GREENLAND – LE DERNIER REFUGE
Ric Roman Waugh, 2020
LE COMMENTAIRE
La fin du monde peut venir de partout : nos ennemis extra-terrestres (cf La Guerre des Mondes, Mars Attacks!, Skyline, Cloverfield, the darkest hour, Life, Alien, Predator), les machines (cf Terminator, Ex-Machina, Matrix, Covenant), la lune (cf Moonfall), une guerre atomique (cf Dr Folamour, Wargames), un tremblement de terre (cf San Andreas), la météo (cf Le jour d’après), un soleil qui s’éteint (cf Sunshine), un volcan d’Auvergne qui se réveille (cf Le pic de Dante), un virus (cf Contagion), un virus qui nous transforme en zombies (cf World War Z), un vaccin qui nous transforme en zombies (cf Je suis une légende). Des zombies tout court (cf The dead don’t die). Rien ne remplacera jamais l’efficacité d’une bonne vieille météorite (cf Deep impact). Incroyable ? Farfelu ? Si les dinosaures ont disparu, pourquoi pas nous ?
LE PITCH
Une comète passe plus près de la terre que prévu (cf Melancholia).
LE RÉSUMÉ
Rien ne va plus entre John (Gerard Butler) et Allison (Morena Baccarin), même s’ils essaient de tromper les apparences. L’ingénieur en bâtiment est pourtant bien sur le point de se séparer de sa femme.
How long is this going to be awkward for?
I don’t know, John. It’s not like I’m trying to make it that way.
Leur fils Nathan (Roger Dale Floyd) s’en moque pas mal (cf Génial mes parents divorcent). Il est plutôt concentré sur la comète Clarke qui va frôler la terre. L’attraction du moment. En direct sur toutes les chaînes de TV du pays.
Ce que les téléspectateurs ignorent, c’est qu’une collision avec la terre est possible. Des fragments rasent la ville de Tampa. Une déflagration se ressent jusqu’à Atlanta. La possibilité d’une extinction devient réalité. Soudainement, plus personne ne rigole.
John reçoit un texto du gouvernement qui l’informe qu’il a été sélectionné avec sa famille pour être mis aux abris.
This is a presidential alert, this is not a test. You’ve been selected for emergency shelter relocation.
Soudainement, Allison n’a plus du tout envie de se séparer de John.
Le message s’affiche en parallèle sur son écran de TV devant des voisins médusés.
No one else is allowed with you.
À la base aérienne de Robins, les civils débordent les militaires. C’est la panique générale. John, Allison et Nathan parviennent à se diriger vers la base aérienne de Thule dans l’Ontario où un avion doit décoller pour le Groenland – c’est à dire le Danemark.
À l’approche de la dernière heure, Nathan se veut romantique.
My friend Teddy says your life flashes in front of your eyes when you die. I think it would be better if it did that while you lived. That way, you could see all the good memories and be happy.
Le couple parvient à se mettre à l’abri. Neuf mois sous terre. Les rescapés découvrent ce qu’il reste de la planète : pas grand chose. Devant ce triste spectacle, personne n’ose se réjouir. Heureusement, quelques oiseaux redonnent un sourire timide à l’assemblée.
Chicago, Sydney, ou Paris ont été rasées.
Une sérieuse mise à jour de la carte du monde s’impose…
L’EXPLICATION
Greenland, c’est ne pas être prêt.
Héraclite d’Ephèse avait annoncé la couleur : Rien n’est permanent, sauf le changement. Le Bouddah lui a emboité le pas : Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement. Ces prophéties ont été annoncées environ sept siècles avant Jésus-Christ et n’ont jamais autant résonné qu’aujourd’hui.
Comment avons nous retenu la leçon ? En préférant tout oublier.
Nous avons mis la tête sous terre (cf Take shelter), déjà. Avoir un haut commissaire au Plan qui tente de tout prévoir et maitriser à l’avance. Quelle farce! Une tentative éhontée de nier le fait que tout ne fait que nous échapper sans cesse (cf Cliffhanger). L’idée est bien trop insupportable. Plutôt que de continuer à vivre comme des gitans que nous sommes, nous nous sommes sédentarisés.
Au lieu d’accepter le changement pour éventuellement mieux s’y préparer (cf Jusqu’au déclin), nous l’avons évité. La poussière sous le tapis. Refusant la possibilité que tout puisse s’arrêter et que la phase avant l’arrêt soit mouvementée.
C’est l’expérience du couple Garrity qui s’est réfugié dans un lotissement résidentiel et des weekends faits de barbecues. Pépère. Ils ont été frappés par la routine sans y avoir été préparés. John sait faire des plans sur la comète, en qualité d’architecte. Par contre, il ne sait pas du tout gérer une entreprise de démolition. Sa femme se veut plus rassurante. Elle va s’adapter.
It’s just going to take some time, and some effort from the both of us.
Les Garrity comprennent qu’il existe des changements d’une toute autre envergure. La vie les dépasse. Elle ne s’arrête pas à leur couple. Nous ne sommes que des grains de sable dans le désert. Il suffit d’une petite météorite pour tout remettre en question. Un gros caillou qui enraye définitivement l’énorme machine. Le moteur s’arrête pour de bon. C’est la fin de l’aventure.
Le début d’un tout autre voyage, long et pénible (cf La route). Pendant lequel il faudra apprendre à désapprendre, ou plutôt ré-apprendre. Respirer un air pollué, cette fois-ci par le souffre. Devoir se battre pour trouver son poisson pané. Le manger sans ketchup. Prier pour ne pas avoir de soins dentaire ou d’ostéopathie. Se passer des réseaux sociaux (cf The American Meme). Penser à l’espèce plutôt qu’à soi-même.
Vivre à la dure. Survivre.
Peut-être même devoir se sacrifier.
Le constat reste immanquablement le même : nous ne sommes pas prêts.
Tandis qu’on fantasme des projets gouvernementaux de conquête de l’espace, aussi secrets qu’ambitieux, il est important de rappeler que les gouvernements ne sont pas prêts à devoir gérer des problèmes plus terre à terre. Pas assez de lits dans les hôpitaux pour surmonter une pandémie. Aucun abri ne nous attend quelque part en Finlande en cas de problème (cf L’Armée des douze singes). Tout comme il n’y avait pas assez de canots de sauvetage sur le Titanic. Absolument rien n’est prévu.
Une seule solution : espérer égoïstement qu’une météorite frappera la terre après notre mort.
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