MOONFALL
Roland Emmerich, 2022
LE COMMENTAIRE
La lune est géniale. Elle a donné une bonne raison à plein de poète·sses de verser dans le romantisme. En plus de quoi, elle fournit une belle excuse à tous les rêveurs et toutes les rêveuses. La lune est régulière. Fidèle au rendez-vous. On peut l’apercevoir chaque nuit. À ce titre, elle fait partie de notre quotidien. Jusqu’au jour où elle se rapprochera dangereusement de nous. Ce jour-là, elle ne fera plus sourire personne (cf Melancholia).
LE PITCH
La lune sort de son orbite pour menacer la terre. Sale histoire dans l’espace…
LE RÉSUMÉ
Trois astronautes sont témoins d’événements étranges dans l’espace, en plein pendant leur mission de routine. Jocinda Fowler (Halle Berry) et Brian Harper (Patrick Wilson) ne peuvent rien faire pour empêcher une mystérieuse forme de s’emparer de leur collègue.
Après quoi, la forme en question disparait dans l’un des cratères lunaires.
Brian est le seul à essayer de vocaliser ce qui s’est passé. Jocinda ne dit rien. Il n’est évidemment pas dans l’intérêt de la NASA que cette affaire s’ébruite. En hauts lieux, on fait donc taire Brian qui est déclaré responsable du drame. Sa carrière prendre un sérieux coup d’arrêt. Son couple explose en vol (cf Marriage Story).
Dix ans plus tard, Brian est approché par KC Houseman (John Bradley-West), sorte de nerd de l’espace à tendance complotiste (cf Everything is a Rich Man’s Trick).
La découverte du jeune scientifique en herbe est catastrophique : la lune a changé d’orbite. Ce qui veut dire qu’elle va rentrer en collision avec la terre (cf, Deep Impact) que l’espèce humaine est officiellement en voie d’extinction. Les spécialistes estiment la fin du monde à dans trois semaines. Le temps presse.
Les militaires pensent au nucléaire (cf Armaggedon). Brian envisage autre chose, qui nécessite de retourner dans l’espace. Pour cela, il va avoir besoin de l’aide de Jocinda. KC est du voyage.
Scottie Ebbersol always said I would never go to space because I was too chubby.
Sur terre, des météorites issues de la lune commencent à ravager la planète. Les marées s’occupent du reste. Les survivants se pressent vers les montagnes du Colorado, dont le fils de Brian (Charlie Plummer) et celui de Jocinda (Zayn Maloney).
À bord d’une navette, Brian embarque Jocinda et KC au centre de la lune. Ils y font une découverte majeure. La masse mystérieuse est une forme d’intelligence artificielle qui fait la guerre aux ancêtres des humains, dont la dynastie a prospéré sur une planète lointaine il y a des millards d’années.
Your ancestors were once a thriving civilization in a distant part of the galaxy. They were so advanced, they expanded from their home planet into habitats they built in space. All social conflicts have been resolved, and wars were only memories of long bygone times. Your ancestors had created a perfect and harmonious world. Controlled by a central self-learning computer system which served them in all their daily lives. You call it AI, artificial intelligence. The future seemed limitless, And then one day everything changed.
Ce sont eux qui sont à l’origine de nous. La lune abritait en fait une mégastructure satellitaire dans le but de veiller sur la bonne continuité de l’espèce.
They’ve harnessed the building block of the universe!
Jusqu’à ce que cette maudite intelligence artificielle ne nous retrouve dans le système solaire (cf Terminator, Matrix).
Dans un élan de bravoure, KC se sacrifie pour faire exploser l’ennemi.
You underestimated us!
Sur terre, Brian et Jocinda désormais veuf et veuve, font la paix. Les amertumes d’hier paraissent ridiculement loin.
If earth gets a second chance, I think we deserve one too.
Dans l’espace, KC a été reconstruit comme une projection. Tout comme son chat, et sa défunte mère qui l’invite à se mettre au travail! Pas de temps à perdre.
We should get started.
… Get started with what?
Vu l’hécatombe sur terre, il y a effectivement du travail.
L’EXPLICATION
Moonfall, c’est le délire du déni.
Tout ce que l’on sait, c’est que l’on ne sait rien. Ce n’est pas tout à fait vrai, car on est au moins sûr d’une chose : la mort. Tout le monde y aura droit.
Qu’une vie existe ou non après la mort est un autre sujet. Mais cette question taraude l’humanité depuis ses débuts. Certain·es pensent qu’il n’y a rien après le générique de fin. D’autres au contraire sont partisan·es d’une vie après la mort.
En ce qui concerne l’au-delà, nous sommes véritablement tou·tes logé·es à la même enseigne puisqu’aucune preuve n’existe – uniquement des suppositions (cf L’expérience interdite).
Comme personne n’a envie de considérer sa propre mort, on a tendance à considérer les théories d’une vie après la mort comme crédibles, ou au minimum romantiques. La logique du Paradis pour celles et ceux qui se seraient bien conduit·es se tient. Et la possibilité de se réincarner en végétal séduit certainement les plus écologistes d’entre nous.
D’autres scénarios paraissent néanmoins beaucoup plus farfelus, comme les théories de la Scientologie selon laquelle nous serions des réincarnations d’esprits vieux de millards d’années (cf Going Clear).
L’hypothèse que la planète puisse disparaitre à cause d’une météorite a été validée scientfiquement (cf don’t look up : déni cosmique). De même, on pourrait imaginer qu’un événement fasse dévier la lune de son orbite. Auquel cas, la conséquence serait prévisible : fin du monde dans d’atroces conditions, avec des mouvements de panique que seul·es les rescapé·es du Titanic ont pu connaître.
Le Titanic, c’est très loin de nous et de nos barbecues sur la plage.
Alors dans l’éventualité d’une catastrophe, on préfère délirer. C’est ce qui se passe pour Brian, Jocinda et KC. Incapables d’accepter la fatalité, ils se font leur propre histoire abracadabrante et dans laquelle ils en sortent en héros.
L’intelligence artificielle que nous aimons accuser de tous les maux, même si elle nous est encore sacrément pratique aujourd’hui, est donc coupable de ce qui se passe. Car il faut nécessairement un·e méchant·e.
Ce qui nous permet de mieux endosser notre costume préféré : celui du héros, ou de l’héroïne. Sauver le monde – en tenue d’astronautes.
Les humains ont remplacé Dieu. Comme ça, c’est réglé.
Nous sommes derrière le big bang, enfin nos ancêtres (cf Prometheus).
La lune est une construction, la terre est en chantier.
Cela tombe bien parce qu’il va falloir reconstruire sévère, mais on sait faire (cf San Andreas)
We make a pretty good team.
Brian et Jocinda font la paix. Tant mieux parce qu’ils ne vont pas avoir beaucoup d’autres choix que de bientôt s’accoupler pour assurer la continuité de l’espèce. En espérant qu’ils sachent faire du feu et puissent s’accommoder d’une vie sans déodorant, car il leur faut repartir de zéro. La montagne à la dure, pas en mode sport d’hiver.
KC l’oublié passe à la postérité en tant que martyr.
N’importe quoi!
Mais n’est-ce pas là plus divertissant que la triste réalité chantée par le couple philosophe Amadou et Mariam ?
Après tout, on s’occupe comme on peut.