CHOCOLAT

CHOCOLAT

Lasse Hallström, 2000

LE COMMENTAIRE

Quand tout s’accélère, rappelons-nous qu’il reste l’Amour. Deux personnes, voire plus si affinités (cf Shortbus), qui se retrouvent au plus fort de la tempête. Pour un petit pas de danse, si possible latino. C’est quand même moins balais qu’une valse de Vienne. Un besoin de connexion intime allant contre les principes de précaution sanitaire fixés par les autorités compétentes en la matière. Ça fait du bien.

LE PITCH

L’équilibre d’un village français est bouleversé par l’arrivée d’une chocolatière.

LE RÉSUMÉ

Vianne Rocher (Juliette Binoche) et sa fille Anouk (Victoire Thivisol) s’installent dans la petite bourgade sans histoire de Lansquenet pour y ouvrir une chocolaterie (cf Charlie). Le Comte de Reynaud (Alfred Molina), maire de la ville, passe lui rendre une visite pour l’inviter à l’Eglise où chacun se réunit chaque dimanche, sans faute.

Premier problème. Le Comte ne mange pas de chocolat. Il n’est donc pas client.

Second problème. Vianne ne va pas à l’office. Elle n’est pas cliente non plus.

Troisième problème. Vianne attire le chaland. Les visiteurs lui confient leurs problèmes plutôt que de se confesser auprès du Père Henri (Hugh O’Conor). Armande (Judi Dench) a des soucis avec sa fille Caroline (Carrie-Anne Moss). Josephine (Lena Olin) se réfugie chez Vianne pour fuir son mari abusif Serge (Peter Stormare).

L’influence grandissante de Vianne déplait clairement aux personnes en place. Les habitants mangent du chocolat en plein Carême! Sacrilège. Reynaud compte bien mettre des bâtons dans les roues de la commerçante (cf Jean de Florette).

You’ll be out of business by Easter.

Il fait passer le message à travers le sermon du Père Henri, plus efficace.

Satan wears many guises. At times, Satan is the singer of a lurid song you hear on the radio, at times, the author of a salacious novel, at times, the quiet man lurking in the schoolyard – asking your children if he might join their game. And at times, the maker of sweet things. Mere trifles. For what could seem more harmless, more innocent, than chocolate?

Vianne tombe amoureuse de Roux (Johnny Depp), un manouche. Ils vont fêter l’anniversaire d’Armande sur une péniche en compagnie d’autres personnes du village. Serge, fou de jalousie, met le feu au bateau. Il sera radié par un Reynaud hypocrite.

People could have died..!

Trop c’est trop. Vianne est prête à jeter l’éponge. Son sourire se fade. Elle fait ses valises mais Anouk l’empêche de partir, renversant accidentellement les cendres de sa grand-mère. Malaise.

Bien décidé à chasser la vilaine, Reynaud s’introduit chez Vianne pour saccager la boutique avant de commencer à s’empiffrer de cacao puis de s’endormir comme un gros bébé. Le lendemain matin, confus, il fait la paix avec Vianne. Le Comte admet que sa femme s’est barrée et qu’elle ne reviendra jamais (cf Kramer contre Kramer). Il invite Caroline à prendre un verre.

Vianne jette les cendres de sa mère par la fenêtre. Prête à commencer une histoire avec Roux, bien décidé à poser enfin ses valises. Pour le plus grand plaisir de la chocolatière.

choc

L’EXPLICATION

Chocolat, c’est un peu de douceur dans ce monde de brutes.

Le problème reste toujours le même: le manque d’ouverture.

La famille de Reynaud règne sur Lansquenet de père en fils depuis des générations.

The first Comte de Reynaud expelled all the radical Huguenots from this village.

L’équilibre est maintenu d’une main de fer grâce à un pouvoir quasi-dictatorial. Et ça tourne. Personne ne s’est rendu compte que le village aurait bien besoin d’ouvrir un peu ses fenêtres pour respirer. Car les problèmes s’accumulent mais personne n’en veut ni l’admettre, ni en parler. Les murs sont étroits (cf The Wall) mais tant que la famille est en haut de la pyramide, tout va bien. Ce n’est certainement pas une femme qui va faire souffler un vent nouveau sur Lansquenet!

Les nouveaux dérangent toujours (cf Le Bazaar de l’épouvante). Pourtant Vianne ne veut de mal à personne. Elle n’est pas obsédée par le profit à outrance (cf There will be blood). La jeune femme cherche juste à s’intégrer. Rien d’autre. Elle s’intéresse aux autres, ce qui sert son commerce. Où est le mal ?

Am I breaking any laws? Am I hurting anyone?

On regarde la pièce rapportée avec jalousie et méfiance. Une femme qui ne met pas les pieds à l’Eglise et qui fait parler les autres de leurs secrets… Bizarre.

Is this a chocolaterie, or is it a confessional?

Vianne aurait pu être accusée de sorcellerie en d’autres temps (cf The Witch). Elle est d’autant plus suspect qu’elle vend du chocolat, c’est à dire de la tentation. Quelque chose auquel on ne sait pas résister. Le chocolat révèle l’incapacité de chacun à s’auto-réguler.

Each time I tell myself it’s the last time…

C’est d’ailleurs pour cela que l’Eglise existe : pour mettre un peu d’ordre dans la maison. On suit les règles du Seigneur, même si certaines ne font pas beaucoup de sens, et tout ira bien dans le meilleur des mondes. Les premiers seront les derniers et inversement. Ce qui au passage reste le pire deal possible pour ceux qui n’ont rien dans la vie présente. Mais c’est un autre sujet.

Il y a les règles du Livre et il y a aussi l’Amour, comme l’amour du chocolat qui fait tourner la tête et les coeurs.

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Cet amour là peut détourner les fidèles de leur foi. Comme cela a été le cas pour George qui a tout plaqué pour une Amérindienne, au mépris de Jésus (cf Kirikou).

George had been raised a good catholic. But in his romance with Chitza, he was willing to slightly bend the rules of Christian courtship.

Vianne propose un test aux habitants de Lansquenet : sont-ils capables d’accepter que tout n’est pas sous contrôle ? Peuvent-ils jouer le jeu de la vie en acceptant l’imprévu, en se disant les choses, en prenant leur responsabilités, en assumant leurs sentiments ? On retrouve ce genre d’intentions dans la Bible également, comme le rappelle le Père Henri :

I don’t want to talk about His divinity, I’d rather talk about His humanity, I mean, you know, how He lived His life, here on Earth. His kindness, His tolerance… Listen, here’s what I think. I think that we can’t go around… measuring our goodness by what we don’t do. By what we deny ourselves, what we resist, and who we exclude. I think… we’ve got to measure goodness by what we embrace, what we create… and who we include.

De l’humanité, de la bonté, de la tolérance. On trouve vraiment toutes les réponses dans la Bible. Un bon bouquin. Pratique. Qui n’a certainement pas le goût de praliné mais au moins qui ne fait pas grossir.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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