ANELKA L’INCOMPRIS

ANELKA L’INCOMPRIS

Franck Nataf, 2020

LE COMMENTAIRE

Si les années forgent le caractère, à l’origine il y a toujours un enfant avec des défauts et des qualités qui lui sont propres et qui ne le quitteront jamais. Ce potentiel, certains professeurs des écoles ne le voient pas toujours (cf Les 400 Coups). Ils briment plutôt que d’encourager. La vie est ainsi remplie de destins brisés par la faute d’esprits trop rageux (cf Amadeus, At Eternity’s Gate).

LE PITCH

Histoire d’un vilain petit canard du foot français.

LE RÉSUMÉ

Tout commence sur les pelouses de Clairefontaine où le petit Nicolas Anelka se fait repérer aux côté de Thierry Henry. Tous les spécialistes s’accordent à dire que le talent du gamin est hors-norme. Son ambition également.

Je voulais pas être un simple joueur de foot, je voulais être une star.

Le natif de Trappes rejoint naturellement le PSG où il s’entraine avec le groupe pro. Il marque pour ses débuts au Parc avec beaucoup de sang froid. Luis Fernandez ne le fait cependant pas suffisamment jouer à son goût. Précoce, Anelka quitte précipitamment son club formateur, créant un premier cataclysme.

Le football français est inquiet. C’est toute sa politique de formation qui est en jeu.

À Londres, l’expatrié Arsène Wenger développe les qualités de sa nouvelle pépite au sein d’un effectif solide et équilibré. Anelka part d’Angleterre avec un doublé Coupe-Championnat 97-98 en poche, mais rate la Coupe du Monde barré par Aimé Jacquet, sans explication.

Toi, c’est normal.

Anelka ne se laisse pas abattre. Il pense à l’Espagne. Au prestigieux Real, il va cependant vite déchanter. Plus gros transfert de l’histoire de l’époque, il est attendu de pied ferme au sein du vestiaire madrilène. Sa vie privée est constamment scrutée.

J’ai compris ce que c’était que d’être une star quand je suis arrivé au Real de Madrid… et j’ai détesté.

Il se met la presse à dos, puis ses coéquipiers après être allé au bras de fer avec sa direction. Faisant preuve d’un mental de fer, il joue un rôle décisif dans la campagne européenne du Real et remporte la Ligue des Champions face à Valence. Dans la foulée il gagne l’Euro 2000 avec l’équipe de France mais n’est pas titulaire en finale. Anelka revient au PSG avant de repartir en Angleterre à Liverpool. L’âpre négociation entre Gérard Houiller et les frères du joueur n’aboutit pas. Peu importe. Il rebondit à Manchester City avant de s’envoler trois saisons plus tard vers la Turquie et le club de Fenerbahce. Un choix étonnant. Retour en Angleterre trois ans plus tard. Deux saisons honnêtes à Bolton lui valent de rejoindre le club de Chelsea, un peu plus à la hauteur de son talent et de ses ambitions de footballeur.

Avec Didier Drogba, il remporte à nouveau le titre de champion d’Angleterre et une nouvelle Ligue des Champions. 2010 sera cependant marquée par le scandale de Knaysna en Afrique du Sud qui marque la fin de sa relation compliquée avec l’équipe de France. Anelka y est accusé d’avoir insulté son entraîneur Raymond Domenech à la mi-temps de la déroute face au Mexique :

Va te faire enculer sale fils de pute.

Vrai ou pas, le journal L’Équipe en fait ses gros titres le lendemain. Anelka est renvoyé sur le champs. Les joueurs français refusent de s’entraîner. L’affaire devient un fiasco extra-sportif national. Le Président Nicolas Sakorzy s’emmêle.

Si les propos rapportés ce matin par la presse sont exacts, ils sont inacceptables.

Anelka se fait oublier en Chine. Revient à nouveau en Angleterre après une courte pige à la Juventus. Pris pour cible après avoir célébré un but par une quenelle, Anelka disparait définitivement de l’espace médiatique. Il finit carrière en Inde au Mumbai City FC. Désormais, il vit sereinement avec sa famille à Dubai.

C’était pas le meilleur chemin. Je le conseille à personne. Mais c’est mon chemin.

 

L’EXPLICATION

Anelka l’incompris, c’est Bob Morane contre tous les chacals.

Souvent les gens pensent que le football c’est facile. Non, c’est très compliqué.

Anelka a raison quand il compare le football à Dallas. On est loin des cours de récréation. À 13 ans, les gosses doivent se faire la guerre pour y arriver. Le football est un business gigantesque et son univers est impitoyable. Tout le monde ne peut pas en croquer.

Le football français compte ainsi quelques glorieux enfants terribles parmi lesquels Eric Cantona, David Ginola ou plus récemment Karim Benzema. Des talents d’exception que le système pépère Français qui gagne, celui de Jacquet (cf Les Yeux dans les Bleus) ou de Deschamps (cf les Bleus 2018), n’a jamais voulu intégrer.

Selon Thierry Henry, Nicolas Anelka fait partie des meilleurs attaquants de l’histoire. Il en restera pourtant à jamais banni.

Trop ambitieux, trop vite ? Ses décisions ont sans doute mis dans l’embarras trop de monde.

Il est le premier à avoir su dire merde au PSG. (…) Il a été le premier à dire : je fais ce que je veux.

Des choix de carrière parfois peu orthodoxes ? Beaucoup l’accusent en effet d’avoir trop écouté ses frères qui se souciaient davantage de l’intérêt financier du joueur avant son intérêt sportif (cf Le transfert du siècle).

Il symbolisait ce que le football business allait devenir.

Pas assez malin ? Anelka s’est souvent fait avoir par la presse et ne bénéficiait peut-être pas des bons appuis.

Trop impulsif ? C’est la punition de ceux qui parlent avant de réfléchir. Avant de recadrer sèchement Domenech, il a quand même osé dire aux dirigeants du Real qu’il préférait aller vendre des téléviseurs à Darty!

Victime d’un délit de sale gueule? Suite au procès en diffamation qui l’a opposé à l’Équipe, son avocat est catégorique :

Si on avait prêté ces propos à n’importe quelle autre personne que Nicolas Anelka, L’Équipe aurait été condamné.

 

Aux dires de tous, Anelka est pourtant un mec droit, qui assume ses choix. Un soldat avec qui on peut partir au combat. Son palmarès est remarquable. Professionnel consciencieux, il ne prenait pas son métier par dessus la jambe.

Ça te fait du bien à partir du moment où tu joues bien. Quand t’es bidon ou que t’es pas terrible… Moi je suis footballeur, je suis pas là pour m’amuser. 

Ce gamin qui rêvait d’être une star l’est devenu, pour se rendre compte que ce n’était finalement pas ce dont il avait le plus envie. Il en est revenu, contrairement à certains autres qui se brûlent les ailes, grâce à un mental d’acier.

Pas beaucoup de remise en question mais une détermination intacte. Solide sur ses appuis. Aujourd’hui, il est en paix avec lui-même. Ce qui lui aura surtout permis de réussir le plus important à ses yeux : sa vie de famille (cf Fast and Furious 4).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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