APOCALYPSE NOW

APOCALYPSE NOW

Francis Ford Coppola, 1979

LE COMMENTAIRE

Les hommes sont des enfants. Certains apprécient de prendre les décisions qui font gagner des guerres pour marquer leur territoire et assouvir leur soif de pouvoir. D’autres au contraire, préfèrent vivre le combat de l’intérieur. Mener la charge, au doux son des mitrailleuses. Ces hommes savent rentrer en guerre. Souvent, ils n’ont aucune idée de comment ils vont en ressortir.

LE PITCH

Un soldat part à la rencontre d’un gradé qui a pété un plomb.

LE RÉSUMÉ

En pleine guerre du Viet-Nam, le Colonel Kurtz (Marlon Brando) en charge des forces spéciales ne répond plus. L’Etat major le considère comme un renégat et décide d’envoyer le Capitaine Willard (Martin Sheen) pour l’éliminer.

When you find the Colonel, infiltrate his team by whatever means available and terminate the Colonel’s command.

Willard prend la tête d’une expédition composée du Chief (Albert Hall), du Chef (Frederic Forrest), de Lance (Sam Bottoms) et Mr Clean (Laurence Fishburne).

En chemin vers le Cambodge, le groupe fait la rencontre du fantasque Lieutenant Colonel Kilgore (Robert Duvall), un chien de guerre qui n’hésite pas à faire exploser un village entier à coups de napalm, juste pour pouvoir surfer peinard.

L’expédition doit s’arrêter au dernier camp US sur la rivière pour y faire le plein. Les soldats qui s’y trouvent sont démobilisés et n’attendent plus qu’une livraison de Playmates pour pouvoir fuir leur réalité pathétique.

Désormais en territoire ennemi, le bateau subit une attaque surprise et perd Mr Clean. Chief ignore tout des raisons de la mission. Il ne supporte plus le silence du Capitaine. Willard doit mater sa révolte et se voit contraint de l’étrangler.

Les trois soldats atteignent un petit port toujours aux mains d’une poignée de Français qui ont refusé de quitter l’Indochine après la débâcle. Willard écoute sagement les conclusions un peu simplistes d’un colon qui n’a pas digéré la défaite.

The white left, but the yellow stays.

Willard accorde une toute autre attention aux questions plus métaphysiques de la belle Roxanne (Aurore Clément).

Do you know why you can never step into the same river twice?

L’expédition touche à son but. Willard, Chef et Lance sont accueillis par un reporter (Denis Hooper) qui a rejoint les troupes de Kurtz, littéralement envoûté par le charisme du Colonel. Parmi ces hommes se trouve le Capitaine Colby (Scott Glenn) qui avait pour mission de tuer Kurtz puis a fait le choix de rejoindre la secte.

Willard est fait prisonnier. Il est torturé et doit jongler avec la tête de Chef que Kurtz a fait sauvagement décapiter. Kurtz va se confier à lui. Le Colonel sait tout de la mission. Il veut s’expliquer et demande à Willard de raconter la vérité à son fils.

I worry that my son might not understand what I’ve tried to be. And if I were to be killed, Willard, I would want someone to go to my home and tell my son everything.

Un soir de sacrifice, Willard en profite pour tuer Kurtz. Il sort du temple célébré comme un Dieu. Plutôt que de prendre la suite de Kurtz, Willard prend la main de Lance. Tous les deux montent à bord du bateau puis s’éloignent. Willard reste hanté par les derniers mots du Colonel.

The horror, the horror…

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L’EXPLICATION

Apocalypse Now, c’est un paradoxe.

Le paradoxe de l’armée américaine qui se donne des airs de famille et qui force ses enfants à aller se battre alors qu’ils n’en ont aucune envie (cf Jarhead).

All I wanted to do was fuckin’ cook!

Cette famille Américaine sur laquelle on devrait pouvoir compter et qui n’hésite pas à acter sèchement l’extermination de l’un des siens. Une famille qui se voile la face et s’accroche à des principes qui ne font plus aucun sens.

We train young men to drop fire on people, but their commanders won’t allow them to write ‘fuck’ on their airplanes because it’s obscene!

Le paradoxe d’un Viet-Nam inventé par les Américains (cf Good Morning Vietnam) pour ennuyer les Français.

The Vietcong were invented by the Americans, sir.

Un Viet-Nam qui se retourne pourtant contre eux, tout comme l’Irak ou l’Afghanistan se retourneront contre Washington quelques années plus tard.

Il s’agit enfin du paradoxe de Willard qui ne trouve pas sa place dans le monde.

When I was here, I wanted to be there, when I was there, all I could think of was getting back into the jungle.

Roxane permet à Willard de prendre conscience de ce paradoxe. Car il y a deux facettes chez l’officier.

There are two of you, don’t you see? One that kills, and one that loves.

La réalité est un tout petit peu plus complexe. Pour trouver la solution, Willard doit chercher au plus profond de lui-même. Il entreprend un voyage initiatique (cf Ad Astra). Au bout de cette mission, il y a une clé. Willard le sait. S’il est angoissé, il est également terriblement excité à l’idée de pouvoir rencontrer Kurtz. Encore un paradoxe.

But the thing I felt the most, much stronger than fear, was the desire to confront him.

Sur son chemin, Willard va être le spectateur d’un monde à la dérive, soufflé par le napalm.

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Les chiens de guerre ne savent plus pourquoi ils sont là (cf 1917) – s’ils ont seulement su un jour (cf La ligne rouge). Au bout du néant, Willard va trouver Kurtz et surtout comprendre.

No wonder Kurtz put a weed up Command’s ass. The war was being run by a bunch of four star clowns who were gonna end up giving the whole circus away.

Paradoxalement, Willard rend service à Kurtz en le tuant. Il le libère. On serait tenté de croire qu’il tue une part de lui-même tant les deux hommes sont similaires. Willard, lui, est encore bien vivant. Il doit témoigner de son expérience (cf Voyage au bout de l’enfer).

Sometimes, the dark side overcomes what Lincoln called the better angels of our nature.

Sans jugement.

You have a right to kill me, you have a right to do that. But you have no right to judge me. Because it’s judgment that defeats us.

Willard n’a pas pardonné à Kurtz. Par contre, il ne l’a pas jugé. Il l’a assimilé. Incarnant le paradoxe du soldat, ni bon ou mauvais, Willard est devenu les deux. Sa mission est désormais de ramener Lance, symbole d’innocence, et lui permettre de s’épanouir après cette horreur. La seule chose qui compte.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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