocrite qui ne compte que quand cela l’arrange. Qui critique la malbouffe Américaine tout en savourant les frites de chez McDonald’s (cf L’Aile ou la Cuisse).

C’est marrant j’ai l’impression que nous sommes amis que quand vous nous demandez de vous libérer.

Hypocrite encore, la France qui expérimente sans assumer de peur de perdre la face. Un pays supposément sans tabou.

J’aime ce qui se passe. Mais on est d’accord ça reste entre nous? Parce que les gens sont pas obligés de savoir tout ça, je veux dire que sorti de son contexte, un doigt dans les fesses, ça peut être euh…

Hypocrite toujours, la France qui est convaincue que ses champions ne peuvent pas être dopés. Les supporters et les journalistes veulent des stars sur les terrains, tout en critiquant leur train de vie.

Hypocrite enfin, la France qu’on aime ou qu’on quitte, qui se permet de juger les autres gouvernements sans avoir fait sa propre auto-critique.

Une dictature c’est quand les gens sont communistes.

D’accord. Et comment vous appelez un pays qui a comme président un militaire avec les pleins pouvoirs, une police secrète, une seule chaîne de télévision et dont toute l’information est contrôlée par l’état?

J‘appelle ça la France. Et pas n’importe laquelle : la France du général De Gaulle.

Une France pudique qui cache les noms de ses collabos prestigieux et achète ensuite la paix à coups de légions d’honneur.

Il faut que la France oublie pour repartir de l’avant.

Dolorès se permet donc de faire une mise au point.

Vous êtes vieux, prétentieux, votre vision des femmes est archaïque, vous êtes imbu de vous-même, supérieur, parfois à la limite du racisme, vous vous habillez mal, vous êtes infantile.

Elle a raison. La France est effectivement ridicule de prétention. Hubert de la Bath se pense très malin (cf Dangereusement vôtre). Il n’est en fait pas très futé.

Changer le monde, changer le monde… vous êtes bien sympathiques mais faudrait déjà vous lever le matin. Je sais pas si vous êtes au courant mais le monde, il vous attend pas. Le monde il bouge. Et il bouge vite! Et vous n’allez pas tarder à rester sur le carreau.

Quand Hubert de la Bath fait la leçon aux hippies, il n’est pas sans rappeler un certain président (cf le casse du siècle), trop content de montrer qu’il reconnaît l’odeur du cannabis avant d’ajouter que cela ne va pas aider ces jeunes à réussir dans la vie.

On ne se refait pas.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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