THE VAST OF NIGHT
Andrew Patterson, 2020
LE COMMENTAIRE
La nuit, tous les chats sont gris (cf It comes at night). La lumière change. Les cartes sont rebattues. De nouveaux repères, de nouvelles perspectives. Dans cette obscurité, on ne sait pas vraiment vers quoi on avance. C’est pourquoi on n’est pas trop de deux.
LE PITCH
Des adolescents s’enfoncent dans l’étrange.
LE RÉSUMÉ
1950. Cayuga, Nouveau-Mexique. Everett (Jake Horowitz) et Fay (Sierra McCormick) se retrouvent dans un gymnase plein à craquer pour le match de basket de l’équipe du lycée.
Fay fait l’opératrice téléphonique tandis que Everett est le DJ de la radio locale. Ce soir, il compte jouer La Guerre des Mondes. Son programme est soudainement interrompu par un son étrange. Everett lance un appel aux auditeurs afin d’identifier la nature du signal.
Un certain Billy (Bruce Davis) répond. Cet ancien soldat explique qu’il a participé à un projet secret défense lors duquel il a entendu un son similaire. Il s’agirait d’un mode de communication extra-terrestre.
À l’époque, la base abritait un objet volant non identifié dans un entrepôt gigantesque. Billy ajoute que divulguer ce secret pourrait mettre en danger le pays. Qu’il a été recruté par l’armée pour ce projet en tant qu’afro-américain, dans l’espoir que son témoignage ne soit pas pris au sérieux.
No one listens to us.
Everett est intrigué. Au moins autant que Fay qui reçoit par ailleurs de nombreux appels concernant quelque chose dans le ciel.
Un peu plus tard dans la nuit, Mabel Blanche (Gail Cronauer) appelle à son tour pour donner des précisions. Lorsqu’Everett et Fay arrive à son domicile, la vieille femme récite des paroles incompréhensibles. Elle confirme l’existence d’aliens qui auraient enlevé son fils. D’après elle, ces aliens seraient responsables de tous nos maux.
I think at the lowest level, they send people on errands, and play with people’s minds. They sway people to do things, and think certain ways – so that we stay in conflict, focused on ourself (…). I think they get inside our heads and make us do destructive things. (…) At the highest level they do things that cause nations to go to war.
Everett est sceptique. Il quitte les lieux avec Fay, en compagnie d’un autre couple également à la recherche des fameux aliens.
She said it was around… hiding in the clouds.
Dans la voiture qui les conduit vers nulle part, Bertsie et Gerald rentrent soudainement sous hypnose lorsqu’Everett rejoue la bande magnétique des paroles de Mabel Blanche. Sortie de route.
Après l’accident, Everett et Fay s’avancent dans la forêt. D’abord interpellés par des arbres carbonisés, ils assistent ensuite incrédules au décollage d’une soucoupe volante rejoignant le vaisseau mère.
They’re really here…
Lorsque la ville quitte le gymnase à la fin du match, Everett et Fay ont disparu.
L’EXPLICATION
The Vast of Night, c’est se qu’on trouve au bout de la nuit.
La vie nous offre le choix de la traverser comme un fantôme (cf Matrix). Spectateur passif regardant la TV. L’illusion de se croire acteur. Croyant les yeux fermés. Se laissant porter par l’air du temps, sans se poser de question inutile. C’est le cas de la majorité d’entre nous qui se rend au gymnase pour regarder le match de basket et souscrire à la comédie de la compétition.
Everyone is at the game right now.
Une fois le divertissement terminé, on applaudit puis on rentre se coucher. Demain est un autre jour, ou presque. Comme des marionnettes dociles.
I think no one knows they’re being affected. We all work out other reasons to justify our actions. But free will is impossible with them up there.
L’alternative consiste à traverser la vie comme un critique. Chercher à tout identifier, tout commenter, tout classer. En quête de réponses (cf Danny Balint). Cette minorité d’insatisfaits chroniques met beaucoup d’énergie à se faire des noeuds au cerveau pour comprendre qu’il n’y a finalement rien à comprendre (cf Inherent Vice).
Ask anyone about anything, doesn’t matter.
Comme s’ils refusaient délibérément que la vie puisse n’être rien d’autre qu’un petit théâtre de paradoxes.
You are entering a realm between clandestine and forgotten, a slipstream caught between channels, the secret museum of mankind, the private library of shadows… All taking place on a stage forged from mystery and found only on a frequency caught between logic and myth. You are entering Paradox Theater.
C’est le cas d’Everett et de Fay qui sont des decrypteurs du monde derrière leurs lunettes. L’un partage sa vision du monde sur les ondes tandis que l’autre met des personnes en contact pour qu’elles puissent communiquer.
Tous les deux se croient très malins. Ils parlent beaucoup et se baladent un peu partout comme s’ils étaient en parfaite maitrise de leur environnement. Au dessus de la mêlée. Le futur les fascine. Ils savent presque déjà de quoi demain sera fait (cf Retour vers le Futur 2).
So we’re gonna sit in cars that run through the tubes like hot dogs through a garden hose. It’s gonna be everywhere by the year 2000.
Très peu d’entre nous se permettent de s’approcher de la véritable mystique de la vie. Accepter que quelque chose nous dépasse et se laisser porter jusqu’à en faire sa rencontre (cf Rencontre du 3e type), au bout de la route, peut-être.
I don’t know what’s going on.
On n’ose pas passer pour celles et ceux qui sont considérés comme des marginaux, fascinés par les documentaires sur les OVNIS, Roswell et la Zone 51. S’intéresser à ces sujets de manière éclairée, sans être illuminé·e pour autant. Regarder dans le telescope (cf The Master). Passer de l’autre côté du miroir (cf The Truman Show). Ne pas aller se coucher trop tôt. Faire du hors-piste, en conscience. Se promener dans les bois dans le but de pouvoir rencontrer quelque chose d’autre qu’un loup. Débusquer l’extra-terrestre.
C’est l’expérience que vont faire Everett et Fay qui sont perturbés par ces interférences. Dans cette petite ville de ce petit état, ils sont les seuls à porter de l’attention à ce qui se passe. Ils prêtent l’oreille à ces sons qui va les amener à échanger avec Billy, puis Mabel Blanche. Quand ils commencent à perdre pied, ils continuent malgré tout d’avancer et perdent complètement le volant par l’intermédiaire de Bertsie et Gerald.
Dans la nuit noire, il ne leur reste plus qu’à contempler l’incroyable sans pouvoir l’enregistrer, ni le partager avec qui que ce soit. Soufflés par la vie.
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