LE FLIC DE BEVERLY HILLS 2
Tony Scott, 1987
LE COMMENTAIRE
On sous-estime l’influence de son environnement. Des conditions difficiles permettent à la fois de s’aguerrir et de profiter davantage des moments de répit. À l’inverse, des conditions trop agréables risquent de nous ramollir. Sans se mentir davantage, à choisir, on est quand même mieux à barboter dans une piscine.
LE PITCH
La crème de la police de Los Angeles fait de nouveau appel au flic de Detroit.
LE RÉSUMÉ
Le commissaire Bogomil (Ronny Cox) enquête sur le gang de l’alphabet, une bande de braqueurs emmenés par Karla Fry (Brigitte Nielsen). L’équipe laisse une voyelle ou une consonne après chacun de ses passages. Bogomil remonte jusqu’aux industries Dent, ce qui lui vaut d’être victime d’un règlement de compte.
Les agents Taggart (John Ashton) et Rosewood (Judge Reinhold) ont été mis à la circulation par le chef Lutz (Allen Garfield). La fille de Bogomil (Alice Adair) appelle le détective Foley (Eddie Murphy) à la rescousse.
Axel débarque de Detroit et prend ses quartiers dans une villa en travaux. Sur Rodeo Drive, il retrouve ses bonnes habitudes (cf Le Flic de Beverly Hills).
Ses méthodes peu orthodoxes lui permettent de remonter jusqu’au shooting club tenu par Charles Cain (Dean Stockwell) et dont le propriétaire n’est autre que… Harvey Dent (Jürgen Prochnow). Grâce à l’argent des cambriolages, Dent finance un gigantesque traffic d’armes avec Nikos Thomopoulos (Paul Guilfoyle). Voilà ce que Bogomil était sur le point de découvrir.
Axel dérange. Il doit disparaître.
Mr. Foley. You got yourself involved in business that doesn’t concern you. That was a mistake.
Avec à l’aide de Taggart et Rosewood, Foley réussit à neutraliser Fry et Dent.
Lutz tente ensuite de récupérer ce succès afin de parader devant les journalistes. Rosewood et Taggart montent au créneau comme ils ne l’ont jamais fait auparavant dans leur carrière. Lutz les vire sur le champ.
Choqué par ce comportement extrême, le maire de Los Angeles débarque Lutz pour le remplacer par Bogomil.
Lutz I think I’ve just had it with your abusive attitude.
I’m sorry I get carried away I’m sorry.
You’re fired. I want you out of here.
Rosewood et Taggart sont immédiatement réintégrer. Foley pour retourner sereinement à Detroit.
L’EXPLICATION
Le Flic de Beverly Hills 2, c’est refaire un tour de manège.
Dans le domaine du sport on a coutume de dire qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Ce qui veut dire que lorsqu’une équipe est performante, on ne cherche pas à changer la formule gagnante. Pourquoi faire? On tire sur le puits tant qu’il donne de l’eau. Cette méthode s’applique également dans l’industrie du cinéma avec les franchises. Un premier succès se décline jusqu’à ce que les recettes du box office finissent par s’épuiser : Le Parrain, Retour vers le Futur, Alien, Rocky, Fast& Furious, Star Wars etc.
En France, les producteurs ont un sens commercial un peu moins aigu qu’outre-Atlantique. Exception culturelle oblige. Dans l’hexagone, le cinéma inventé par les frères Méliès est le septième art, pas une industrie. Néanmoins, les producteurs ont quand même compris la technique et l’appliquent autant qu’ils le peuvent : Les Bronzés, Les Visiteurs, Camping, les Tuche etc.
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Quand les choses fonctionnent aussi bien, tout le monde n’a qu’une envie : remettre ça. Une grande marque Française de yaourts avait illustré cet insight à travers une publicité mettant en scène deux footballeurs après le succès de l’équipe de France à l’Euro 2000, faisant suite à la victoire lors de la Coupe du monde 98 (cf Les Yeux dans les Bleus).
Quand la soupe est bonne, les spectateurs en redemandent. Les artistes remontent sur scène pour un rappel. Il s’agit de profiter de la paresse de ceux qui paient, ainsi que de leur manque d’exigence. Faire plaisir au public – qui n’est pas la critique (cf Birdman). Satisfaire leur gourmandise. Et surtout ne toucher à rien.
Parfois, on a recours aux remakes afin de remettre un classique au goût du jour dans le but de séduire une nouvelle audience. Mais ce n’est quand même pas la même chose, quoi qu’on en dise. Un classique reste un classique. Simetierre ne sera jamais Simetierre. Ne parlons même pas de Ghostbuster ou Total Recall. Donc on préfère opter pour les suites.
C’est ainsi que le flic de Detroit revient en Californie, tel un Zorro. Avec toute la malice qui le caractérise, Axel exploite toujours aussi bien la naïveté des habitants de Beverly Hills. Ses blagues font mouche. La situation avec son patron (Gilbert R. Hill) à Detroit est toujours aussi compliquée.
Do you smell it? ‘Cause I smell it.
All I smell is your bullshit.
Bogomil est toujours aussi sympa. Désormais il a une fille, qui est sympa aussi. L’inverse aurait été étonnant. Taggart et Rosewood sont toujours aussi empotés mais ils font preuve de bonne volonté, comme d’habitude. Ils ont toujours l’impression d’être menés en bateau par Axel mais à la fin de l’histoire, ils lui doivent toujours une fière chandelle. Grâce à lui, ils sont un peu moins bêtes au moment d’aller se coucher.
Les méchants ont toujours l’air plus méchants mais ils laissent immanquablement des traces derrière eux qu’Axel peut exploiter. Car bien qu’il donne l’impression d’être un clown, Axel est un flic consciencieux. Comme toujours. Il fait du bon boulot (cf French Connection 2).
Don’t worry about a thing. I’m on the job!
C’est exactement la même chose et cela ne pose pas de problème.
D’habitude, on double la scène quand on pense obtenir un meilleur résultat. En l’occurrence, on la double parce qu’on sait que cela va marcher. On est dans le confort absolu.
Méfiance cependant à ne pas trop se reposer sur ses lauriers. Toutes les bonnes choses ont une fin. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. Un jour Axel reviendra à Beverly Hills. Ses blagues ne feront peut-être plus rire. Il risque de se prendre une balle perdue. Taggart et Rosewood ne seront peut-être pas là pour assurer ses arrières. Bogomil sera à la retraite. On se lasse de tout. Ce serait quand même dommage que cela finisse mal.
Alors remettons ça pendant qu’on peut.
Et sachons nous arrêter avant qu’il ne soit trop tard.
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