PREDATOR

PREDATOR

John McTiernan, 1987

LE COMMENTAIRE

Les Américains sont connus pour ne pas faire dans la dentelle. Pas vraiment le genre tireur d’élite (cf American Sniper). Plutôt ambiance gros bourrin qui sort l’artillerie lourde et préfère tirer dans le tas. L’Américain atteint leur cible à coup sûr car ils sont dans une culture de la performance. Par contre, il se moque pas mal des dégâts qu’il fait autour.

LE PITCH

Un major des forces spéciales part à la chasse dans une forêt tropicale.

LE RÉSUMÉ

Alan Dutch Schaefer (Arnold Schwarzenegger) doit composer une équipe de mercenaires pour une prise d’otages quelque part dans la jungle. Sur place, il retrouve son agent de liaison de la CIA George Dillon (Carl Weathers). L’équipe découvre une équipe des forces spéciales dont l’hélicoptère s’est écrasé. Leurs corps écorchés pendent dans le vide.

Dutch découvre aussi que la prise d’otage n’est qu’un prétexte.

What do you need us for?

Dillon avait en fait besoin de renfort pour pouvoir s’emparer d’informations confidentielles aux mains des Soviétiques.

Dutch n’est pas au bout de ses surprises puisque son équipe est traqué par un mystérieux animal invisible tombé du ciel quelques jours plus tôt. Billy a un mauvais pressentiment.

I’m scared Poncho.

Bullshit. You ain’t afraid of no man.

There’s something out there waiting for us, and it ain’t no man. We’re all gonna die.

Billy ne s’est pas trompé. Le jeu de massacre commence. Hawkins (Shane Black) est sa première victime. Son copain Mac (Bill Duke) voit rouge et sulfate à tout va. Blain Cooper (Jesse Ventura) est le prochain sur la liste. Une jeune résistante du nom de Anna (Elpidia Carrillo) a été faite prisonnière pendant l’assaut. Elle sort de son mutisme. Cette bête, les locaux l’appellent El Diablo cazador de hombres car elle collectionne les crânes.

Mac puis Dillon puis Billy (Sonny Landham) et finalement Poncho (Richard Chaves) sont tour à tour victimes de l’alien. Dutch essaie de lui échapper et découvre par hasard que la boue semble brouiller son détecteur thermique. Il parvient même à blesser la créature qui décide d’enlever son masque pour l’affronter dans un combat d’homme à alien.

Dutch utilise sa jugeote plutôt que ses muscles pour piéger l’alien qui tombe dans le panneau. Dutch lui pose une question:

What the hell are you?

L’alien agonisant ne peut que répéter la question dans un anglais approximatif. Confus et peut-être d’origine japonaise, l’alien décide de se faire harakiri en déclenchant son système d’auto-destruction.

Dutch est évacué par hélicoptère en compagnie d’Anna qui a été épargnée par la bête.

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L’EXPLICATION

Predator, c’est le vote écolo.

Dutch cherche désespérément à savoir ce qu’il a en face de lui. Il ne comprend pas quelle est cette force qui le dépasse, lui qui a pourtant passé des heures à soulever de la fonte (cf Arnold le Magnifique).

On pourrait d’abord qualifier le Predator de chasseur. On pourrait même aller plus loin en le qualifiant de chasseur féministe puisqu’il épargne les femmes.

Cette analyse est un peu réductrice. Certes, il aime traquer les humains et les écorcher vifs. S’arrêter à ce constat, c’est oublier l’intention du Predator. Dans quel but chasse-t-il ? Que cherche-t-il ? Il a sûrement ses raisons. Ce n’est pas parce que nous sommes capables nous-mêmes de tirer dans la foule pour notre plaisir qu’il faut automatiquement prêter ce défaut au Predator.

Notre monde a fait du chasseur l’archétype de l’abruti, probablement par la faute des Inconnus. On a oublié ce qu’il y avait de noble dans l’art de la chasse, ce plaisir de gentilhommes au Moyen-Âge.

Le Predator est méthodique.

He came to get the body. He’s killing us one at a time.

Il retire même son masque pour affronter Dutch, ce qui indique qu’il a des principes (cf Des hommes d’honneur). C’est quasiment un mousquetaire (cf D’Artagnan). Il semblerait bien que ce gros méchant Loup soit donc plus complexe qu’on ne veut bien l’admettre.

Les locaux ont eu quelques jours pour se faire une opinion et ont observé avec beaucoup de justesse que ce tueur conservait les crânes de ses victimes. C’est déjà plus intéressant, plus précis. En faisant de l’alien un collectionneur, les locaux lui confèrent ainsi une personnalité dont on peut étudier les névroses.

Ce Predator est surtout le premier chasseur extra-terrestre écolo. Un alien qui a été envoyé sur terre, en pleine jungle, pour zigouiller des humains qui ont négligé trop longtemps la biosphère.

Il est à l’aise dans la nature.

Le Predator ne tue pas n’importe qui: des forces spéciales qui traversent le globe en hélicoptère sans se soucier de leur empreinte carbone, des soldats qui fument dans la forêt sans se soucier des risques d’incendies, des militaires qui déchargent leurs munitions sans penser une seconde au temps que cela va prendre aux arbres pour se remettre de cette fusillade, Dillon qui vole des documents confidentiels sûrement pour construire une centrale nucléaire (cf Into Eternity).

Il tue des hommes qui ne se rendent même pas compte du mal qu’ils font à leur planète.

We’re a rescue team. Not assassins.

La jungle est toute seule. Gotham City a Batman. Metropolis a Superman. La jungle, elle, n’a personne pour la protéger des tractopelles en dehors de quelques serpents et deux-trois mygales (cf Arachnophobia).

