EL BUEN PATRÓN

EL BUEN PATRÓN

Fernando León de Aranoa, 2021

LE COMMENTAIRE

Un directeur se reconnaît à plusieurs indices : Une grosse berline. Des lunettes. Quelques cheveux blancs. Une cravate rose. Les sourcils froncés par un air à la fois grave et suspicieux. Dans la culture patriarcale, le directeur reste immanquablement un homme.

LE PITCH

Une semaine dans la vie d’un patron de PME.

LE RÉSUMÉ

Dans la province espagnole s’érige le site de production de Basculas Blanco, l’usine de balances de Julio Blanco (Javier Bardem).

Lundi, le patron se fend d’un discours de motivation envers ses employé·es alors qu’il vise l’obtention d’un prix d’excellence. Son message cherche à renforcer la cohésion. Tout semble parfaitement maîtrisé.

On créée des liens très forts dans cette entreprise.

Quelques punchlines, puis tout le monde se remet au travail.

Blanco doit gérer la crise de couple qui affecte sérieusement les performances de Miralles (Manolo Solo), son directeur de production. Aurora (Mara Guill) a une aventure avec Khaled (Tarik Rmili), un collègue de son mari… Pas simple!

Blanco utilise ses relations pour éviter que le fils de Fortuna (Celso Bugallo), un autre de ses employés, ne finisse en prison après avoir agressé un groupe de jeunes d’origine étrangère.

Il doit également gérer le cas de José (Óscar de la Fuente) qui campe en face de l’usine, pour protester contre son licenciement.

Vous commandez en face, pas ici!

Tout en essayant de résister aux charmes de la nouvelle stagiaire marketing (Almudena Amor).

La balance historique du portail à l’entrée est déréglée. Tout un symbole. Inacceptable à quelques jours de la visite de la commission!

L’équilibre, c’est très important.

Blanco finit par coucher avec l’ambitieuse stagiaire et découvre le lendemain qu’elle est la fille d’amis de la famille. Il ne l’avait pas reconnue. Victime de chantage, il se voit contraint de lui confier le poste de directrice marketing pour obtenir la paix tout en prenant l’excuse de la parité.

Incapable de sauver le mariage de Miralles, Blanco décide de le virer. Une vieille affaire de harcèlement impliquant le directeur de production permet au patron d’éviter les Prud’hommes.

Khaled reçoit une promotion. Un geste fort pour la diversité de la part de cette entreprise espagnole – de souche.

Il est comme mon fils… adoptif.

Un manifestant à l’entrée ferait désordre. Blanco fait tabasser José par les copains du fils de Fortuna. Ce dernier meurt pendant l’agression tandis que le chômeur tentait de se défendre. Le patron aura un mot émouvant lors de l’enterrement.

Le défaut de la balance à l’entrée est corrigé malicieusement.

La commission arrive. Blanco fait son numéro, comme il sait parfaitement le faire. Tout se passe bien. Sourires de rigueur. Basculas Blanco remporte le prix d’excellence.

L’EXPLICATION

El buen patrón, c’est un équilibriste.

Selon la sensibilité politique, la figure du patron est célébrée ou décriée (cf Merci patron!). La vérité se situe quelque part entre ces deux extrêmes. Le patron est celui qui marche sur un fil.

De toute évidence, Julio Blanco est loin d’être un saint. Lui qui aime à se présenter comme un père de famille a visiblement des penchants incestueux puisqu’il entretient des aventures régulières avec des stagiaires qui pourraient littéralement être ses filles.

Opportuniste et misogyne. N’hésitant pas raccourcir la jupe d’une justice aveugle dont il se revendique afin de faire sa propre publicité.

Un peu raciste sur les bords. La main d’oeuvre étrangère est avant tout utile dans la mesure où elle est bon marché.

Sans scrupule, il a recours à la violence pour faire taire José.

Son honnêteté intellectuelle lui fait néanmoins reconnaître le droit à l’erreur. Et pour cause, il est le premier à faire des bêtises! Mais l’entrepreneur n’est-il pas précisément celui qui se démarque des autres de par sa capacité à prendre l’initiative et à se relever de ses échecs ? On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs.

On fait tous des erreurs.

Blanco donne l’impression de n’être qu’un égoïste, concentré sur lui-même et son prix d’excellence. Pourtant, il est entouré de personnes qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts à l’image de Liliana. Ou de personnes incompétentes à l’image du fils de Fortuna. Que feraient cette bande d’empoté·es s’il n’était pas là, à part râler ?

Ils ne sont jamais contents.

Dans cette usine, personne ne se supporte vraiment. Blanco doit représenter l’autorité pour accorder l’ensemble.

Il faut être fort.

Quand certain·es passent leur temps à se plaindre, Blanco passe sa vie à gérer des problèmes. Parfois au bord de la crise de nerfs, il garde son calme. Son optimisme de façade permet d’aller de l’avant.

Il y a une solution à tout!

Julio Blanco ne compte pas ses heures. Il fait de nombreux efforts pour maintenir le radeau à flot.

Il faut être dévoué à l’entreprise, comme moi.

Par exemple, Il fait de nombreuses concessions pour aider Miralles jusqu’à ce qu’il ne puisse plus faire autrement que de s’en séparer.

Je dois faire des choses à contre-coeur pour le bien d’une entreprise.

Dans ce monde complexe où le perso et le pro sont entremêlés, le bon patron essaie de faire la part des choses. Il empêche la bascule vers un extrême ou un autre.

Votre vie est aussi la mienne. Mes problèmes vous concernent tous.

On attend de lui qu’il ait aussi une sensibilité sociale, en plus de faire du profit. Cependant son discours n’est pas entendu par son propre gardien (Fernando Albizu). Le dialogue est rendu impossible par José. Et lorsque Blanco tente de dépasser ses fonctions en intervenant dans le couple de Miralles, Aurora lui colle une bonne gifle.

Preuve qu’on ne peut pas attendre d’une entreprise qu’elle solutionne les problèmes de société.

On pourrait croire que la visite de la commission est le clou d’un spectacle infamant. Mais ne sommes nous pas tous complices de cette comédie ? Sa femme (Sonia Almarcha) n’est d’ailleurs pas dupe. Personne n’est dupe. Le talent de Blanco est de réussir à tromper les apparences pour faire en sorte que tout puisse continuer.

Parfois, il faut truquer la balance pour qu’elle soit exacte.

Atlas porte le monde sur ses épaules. Blanco maintient une certaine forme d’équilibre qui fait de lui un bon patron. Une sorte clé de voute dans un monde qui ne peut pas être parfait.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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