BEN-HUR
William Wyler, 1959
LE COMMENTAIRE
Avec les années, les meilleurs amis d’enfance peuvent devenir les plus féroces rivaux. Trinquons néanmoins à l’amitié, tout en nous rappelant qu’elle ne dure pas. Le pastis a un petit gout amer.
LE PITCH
Deux amis se brouillent pour toujours.
LE RÉSUMÉ
Messala (Stephen Boyd) vit son rêve de gosse.
Drusus, as a boy I dreamed of commanding this garrison. And now the wheel has turned. Now, I am in command.
Il est donc plus que ravi de retourner en Judée où il vient tout juste d’être nommé Tribun. D’autant qu’il y retrouve son ami d’enfance, le prince de Jérusalem Judah Ben-Hur (Charlton Eston). Les retrouvailles sont heureuses mais ne durent qu’un temps. En effet, Messala croit en la puissance de Rome alors que Ben-Hur souhaite la libération du peuple Juif.
I believe in the past of my people, and in their future.
Future, you are a conquered people!
You may conquer the land, you may slaughter the people. But that is not the end. We will rise again.
Messala compte sur le soutien politique de Ben-Hur pour apaiser les tensions entre les Juifs et Rome, ce qui lui vaudrait une belle promotion. Il lui propose un marché.
If I can bring order into Judea, I can have any post I want. And you’ll rise with me, I promise.
Proposition à la laquelle Ben-Hur répond par une insulte.
Rome is an affront to God!
Messala lui lance un ultimatum.
Judah, either you help me or you oppose me, you have no other choice. You’re either for me or against me!
If that is the choice, then I am against you.
La rupture est consommée. Ben-Hur et Messala sont officiellement ennemis.
Lors d’une parade de la garnison, la sœur de Ben-Hur Tirzah (Cathy O’Donnell) fait tomber accidentellement une tuile sur le gouverneur et le blesse. Messala en profite pour faire arrêter toute la famille et asseoir son autorité.
By making this example of you, I discourage treason, by condemning, without hesitation, an old friend, I shall be feared.
Il envoie Miriam (Martha Scott), la mère de Ben-Hur, et Tirzah en prison. Condamne Judah aux galères. Ben-Hur reviendra pourtant de cet enfer après avoir sauvé miraculeusement la vie du Consul Quintus Arrius (Jack Hawkins) qui décide de l’adopter.
À Rome, il apprend les usages et devient un conducteur de char émérite. Alors qu’il pourrait mener la belle vie, il préfère retourner en Judée pour se venger de Messala qu’il tuera dans une course de chars effrénée.
Puis il retrouve sa mère et sa sœur dans la vallée des lépreux grâce à l’aide d’Esther (Haya Harareet) dont il est amoureux. Ben-Hur refuse son héritage et décide d’emmener les femmes de sa vie en consultation à Nazareth chez Jésus (Claude Heater), le faiseur de miracles.
Jésus ne consulte malheureusement plus. Il s’est fait arrêter par les Romains. Ben-Hur assiste dépité à sa crucifixion (cf Monty Python : La vie de Brian).
Néanmoins, lors de l’averse qui s’en suivit, Miriam et Tirzah furent guéries. Et Ben-Hur de s’exclamer:
And I felt His voice take the sword out of my hand!
L’EXPLICATION
Ben-Hur, c’est une amitié qui s’effrite.
Judah est le bon disciple. Il souscrit à ce que les économistes appellent la valeur-travail. Guidé par sa bonne étoile et œuvrant à la libération de son peuple. Il aide les personnes âgées à traverser la route – comme Amélie Poulain.
À l’inverse, Messala est un pragmatique doublé d’un opportuniste (cf Le casse du siècle). Il a renié Dieu pour Jules César.
The emperor is watching us, judging us! All I need do is serve him. And all you need do is help me serve him.
You speak as if he were God.
He is God! The only god! He has power, real power on Earth!
Messala agit au service de son ambition. Le pouvoir l’obsède et il prend ses décisions en fonction de son propre intérêt, n’hésitant pas à commettre de véritables crimes. En cela, il rejoint le côté obscur (cf Star Wars). Sans scrupule, il condamne Tirzah pour laquelle il avait pourtant un faible et Ben-Hur qu’il considérait autrefois comme son meilleur copain.
Plus tard, il prendra le visage d’Édouard Balladur trahissant Jacques Chirac après une amitié de trente ans. Ou le visage de Sarkozy trahissant également Chirac pour rejoindre Balladur.
Lorsque Ben-Hur subit la loi de Messala, il fait l’expérience de l’injustice. Après tout, Tirzah n’avait pas fait exprès de faire tomber cette tuile. Messala lui-même l’avait réalisé. Des mois de galère plus tard, Ben-Hur va changer. Privé d’eau et fouetté, il devient amer. Il n’est plus un believer. Au contraire, il devient un hater.
Your eyes are full of hate, forty-one. That’s good. Hate keeps a man alive.
Cependant il s’accroche car il a un bon fond. Bizarrement, Messala et Ben-Hur finissent tous les deux par servir l’Empire chacun à leur manière. Le premier punit et condamne alors que le second sauve des vies, ce qui le rapproche de Jules César plus vite que Messala l’aurait souhaité lui-même.
Ben-Hur ne pense qu’à sa revanche. Même Esther ne le reconnaît plus.
It was Judah Ben-Hur I loved. What has become of him? You seem to be now the very thing you set out to destroy. Giving evil for evil. Hatred is turning you to stone. It’s as though you had become Messala.
En tuant Messala, ce plat froid qu’est la revanche lui colle une indigestion. Alors qu’il aurait pensé trouvé la paix, il apprend que sa mère et sa sœur ont la lèpre. Sa douleur ne cicatrise pas.
It goes on, Judah. The race, the race is not over!
Balthasar, l’un des rois mages et mécanicien à ses heures, voit en Ben-Hur un char cabossé. Il va lui rappeler les bases et le ramener à la foi.
I see this terrible thing in your eyes, Judah Ben-Hur, but no matter what this man has done to you, you have no right to take his life. He will be punished inevitably.
I don’t believe in miracles.
But all life is a miracle! Why will you not accept God’s judgement?
Judah retrouve des couleurs grâce à Jésus qui a quand même généreusement guéri Miriam et Tirzah pour le récompenser de sa fidélité.
Il reste néanmoins marqué. Pire que de perdre un frère, on peut perdre un ami.
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