JE SUIS UNE LÉGENDE
Francis Lawrence, 2007
LE COMMENTAIRE
En plus de 2020 années d’existence, sans compter celles avant Jésus (cf Kirikou), on peut dire que l’humanité a fait du chemin. On en oublierait parfois qu’il reste encore du travail et que le monde est toujours sous la menace d’une décivilisation (cf The Road). Se croyant en sécurité à Times Square, noyé dans la foule et les néons (cf Cloverfield). En réalité, on ne comprend pas qu’on est seul dans la jungle.
LE PITCH
Un Lieutenant Colonel survit dans les rues inhabitées de Manhattan.
LE RÉSUMÉ
Les scientifiques pensaient venir à bout du cancer. Ils ont échoué. Par contre ils sont venus à bout de la surpopulation. Le vaccin qui devait soigner tout le monde a tué 94% de la population et en a épargné un petit pourcentage parmi lesquels Robert Neville (Will Smith), sa chienne Sam et quelques autres animaux sauvages. Les 5% restants sont transformés en créatures vampiriques (cf World War Z).
Chaque jour, Neville lance des appels radio pour retrouver peut-être des rescapés.
My name is Robert Neville. I am a survivor living in New York City. (…) If there’s anybody out there… anybody… please. You are not alone.
Puis il part à la chasse dans un Manhattan désert, en prenant soin de rentrer chez lui à l’heure pour se barricader car les mutants grondent la nuit. Ils craignent la lumière du soleil comme tout bon vampire qui se respecte (cf Vampire vous avez dit vampire?).
Neville est un ancien virologue de l’Armée Américaine. Il a perdu sa femme et son fils pendant l’évacuation de New-York. Immunisé, il a décidé de rester et travaille désormais sur un antidote. Il réussit à faire prisonnier un mutant et commence à l’étudier dans son laboratoire. Les mutants semblent plus évolués qu’il ne le soupçonne. Il se fait piéger par l’un d’entre eux et perd sa chienne dans la bataille.
Seul, Neville est victime de la solitude (cf Shining). Taper des balles de golf dans le vide et parler à des mannequins dans des magasins abandonnés ne l’amuse plus. Il part en pleine nuit dans une mission kamikaze pour buter un maximum de mutants (cf The dead don’t die). Manque de trouver la mort. Se fait secourir miraculeusement par deux autres rescapés Anna (Alice Braga) et Ethan (Charlie Tahan) venus du Maryland pour le retrouver.
De retour chez lui, Neville est surpris de voir que son antidote semble fonctionner sur le mutant qu’il a capturé: le rythme cardiaque se ralentit et le malade semble retrouver forme humaine. Malheureusement, les autres mutants ont retrouvé sa trace. Ils pénètrent dans sa maison et s’apprêtent à détruire son laboratoire. Neville a juste le temps de confier un échantillon de son antidote à Anna et Ethan. Il fait diversion, au péril de sa vie, pour qu’ils puissent s’enfuir.
Anna et Ethan atteignent un camp militaire dans le Vermont avec le fruit du travail de Neville qui rentre dans la légende.
We are his legacy. This is his legend. Light up the darkness.
L’EXPLICATION
Je suis une Légende, ce sont les Messies du quotidien.
Dans la vie rien ne se passe vraiment comme prévu.
Nothin’ happened the way it was supposed to happen.
Le Dr Krippin (Emma Thompson) qui pensait bien avoir terrassé le cancer ne pensait pas qu’elle serait responsable de l’extinction de la planète (cf Contagion). Et en fait la catastrophe vient toujours d’où on ne l’attend pas, car on pêche par orgueil. Krippin est bien trop occupée à célébrer son propre succès sur les plateaux de TV pour soupçonner que son vaccin peut muter.
So you have actually cured cancer?
Yes, yes… yes, we have.
Robert Neville va devoir jouer les pompiers. Il faut dire que le destin lui a forcé la main: il a tout perdu, sauf sa chienne. C’est peut-être parce qu’il n’a plus rien à perdre qu’il consacre pleinement sa vie pour les autres. Mais il consacre sa vie pour les autres quand même. Il pourrait se contenter de taper des balles de golf toute la journée.
Au contraire, il sauve le monde car il est obstiné. Chaque jour, il refuse d’accepter que ça soit la fin. Et bien que la situation soit désespérée, dans un Manhattan vidé de ses New-Yorkais, il part bosser comme l’un des sept nains (cf Blanche-Neige). Rentre à l’heure et se rationne. Quelle discipline. Il continue de mener ses expériences jusqu’à ce que l’une d’entre elles finisse par fonctionner. Ce sens du devoir, il le doit à l’armée évidemment ainsi qu’à Bob Marley qui, sous ses airs cool, était un bourreau de travail.
He had this idea. It was kind of a virologist idea. He believed that you could cure racism and hate… literally cure it, by injecting music and love into people’s lives. (…) He said, ‘The people, who were trying to make this world worse… are not taking a day off. How can I? Light up the darkness.’
Neville sauve le monde car il n’attend après personne pour le faire, comme Dieu par exemple. Il vit dans le réel. Et dans le réel il n’y a que des hommes et des mutants. Il se permet donc de recadrer Anna.
All right, let me tell you about your « God’s plan ». (…) Everybody! Every single person that you or I has ever known is dead! Dead! There is no god!
Comme toute légende, le récit de Robert Neville n’est peut-être pas d’une précision irréprochable. Les plus racistes prétendront aussi que le sauveur était blanc, avec une barbe et les cheveux longs. En tout cas, on a écrit deux livres pour Jésus. Robert Neville méritait bien un film. Car il est important que la légende de ces petites gens se perpétue. Qu’est-ce que Jésus a fait pour l’humanité? Il a inventé l’alcoolisme en transformant l’eau en vin. Ah bravo. Merci Jésus.
Neville n’est pas l’élu (cf Matrix). Il est juste un Américain qui fait son devoir. Un héros des temps modernes si cher à Clint Eastwood (cf Sully).
Rendons hommage à celles et ceux qui, comme lui, se sacrifient au quotidien, de manière anonyme, pour que d’autres puissent continuer à manger chez Flunch ou bien partir en croisière sur la Méditerranée à bord de yachts privés luxueux.
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