LIFE : ORIGINE INCONNUE

LIFE : ORIGINE INCONNUE

Daniel Espinosa, 2017

LE COMMENTAIRE

La vie se termine comme elle commence, d’une manière pas très grandiose (cf Benjamin Button). Les seniors perdent la tête (cf Amour, N’oublie jamais) tandis que les bébés ne savent pas tenir sur leurs jambes. Ridicules. Avant d’être des boss, ils font même dans leurs couches. Dégoûtants. Pathétiques. Rappelons tout simplement qu’avant de devenir les humains brillants que nous sommes aujourd’hui (cf Lucy), nous n’étions à l’origine qu’un petit spermatozoïde de rien du tout.

LE PITCH

Des astronautes découvrent une trace de vie sur Mars.

LE RÉSUMÉ

L’équipe de la commandante Katerina Golovkina (Olga Dihovichnaya) intercepte une sonde qui revient de Mars avec des prélèvements de terres. Le biologiste Hugh Derry (Ariyon Bakare) en extrait quelques cellules. Après quelques petites manipulations atmosphériques, il réalise que cet organisme est vivant. Tout le monde est évidemment très excité par cette découverte, Hugh Derry le premier. Cette forme de vie n’est que muscle, cerveau et oeil.

Les écoliers américains suivent les aventures de l’espace en direct et décident de baptiser cet organisme « Calvin ».

Calvin réagit aux mains de Hugh et lui tourne autour des doigts. Après un accident thermique dans la capsule, Calvin ne montre plus de réaction. Inquiet de la santé de sa trouvaille, Hugh essaie de le réanimer par des petites décharges électriques. Calvin devient brusquement agressif / agressive. S’emparant de la main de Hugh puis la broie. Puis s’en prenant à Rory Adams (Ryan Reynolds) en le mangeant de l’intérieur de façon assez répugnante.

À sa décharge, l’astronaute avait tenté de l’incinérer avec son chalumeau.

C’est la panique sur la station. D’autant que Calvin a pris du volume.

La communication avec la terre est coupée. Incontrôlable, Calvin continue de faire le tri parmi les membres de l’équipage. Sho se cache. David (Jake Gyllenhaal) cherche à isoler l’alien et le priver d’oxygène pour le tuer. Calvin est increvable.

David se sacrifie en attirant Calvin avec lui vers l’une des capsules de sauvetage. Ainsi Miranda pourra profiter de l’autre capsule et se diriger vers la terre. Le plan fonctionne jusqu’à ce que Calvin attaque David et l’empêche de projeter sa capsule dans l’espace comme prévu.

Les deux capsules s’entre-choquent. C’est finalement Miranda qui se retrouve prisonnière de l’espace pendant que David fonce droit vers la terre en compagnie du monstre.

La capsule amerrit dans les eaux asiatiques. David, que Calvin n’a pas encore complètement ingurgité, essaie de mettre en garde les pêcheurs.

Malheureusement personne parmi les pêcheurs ne comprend l’anglais (cf Babel).

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L’EXPLICATION

Life, c’est la vie.

Le Dr Malcolm (cf Jurassic Park) est le premier à l’affirmer : La vie trouve toujours un chemin. On se bat contre la vie en essayant de la maîtriser, voire de l’orienter, ou même de l’étouffer mais elle finit toujours par nous déborder. Un peu de la même manière, Calvin parvient à s’échapper de sa prison de verre. Insaisissable.

Une chose est certaine, la vie ne veut surtout pas s’éteindre. Calvin pourrait être l’expression de l’élan vital chez Bergson, ou dans une moindre mesure de la volonté de puissance chez Nietzsche. Cherchant à se développer. Impérialiste.

Logiquement, Calvin tue toutes celles et ceux qui le menacent. Même si on ne peut que le déplorer, il ne s’agit là que de légitime défense.

On craint l’arrivée de Calvin sur terre car on sait désormais de quoi il ou elle est capable. En occultant le fait que les astronautes ont tenté de le ou la brûler au chalumeau, une technique héritée des Nazis (cf le vieux fusil) et qui revient à la mode en Californie (cf Once upon a time in Hollywood). On cherche à se débarrasser de cet organisme comme d’une vulgaire mouche.

La croissance de Calvin inquiète car elle apparait comme une menace pour nous autres. À aucun moment on ne réalise que Calvin ne fait peut-être que se battre pour sa propre survie.

It’s just surviving. Life’s very existence requires destruction. Calvin doesn’t hate us. But he has to kill us in order to survive.

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Bizarrement la vie peut faire naître des sentiments ambivalents. Lorsque nous constatons la naissance d’un enfant, nous portons un regard attendri (cf Tree of Life). Même si l’enfant peut s’avérer être un monstre (cf We need to talk about Kevin, la malédiction).

En l’occurrence, Calvin nous fait redouter la vie tout de suite (cf Rosemary’s baby).

I know what I feel is not rational. Not scientific. I feel pure fucking hate for that thing.

Avons nous oublié notre propre sauvagerie ? Ou nous rendons nous coupables, une fois de plus, d’hypocrisie ?

Nous avons l’instinct de protection de notre propre espèce. Tout ce qui ne nous ressemble pas devient une menace potentielle. Ajoutons que la notion de ressemblance est toute relative. Dans une station orbitale, la couleur de peau des astronautes ne semble plus être un problème alors que dans le Sud des Etats-Unis (cf Mississippi Burning) ou dans les banlieues françaises (cf les Misérables), elle est encore un motif de conflit.

Nous sommes assez doué·es pour nous entretuer, ce qui peut paraître incompréhensible pour certain·es (cf Le Cinquième Élément).

Calvin nous confronte à nos propres incohérences. On finit par avoir du mal à accepter la vie pour ce qu’elle est. Incalculable. Sauvage. Calvin ne tue pas par instinct comme n’importe quel autre Alien. Tuer pour se libérer de sa captivité. À son arrivée dans le laboratoire, il ou elle ne montre d’abord aucun signe d’hostilité à l’égard de Hugh. De la curiosité, tout au plus.

Qui fait les introductions par des chocs électriques ? De quel droit ? Comment réagirions-nous si, le personnel hospitalier avait recourt à un défibrillateur pour nous aider à nous remettre d’un choc émotionnel ?

Quand cette forme de vie comprend que le vaisseau va errer dans l’espace et finir par manquer d’oxygène dont elle a besoin, Calvin cherche logiquement à trouver un moyen de finir sur terre. Cela ne va pas plus loin. Après le naufrage du Titanic, Calvin noie les autres pour éviter de se noyer.

Manger ou être mangé·e (cf La Plateforme).

La vie est d’une logique implacable. Calvin ne tue personne. Il ou elle ne fait que s’accrocher à l’idée qu’il ou elle représente.

Espérons qu’il ou elle sera accueilli·e sur terre avec un peu plus d’intelligence et de bienveillance que dans l’espace. Calvin n’est peut-être qu’un·e alien incompris·e qui ne cherche rien d’autre que faire des câlins jusqu’à ce que mort s’en suive ?

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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