COMPÉTITION OFFICIELLE

COMPÉTITION OFFICIELLE

Gaston Duprat, Mariano Cohn, 2022

LE COMMENTAIRE

Au cinéma, tout est faux. Des les lumières jusqu’aux émotions. C’est bien souvent le menthol qui arrachent les larmes. Si les artistes doivent penser comme leurs personnages plutôt que de lire leur texte afin de s’approcher de la vérité, tout ne reste qu’un acte. Chacun·e joue son rôle – plus ou moins bien. Une réalité finalement pas si éloignée du quotidien.

LE PITCH

Trois talents pour un chef d’oeuvre cinématographique, sur fond de rivalité.

LE RÉSUMÉ

Personne ne se rappellera de Humberto Suàrez (José Luis Gómez) pour ses milliards. Alors il décide de produire une oeuvre artistique inoubliable.  

Pas n’importe quel film, un grand film.

Il se paie les droits d’un roman et les service de Lola Cuevas (Penelope Cruz), une réalisatrice un tantinet spéciale, qui exige d’opposer les acteurs Félix Rivero (Antonio Banderas) et Iván Torres (Oscar Martínez). Deux autres pointures que tout oppose, comme les frères ennemis (cf Les Liens du Sang) qu’ils doivent incarner. Le premier est une star populaire alors que l’autre méprise profondément tout ce qui relève du commercial.

Neuf jours de répétition. C’est tout ce que l’agenda chargé de Rivero permettait.

Lola Cuevas mate immédiatement ses deux starlettes en leur faisant répéter leurs toutes premières lignes de nombreuses fois. Surtout, elle n’a aucune intention de les laisser improviser. Ils ne se réapproprieront pas son film.

Non, dis-le plutôt comme c’est écrit. C’est mieux. 

Les deux acteurs font mine de se tenir respectivement en haute estime mais ils ont en réalité une piètre opinion l’un de l’autre. Les répétitions s’enchaînent avec Diana Suárezla (Irene Escolar), la fille du producteur qui joue également dans le film.

Lola Cuevas se livre à quelques exercices pour rapprocher les deux mâles. Elle les attache à leur siège pour les contraindre à assister au saccage de leurs plus précieuses récompenses, dans le but de les libérer de leur ego.

Ma palme d’or… Rien à foutre!

Une fois remis de ses émotions, Rivero annonce qu’il souffre d’un cancer en phase terminale dans un élan dramatique.

Je veux que mon dernier film soit un grand film.

Avant de préciser quelques jours plus tard qu’il n’était pas du tout condamné. Juste une manière d’attention sur lui.

Une petite démonstration d’acteur…

Torres fait aussitôt une crise de jalousie, conduisant Lola Cuevas au bout de sa patience.

Je ne vous supporte plus!!

Les essais se terminent pourtant plutôt bien. Tous ces drames n’auront pas servi à rien. Malheureusement, Iván Torres est peu à l’aise dans l’exercice de promotion. Lors du cocktail précédent le début du tournage, il se saoule. Sur le balcon, il attaque Félix Rivero qui esquive et fait basculer son assaillant dans le vide. Une chute de plusieurs mètres qui plonge Torres dans le coma.

Rivero s’eclipse et fait semblant de découvrir la scène avec un étonnement mêlé de détresse, sous les yeux de la réalisatrice qui comprend qu’elle tient son acteur. Compte tenu du drame, Félix occupe finalement les deux rôles (cf Enemy).

La montée des marches à Cannes se fait sous le crépitement des flash. La réalisatrice affiche son détachement lors de la conférence de presse.

Peu importe la prise de position. S’il y en a une, on s’en fiche.

À l’hôpital, Iván Torres se réveille progressivement. Ses premiers mots sont des insultes proférées à l’encontre de Rivero. Lola Cuevas de conclure:

Il y a des films qui peuvent jamais ne se terminer.

L’EXPLICATION

Compétition Officielle, c’est la gestion des hommes.

Si la parité contribuer à redistribuer les rôles de manière plus équitable (cf Je ne suis pas un homme facile), les hommes restent encore incontournables. Les hommes et leurs ego.

À l’origine, on trouve un mégalomane. Le milliardaire Humberto Suàrez a des envies de postérité (cf at Eternity’s gate). Il veut monter un projet qui lui survivra.

Qu’on sache que je suis derriere.

Une femme hérite de la difficile tâche d’adapter une histoire… entre deux hommes. On lui fait bien comprendre qu’elle devra rester fidèle au roman qui a coûté un bras à son propriétaire – qui a pourtant largement les moyens. Pas d’autre choix pour la réalisatrice que de choisir deux coqs.

Le travail commence. Ils se montrent très vite insupportables. Torres fait comprendre à Rivero qu’ils ne seront pas amis. Puis Rivero accuse l’autre de maltraitance. 

Lola Cuevas aborde de cette gestion par plusieurs angles. Tout d’abord elle essaie de créer une fusion entre les deux mâles, en s’appuyant sur l’histoire de ces deux frères. Pourquoi pas ? Elle prend l’exemple de deux cerises comme elle aurait pu prendre deux testicules.

Ce qui arrive à l’un arrive à l’autre.

Cela ne fonctionne pas car les deux hommes cherchent à se démarquer l’un de l’autre. Ils ne veulent pas qu’on les assimile à une seule et même personne.

Elle aimerait que ces deux imbéciles parviennent à lâcher prise.

Ayez confiance. Je veux que vous perdiez toute autonomie.

Mais ils résistent car ces deux là ne partagent rien.

Lola Cuevas essaie de les guider, pour les faire progresser.

Recherche pas la perfection, recherche la vérité.

Les hommes ne supportent pas qu’on leur dise quoi faire, encore moins lorsqu’il s’agit d’une femme. Ils savent tout mieux que tout le monde.

C’est pas toi qui va m’apprendre mon boulot!

Sans doute aveuglés par la gloire et les paparazzi.

Lola Cuevas doit composer avec leur prétention. Avant d’embrasser Diana pour les besoins d’une scène, Rivero cherche à faire preuve de respect envers sa partenaire – tout en lui donnant deux ordres et en ramenant le sujet à son penis.

Excuse-moi si j’ai une érection, et excuse-moi si je n’en ai pas.

Le concours de quéquettes.

Ces deux imbéciles ne savent pas se tenir. Ils n’écoutent rien. Il n’y en a que pour eux.

Fils de pute peut-être, mais surtout un grand acteur.

Finalement rien ne change. C’est toujours la même histoire. Incapables de partager l’affiche. Iván Torres s’était proposé pour jouer les deux rôles croyant son partenaire atteint d’un cancer. Finalement, Félix Rivero crève l’écran tout seul. Dès qu’Iván Torres se réveille, il veut se venger de l’autre.

Lola Cuevas est épuisée. 

C’est la gestion des petits garçons.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur. 

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