ORGUEUIL ET PRÉJUGÉS ET ZOMBIES
Burr Steers, 2016
LE COMMENTAIRE
Vu de l’Hexagone, on aime penser que le féminisme est un mouvement né en France (cf Curiosa). Avant nos Simone, Marie de Gournay ou Olympe de Gouges furent effectivement des précurseurs – bien que ce terme n’ait pas encore trouvé officiellement son féminin. N’oublions pas quand même l’Angleterre Victorienne avec des grandes dames comme Florence Nightingale ou Mary Shelley qui n’hésitaient pas à remettre les hommes à leur place.
LE PITCH
Malgré la menace zombie, la fille Bennet s’éprend du fils Darcy.
LE RÉSUMÉ
L’Angleterre du début XIXe est ravagée par les attaques de mort-vivants (cf The dead don’t die).
It’s only a matter of time before they outnumber us.
C’est pourquoi Madame Bennet (Sally Phillips) aimerait vraiment que ses filles se dépêchent de trouver un bon parti. Elles se rendent à un bal où le riche Charles Bingley (Douglas Booth) a le coup de foudre pour Jane Bennet (Bella Heathcote).
Son ami le Colonel Darcy (Sam Riley) remarque Elizabeth Bennet (Lily James) mais se fend d’une réflexion maladroite à son encontre.
Tolerable but not handsome enough to tempt me.
Par ailleurs, il a appris les arts martiaux au Japon comme toutes les personnes de son rang, alors que les filles Bennet ont fait leur formation en Chine. Cela tombe bien car le soir-même, ils doivent se battre.
Le couple Charles / Janes patine un peu. Pendant ce temps, l’opportuniste Parson Collins (Matt Smith) espère profiter de la disponibilité d’Elizabeth mais celle-ci calme ses ardeurs.
I regret I must refuse.
Elle s’intéresse plutôt à George Wickham (Jack Huston), un soldat persuadé que les humains peuvent vivre en paix avec les zombies – à condition que ceux-ci mangent de la cervelle de porc.
You see, if they never consume human brains they will never fully transform into zombies. St. Lazarus’ is the key to find the ending the struggle between the living and the undead. We must force some kind of understanding with the most advanced among them.
Wickham bitche un peu sur Darcy auprès d’Elizabeth, si bien que quand ce dernier manifeste enfin son intérêt, elle le refroidit aussi sec. Lui reprochant notamment d’avoir éloigné Charles Bingley de sa chère soeur.
Elle ne manque pas de propositions, mais rien ne la satisfait. Et personne n’arrive à la raisonner.
Anything is to be preferred or endured rather than marrying without affection.
Darcy écrit une lettre d’excuses dans laquelle il fait la lumière sur les véritables intentions de Wickham : Le soldat a tué le père Darcy pour tenter d’extorquer la fortune familiale et a même tenté de se marier avec la fille. Finalement, il s’est barré avec Lydia Bennet (Ellie Bamber) dans un Londres en état de siège (cf La Chute de Londres), où il est en train de monter une armée de zombies. Le salaud.
Darcy et Elizabeth se rendent à Londres pour libérer Lydia et vaincre Wickham, qui se révèle être un zombie lui aussi. Comme par hasard.
Darcy se marie avec Elizabeth, le même jour que Charles et Jane. Le bonheur est à son paroxysme. Jusqu’à ce que Wikckham et sa bande n’arrivent pour ruiner la fête.
L’EXPLICATION
Orgueil et Préjugés et Zombies, c’est ne pas avoir le temps de palabrer.
Il est facile de regarder l’Histoire a posteriori, et évaluer les comportements des un·es et des autres à périmètre constant. C’est à dire juger du haut des années le manque de courage de celles et ceux qui tentaient de préserver la paix avec l’Allemagne Nazie (cf L’étau de Munich), sans savoir ce qu’est l’horreur de la guerre pour ne pas l’avoir vécue soi-même (cf 1917).
Car nous ne sommes pas étrangers au monde qui nous entoure. Le contexte s’impose à nous. Il suffit de se souvenir de la difficulté de conduire sa vie comme d’habitude en pleine période de confinement, comme si de rien n’était.
Orgueuil et Préjugés en temps normal, ce sont les choses qu’on dit les choses qu’on fait : Des amoureux qui parlent pour ne rien dire, qui se tournent autour comme au printemps tels des papillons.
Mais Orgueil et Préjugés par temps de crise, c’est une toute autre histoire comme le constate Monsieur Bennet (Charles Dance).
It wasn’t always like this.
Il existe des heures sombres (cf The darkest hour), comme une épidémie de zombies, pendant lesquelles les économies adoptent des réflexes protectionnistes. Le principe de solidarité disparait. Autrui rime avec menace, ennemi ou coupable.
From the colonies here came not just silks and spices but a virulent and abominable plague. Naturally, many suspected the French were to blame.
Dans ces moments difficiles, on doit adapter sa manière d’être et de penser. Tandis que Madame Bennet aimerait continuer à faire des plans sur la comète, son pragmatique de mari pense qu’il est préférable de faire au jour le jour. On ne vit plus, on survit.
They must find a husbands Mr Bennet. For as you know too well, they shall inherit nothing when you pass.
Their immediate survival is my present concern.
On a encore envie de s’aimer bien sûr – car la vie ne s’arrête pas complètement malgré tout. Mais l’on doit faire attention en permanence. Ne jamais baisser la garde. Se battre. Pas au sens figuré. Se battre pour de vrai. Le devoir passe avant le divertissement.
Vigilance is still every essence. Remember this. Keep your swords as sharp as your wit. For the ultimate battle between the living and the undead has yet to be staged.
On essaie de conserver quelques bonnes manières.
Gallantry isn’t dead.
Mais les réflexions du passé paraissent un peu hors sujet.
Carelessness when dealing with a zombie infection can lead to your abrupt demise.
Arrogance can lead to yours.
La pensée progressiste nous a tellement conditionné·es à attendre mieux, qu’on ne considère même pas la possibilité que les choses puissent aller moins bien. Servons-nous des zombies pour rester conscient·es que le vent tourne. Pas le temps de faire la fine bouche.
Ce fait ne valide pas forcément la chanson de Berry, en hommage à Schopenhauer. Le bonheur existe, mais il est furtif. À peine commence-t-on à profiter du mariage que la fin du monde nous guette déjà (cf Marriage Story).