THE FATHER

THE FATHER

Florian Zeller, 2020

LE COMMENTAIRE

On se lève et on se bouscule, comme d’habitude. Chaque matin la même comédie plus ou moins drôle (cf Un jour sans fin), jusqu’à ce qu’elle vire carrément au drame. Parce qu’un beau jour peut-être, on se lève et on ne sait plus où on habite. Le véritable cauchemar peut alors commencer.

LE PITCH

Un homme perd lentement le fil de sa vie.

LE RÉSUMÉ

Anthony (Anthony Hopkins) vit seul dans son appartement Londonien. Avec l’âge, il commence à souffrir de démence. Il confond les personnes qu’ils rencontre.

I have no idea who she is. 

Il oublie également ce qui s’est dit.

I don’t remember.

Cependant une chose est sûre, il peut se débrouiller seul. Pas besoin d’aide.

I dont need anyone, (…) I can manage very well on my own!

Au point d’en devenir parfois agressif avec sa fille Anne (Olivia Colman) qui vient lui rendre visite régulièrement dans son appartement. Est-ce seulement son appartement ou habite-il plutôt chez sa fille depuis qu’il s’est disputé avec sa dernière infirmière (Olivia Williams) ? L’inconnu qui était dans son salon était en fait Paul (Mark Gatiss), son gendre. En l’occurrence, cet homme était donc bien dans son salon – à lui.

A priori, il n’avait pas l’air d’être ce fameux Français pour lequel Anne affirmait vouloir quitter Londres, abandonnant son pauvre papa.

You’re leaving me, you’re abandoning me? What’s gonna become of me..?

Une nouvelle infirmière (Imogen Poots) semble plaire à Anthony. Elle lui fait penser à son autre fille dont il ne sait pas pourquoi elle ne vient plus lui rendre visite. En tout cas, cette jeune demoiselle est plutôt sympathique. Par contre elle ne sait pas plus que lui pourquoi les chaises ont été changées de place dans l’appartement, comme si l’on préparait un déménagement.

It doesn’t make sense!

Paul (Rufus Sewell) et Anne se disputent régulièrement à propos de la manière dont gérer la situation. Si Anne rêve parfois d’étrangler son père, elle ne peut se résoudre à le placer dans une institution.

Anthony finit pourtant par rejoindre un foyer, sans avoir l’impression de quitter sa chambre.

What am I doing here?

L’infirmière vient lui donner ses pilules et lui lire une carte postale que Anne lui a envoyé de France. Il semble qu’elle soit finalement partie après tout?

Anthony souffre de ne plus rien comprendre. Pris de panique, le vieil homme fond en larmes dans une crise d’hystérie.

Who are you, who exactly am I? (…) I dont know what’s happening anymore, I feel as I’m losing all my leaves…

L’infirmière le prend dans ses bras pour le réconforter.

À travers la fenêtre, les branches des arbres s’agitent.

L’EXPLICATION

The Father, c’est accepter les saisons.

La beauté de la vieillesse est qu’elle permet d’accéder à la sagesse. Une notion derrière laquelle les jeunes n’essaient même plus de courir tant ils sont pressés de courir après d’autres lièvres tous plus importants les uns que les autres. Alors que les vieux ont l’expérience qui leur donne la capacité de comprendre, ce qui fait cruellement défaut aux jeunes.

Les vieux ont ce sens accru de la perspective qui permet d’y voir clair, ou prendre les bonnes décisions. C’est pourquoi on leur demandait conseil jadis. Ils ne se précipitent plus car ils n’en ont plus besoin et qu’ils savent désormais que cela ne sert à rien (cf No country for Old Men).

Le revers de la médaille de la vieillesse est qu’on perd petit à petit ses facultés physiques. On se tasse avec les années. Les articulations font mal. La peau se ride – ce qui n’est jamais plaisant. Et ce n’est encore qu’un moindre mal, tant qu’on a toute sa tête (cf Still Alice).

Car certains sont victimes de la maladie d’Alzheimer (cf N’oublie jamais), comme Anthony qui se retrouvent coincé. Il est parfaitement conscient de ce qui se passe. La pente est douce. Petit à petit, il comprend de moins en moins, jusqu’à ne plus rien y comprendre du tout. Les personnages se ressemblent tous et l’espace temps saute comme la musique d’un CD rayé. On dirait qu’il revit les mêmes scènes, dans d’autres contextes. Tout est confus. Labyrinthique.

Anthony fait d’abord semblant de suivre (cf Memento).

Everything is fine, the world is turning.

Il joue la comédie.

Néanmoins il se sent pris au piège, comme la victime d’un complot. Obligé de se servir d’une fourchette pour se protéger d’une éventuelle menace. Convaincu qu’on cherche à lui voler sa montre. Il n’y voit plus clair.

Sa réaction est celle de l’orgueil, comme un éléphant blessé. Violent. Vexé de se sentir amoindri. Il insulte l’infirmière.

Why are you talking to me as if was retarded? Im very intelligent. Everything will be alright.

Il blesse également sa fille avec des mots très durs, involontairement.

I’m going to outlive you!

Enfin, fatigué d’être constamment largué, il s’avoue définitivement vaincu.

All this non sense is driving me crazy!

Il capitule, trahi par son esprit.

I want my mummy, I want to go home.

L’esprit permet de s’échapper de sa condition. Nelson Mandela en savait quelque chose (cf Invictus). Ce grand homme a ainsi tenu des années derrière des barreaux grâce à son imagination, et il a toujours refusé de se faire polluer les idées afin de conserver sa liberté.

Anthony se voit faner petit à petit. Présent et absent. Enfermé impuissant dans son esprit malade. Au fur et à mesure que sa condition se dégrade, son monde se réduit : de son appartement à sa chambre, et bientôt son lit…

Anthony souffre de se voir partir d’une manière un peu pitoyable, sans rien pouvoir y faire. Pire, il faillit à sa mission de père en quelque sorte. Chaque adulte sait que lorsqu’il devient parent, il devient un souvenir pour ses enfants (cf Interstellar).

Non seulement il devient un poids impossible à gérer pour Anne, mais en plus le souvenir qu’il va laisser est pénible. Sa mémoire s’effeuille comme à l’automne. Quelle triste sortie de piste pour ce papa.

Les pilules bleues ne servent à rien. La médecine n’est pas plus forte que la vie. Anthony est un chêne fragile, comme nous le sommes tous. Tout ce que nous pouvons faire est de l’accompagner dans ses derniers instants. Le rassurer comme un enfant pendant la tempête, ou à l’approche de l’hiver lorsque l’arbre perdra définitivement ses feuilles. Ne pas chercher à le figer comme une photographie sur un chevet.

Au contraire, garder en tête le souvenir de l’arbre magnifique qu’il fut en l’été, avec son feuillage resplendissant.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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