LE RITUEL

LE RITUEL

David Bruckner, 2017

LE COMMENTAIRE

Comme les trois petits cochons, nous aimons laisser le soin de craindre le grand méchant loup aux autres. Craindre le grand méchant loup, c’est pas notre genre. Donc nous pouvons tout à fait nous promener dans les bois pendant que le loup n’y est pas. S’il y était, on n’aurait pas plus peur de lui quoiqu’il arrive.

LE PITCH

Un groupe d’amis part en ballade en souvenir de l’un des leurs.

LE RÉSUMÉ

Luke (Rafe Spall), Robert (Paul Reid), Phil (Arsher Ali), Dom (Sam Troughton) et Hutch (Rob James-Collier) se retrouvent au pub, pépères autour d’une bonne mousse pour discuter de leur prochain trip (cf Very Bad) : Ibiza, Amsterdam, Berlin… Robert propose d’aller faire une randonnée en Suède. La bande ne parvient pas à se mettre d’accord.

Il se fait tard. Luke veut acheter une bouteille de vodka alors que les autres songent à rentrer. Robert accompagne son ami dans une supérette en cours de braquage. Luke se cache derrière un rayon et voit son ami se faire tuer sous ses yeux par deux junkies, sans intervenir.

6 mois plus tard. Luke, Phil, Dom et Hutch se retrouvent quelque part entre la Suède et la Norvège comme le souhaitait Robert, pour honorer sa mémoire. L’expédition est rude.

It’s called character building.

Dom se blesse au menisque. Hutch suggère d’écourter la randonnée en prenant un raccourci par la forêt. Mauvaise idée. Les quatre amis dorment dans un refuge mais font de violents cauchemars. Luke est hanté par le souvenir de la supérette.

Ils ne savent pas qu’une bête les a pris en chasse.

Hutch est le premier a en être la victime. Puis Phil.

Dom et Hutch sont recueillis par une tribu d’autochtones qui vont les donner en sacrifice à la bête qui se trouve être un Jötun. Luke n’est pas d’accord.

I’m not like you and I will not live like this!

Dom finit sur une branche. Luke s’échappe. La bête le rattrape, le regarde droit dans les yeux avant de le plaquer au sol. Refusant de se soumettre, Luke attrape une hache et frappe la créature. Il quitte la forêt au delà de laquelle les fantômes ne peuvent plus le suivre.

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L’EXPLICATION

Le Rituel, c’est sortir du bois.

Luke est un planqué, comme la plupart de nous. Tout comme ses amis qui se cachent au pub derrière leurs pintes. Dom a un bon boulot. Une femme qui l’aime. Des enfants adorables. Sûrement une belle voiture. Peut-être même un chien. De son côté, Luke vit de manière détachée (cf Detachment), comme une ombre en essayant de ne pas trop se faire remarquer. Il passe entre les gouttes en attendant gentiment de se faire débrancher comme les autres (cf Matrix).

La mort de son ami va tirer la sonnette d’alarme. Il est temps pour Luke d’aller voir en Scandinavie s’il y est. À croire que la Suède est une destination à recommander à toutes celles et ceux qui sont endeuillés (cf Midsommar). Histoire de trouver la lumière peut-être.

Lors de cette randonnée, les quatre gaillards vont devoir affronter leurs peurs. Face à la difficulté, ils abdiquent très vite à l’image de Dom.

You might have to push through the barrier of pain mate.

Le réflexe de ces pleutres est évidemment de trouver un raccourci.

Let’s stick to the shortcut.

Ils ne se rendent pas compte qu’en prenant cette décision, ils vont devoir s’enfoncer profondément dans la forêt de leurs angoisses. En prenant ces chemins de traverse, ils ne peuvent plus ignorer ce qui se passe.

We’re not the only animals in the woods.

Le subconscient parle la nuit. Les idées noires refont surface.

We all had nightmares.

Quelque chose ne va pas.

Something is not right here.

Effectivement, leur ami est mort et Luke n’a pas levé le petit doigt alors qu’il était menacé. Luke s’est effacé pour sauver sa propre vie (cf Le Pianiste), misérable. Ses potes ne valent pas beaucoup mieux car ils attendaient dehors comme des imbéciles. Ce qui leur permet maintenant de donner des leçons. Les langues se délient. Dom lance les premiers reproches à Luke.

We wouldn’t be here if it wasn’t for you.

La boussole ne sert plus à rien lorsqu’on est prisonnier de ses angoisses. Dom a beau essayer de remotiver ses troupes.

Can we all agree to not lose our fucking shit here?!

La nuit les rattrape quotidiennement (cf It comes at night), avec son cortège de doutes.

It’s getting dark again.

Les angoisses deviennent obsessionnelles.

I can’t get it out of my fucking head.

Luke croit voir la lumière au bout du tunnel alors qu’il ne touche au nerf.

I can see the end.

Tant mieux. Le voilà désormais prisonnier d’une communauté de gens apathiques auxquels il ne veut surtout pas ressembler. Prisonnier de la bête, un Jötunn chaotique qui créée des illusions – et qui fait accessoirement des victimes en les accrochant aux branches comme d’autres accrochent leurs victimes à des crochets de boucher (cf Massacre à la tronçonneuse).

Ça ne peut pas se passer comme ça. Avoir trop d’amour propre peut conduire au pêché d’orgueil (cf L’associé du Diable). Ne pas avoir d’amour propre empêcherait Luke de pouvoir sortir de cette histoire vivant. Il doit se respecter.

Tout d’abord il va mettre le feu à tous les cadavres dans la cabane. Puis va fuir sa peur dans l’obscurité. Elle finit évidemment par le rattraper. On ne s’échappe pas aussi facilement. Luke doit regarder sa peur les yeux dans les yeux et sonder toute sa profondeur. Et quand sa peur tente de le terrasser, il revoit son ami à terre sans bouger, dans la même position.

Luke doit absolument se relever (cf Rocky). C’est possible. Prendre la hache à côté de lui. Donner quelques coups dans la face du Jötunn. Puis quand même reprendre ses jambes à son cou pour sortir de la pénombre. Sortir du bois comme un loup qui attaque les bêtes. Ne plus être une victime.

À la différence de ses amis qui reposent pour toujours dans cette forêt lugubre. Luke est en vie. Ça n’a pas de prix, ça n’est pas à vendre. À lui d’en faire quelque chose désormais.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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