RUNNING MAN

RUNNING MAN

Paul Michael Glaser, 1987

LE COMMENTAIRE

Qu’il est confortable d’être installé·e dans le public. On s’y sent bien au chaud, entouré·e par ses semblables. Avec l’impression d’être fort·es tous ensemble, grâce à l’effet de masse. Sans se rendre compte que les applaudissements sont commandés, et que le spectacle est avarié. Attention aux mouvements de foule. Il ne manquerait plus que de se faire écraser!

LE PITCH

Un homme et une femme courent après la vérité.

LE RÉSUMÉ

Suite à un effondrement économique, les États-Unis se sont transformés en un état totalitaire (cf 1984). La culture est dictée par des jeux télévisés au cours desquels des repris de justice se battent à la vie à la mort contre des mercenaires.

Le Capitaine Ben Richards (Arnold Schwarzenegger), pilote d’hélicoptère dans la police, refuse l’ordre que sa hiérarchie lui donne d’ouvrir le feu sur des manifestants en Californie.

Food riots in progress. Approximatively 1,500 civilians. No weapons evident.

Proceed with Plan Alpha : Eliminate anything moving.

The crowd is unarmed! (…) All they want is food for god’s sake.

Il est aussitôt puni pour son acte de rebellion, et accusé à tort par les médias d’avoir massacré une soixantaine civils. Surnommé le boucher, Richards est déporté dans un camp de travail. Dix huit mois plus tard, il parvient à s’échapper grâce à l’aide du chef de la résistance (cf L’armée des ombres).

En cherchant à retrouver son frère, il fait la rencontre d’Amber Mendez (María Conchita Alonso). Richards la prend en otage afin de profiter de son titre de voyage. À l’aéroport, il est de nouveau arrêté puis remis aux mains de Damon Killian (Richard Dawson). Le présentateur de l’émission TV The Running Man se frotte les mains.

I’ve got the brains And you’ve got the talent. (…) I think we might be able to help each others out.

Richards est sur le point d’être envoyé dans l’arène, en compagnie d’ancien co-détenus. Il regarde Killian dans les yeux et lui fait une promesse.

I’ll be back.

Tour à tour, il va venir à bout des redoutables Subzero (Professeur Toru Tanaka), Dynamo (Erland van Lidth de Jeude) et Buzzsaw (Gus Rethwisch), Fireball (Jim Brown). Pour la première fois, le grand public mise sur l’outsider.

That boy’s one mean motherfucker.

Killian n’en croit pas ses yeux.

This isn’t a game. They’re betting on Richards up there!

Incapable de venir à bout de Richards, les équipes travaillent sur un montage donnant l’impression que les participant·es du jeu ont été finalement terrassé·es par Captain Freedom (Jesse Ventura). Mendez se réjouit. Richards reste concentré.

What’s wrong? You should be happy. We’re officially dead, we can go anywhere, do anything.

No, don’t you understand it? They’ll never let us out of here alive, they can’t afford it, they’ll get the police, the army and hunt us down like dogs off camera of course.

Mendez parvient à pirater le code de la chaîne pour retransmettre les véritables images qui ont conduit Richards en prison. Chose promise, chose due: Killian finit dans la fosse aux lions. Le couple quitte l’arène sur un baiser, devant une foule en délire. Un écran publicitaire invite les téléspectateurs à attendre le prochain programme…

L’EXPLICATION

Running Man, c’est l’illusion d’un changement de paradigme.

Les changements sociétaux se produisent d’une manière plutôt insidieuse, de par notre capacité d’adaptation. Parce que l’on s’habitue à tout, on ne remarque même pas que nous vivons désormais dans un monde quasiment débarrassé de la cigarette (cf Thank you for Smoking). On ne fait pas forcément attention au fait que les sportifs professionnels sont devenus des athlètes surhumains (cf Stop at nothing), qu’il fait quand même globalement plus chaud, que les catastrophes naturelles sont de plus en plus nombreuses et dévastatrices chaque année.

Tous ces changements deviennent soudainement plus évidents lorsque l’on regarde vingt ou trente ans en arrière.

Aux États-Unis, l’effondrement économique de 2017 a fait graduellement plonger la société dans une autocratie sans que personne ne s’en rende vraiment compte. La police est devenue tyrannique. Celles et ceux qui n’obéissent pas sont condamné·es à mort par les médias, en direct sur les écrans de TV agissant comme un filtre de cette nouvelle réalité.

Seeing is believing.

Dans ce paradigme, des individus ayant été reconnus coupables doivent donc se racheter en luttant contre des psychopathes sanguinaires (cf Battle Royale).

I’m not into politics, I’m into survival.

Ils n’ont aucune chance de s’en sortir. À de rares exceptions, qui ont d’ailleurs été fabriquées de toutes pièces, les condamné·es perdent. C’est ainsi que la justice est rendue en 2017, dans un tribunal médiatique.

Richards faisait partie des forces de police. Parce qu’il a pris une décision, plutôt que d’executer les ordres, il se retrouve du mauvais côté de la barrière. Il est contraint de changer de paradigme s’il veut survivre.

Sa participation à The Running Man va raconter une nouvelle histoire au public: Celle du héros porté par une quête de vérité qui lui donne la force de vaincre ses bourreaux. Plutôt que de se laisser sacrifier, Richards survit et il emballe la princesse Mendez. Ainsi, Richards prouve au public que lorsqu’on est porté par la volonté de faire le bien, on peut non seulement s’en sortir mais aussi faire chavirer le coeur. Que demande le peuple!

En réalité, il ne s’agit guère plus que d’une nouvelle illusion.

Victime de la violence aveugle du monde, Richards s’en sort… par la violence (cf Retour vers le Futur). Il égorge Subzero et tronçonne les parties génitales de Buzzsaw. Vengeur, il retourne sur le plateau pour faire sa fête à Damon Killian. Oeil pour oeil.

Richards donne au public exactement ce qu’il souhaite.

Kill that son of a bitch!

C’est ce que lui confirme Killian Donovan, l’expert en la matière. Il faut servir la soupe.

For fifty years, we’ve told them what to eat, what to drink, what to wear… for Christ’s sake, Ben, don’t you understand? Americans love television. They wean their kids on it. Listen, they love game shows, they love wrestling, they love sports and violence. So what do we do? We give ’em *what they want*! We’re number one, Ben, that’s all that counts, believe me. I’ve been in the business thirty years.

Le public se moque pas mal de la vérité. Il s’ennuie et veut voir du sang. C’est tout ce qui compte. Richards et Mendez s’en vont, mais restez avec nous, votre programme revient après une courte page de publicité

Finalement, rien n’a changé depuis les jeux du cirque (cf Gladiator).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

Commentez ou partagez votre explication

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.