Le Predator est le sauveur, le bras armé de la flore. Les locaux l’ont compris, eux. Ils identifient le Predator à la Jungle, comme Spinoza s’en réfère à Dieu à chaque fois qu’il parle de la nature.

She says the jungle, it just came alive and took him.

Le Predator est justement l’esprit de la nature venu du ciel pour se venger des crimes commis contre l’environnement, un peu comme quand nous sommes victimes d’une inondation sans comprendre d’où elle vient, convaincus que de toute façon le réchauffement climatique c’est des âneries. Après nous le déluge! De la même manière le Predator frappe sans crier gare.

Not a thing, not a fucking trace. No blood, no bodies. We hit nothing!

Il y a quelque chose de très rassurant dans le fait de se dire que non seulement nous ne sommes pas seuls dans l’espace, mais qu’en plus les extra-terrestres se soucient plus de l’écologie que nous-mêmes.

Le Predator fait passer Greenpeace pour des enfants de choeur (cf 20,000 lieues sous les mers). Il met un terme aux hésitations de Hulot. Entérine l’échec de Duflot. Donne enfin une bonne leçon aux barons déserteurs que sont Mammère, Bennahmias, Planté ou Cohn-Bendit. On ne parlera même pas de François de Rugy.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

13 commentaires

  • Je crois que tu n’a absolument pas compris le film..
    Le Predator n’est pas un ecolo, il se moque de la jungle, tout ton passage sur l’écologie ne veut absolument rien dire dans ce film.
    La preuve, le Predator n’hésite à aucun moment à faire feu en pleine jungle, abattant des arbres etc..
    De plus, il n’est pas non plus féministe comme tu essaie de nous le faire comprendre.
    S’il ne tue pas Anna, c’est simplement car elle n’est pas armée..
    Le seul moment du film que j’aurais aimé comprendre et dont je n’ai aucune explication, c’est le moment où le Predator préfère enlever son masque et combattre à mains nus Dutch.
    Il n’y a aucune explication à cela, il l’attrape par la gorge, le regarde intensément puis le relâché et se dit : « tient, lui, je vais le prendre en free fight » !
    Au fait, je crois simplement que ce film est un pur navet comme on en fait plus.
    Ces films américains d’après guerre du Vietnam sont beaucoup trop codés et ça rend ces films d’une lourdeur incroyable.

    • Merci beaucoup pour ce commentaire Yohan. Pourquoi le Predator enlève-t-il son masque pour affronter Dutch? Le Predator est sur terre pour une petite partie de chasse. Lorsqu’il se frotte à Dutch, il réalise qu’il doit composer avec un autre type de gibier. Contrairement aux autres, Dutch oppose une belle résistance. C’est certainement pour cette raison que le Predator, comme tu le mentionnes, veut l’affronter en free fight. Il veut sûrement faire honneur à son adversaire. Cela renvoie à tous ces films d’affrontements dans lesquels les mâles décident de lâcher leurs armes, ou leurs gants de hockey (cf Youngblood), pour se battre à mains nues. Du pur combat. Basique. Animal. Au final, c’est une erreur car cette stratégie se retourne contre le Predator, piégé par la ruse de Dutch. Ce qui tend aussi à démontrer que le Predator a un petit ego et que la vanité est définitivement le pêché préféré de Satan… (cf L’associé du Diable).

      • Justement non, Johan : Predator (comme Aliens) joue de manière très intelligente sur le syndrome de la guerre du Vietnam : les soldats ultra équipés et confiants sont décimés par un ennemi invisible et qui sait se camoufler.

        Avec Predator, on pourrait craindre au début du film un énième nanar d’action testostéroné reaganien typique des années 80 (on gagne sur les écrans les combats perdus sur le terrain : Rambo 2, Top Gun, les films de Chuck Norris…). Mais le film d’action devient film d’horreur dès lors que le Predator entre dans la danse : Predator est un mélange intelligent de Rambo et Alien.

        La créature en elle-même est une incontestable réussite et le seul intérêt des différents films où elle apparaît (à part le Predator 2, série B de SF plutôt sympa) est de voir comment la mythologie de cette race extra-terrestre évolue. Si le Predator prend Dutch en combat singulier sans armes et sans artifice, c’est parce qu’il a reconnu la valeur et l’ingéniosité de l’adversaire qui a réussi à l’attirer dans un piège (avec le cri primal et le grand feu). Dutch « gagne » à la fin, mais on le sent usé et surtout désabusé dans l’hélico qui l’évacue, tout comme les hélicos évacuaient les soldats blessés dans le bourbier Viet.

        Dans Aliens, on est certes pas dans une jungle, mais les parallèles avec le Vietnam sont évidents : les soldats sont ultra équipés et confiants (cf. Hudson ou Vasquez) mais butent sur un adversaire sournois (le cliché le plus souvent associé aux Asiatiques dans la fiction américaine, Pearl Harbor et le Vietnam sont passés par là) et qui très bien se camoufler. Predator comme Aliens sont de magnifiques exceptions au ciné guerrier ricain des années 80.

        Perso, j’aimerais bien qu’on réalise un Predator se situant au Moyen-Age ou alors dans la jungle Amazonienne à l’époque des Conquistadors. Predator, en fait, c’est surtout une métaphore sur notre capacité (ou non) à nous adapter et à affronter l’inconnu.

      • Merci Toto pour cette mise en perspective très intéressante de Predator. Il est effectivement le danger invisible et dont on ignore tout. Ce qui reflete l’angoisse que vivaient les GI au Viet-Nam et ce qui peut aussi prefigurer de ce « terrorisme » qui a frappé les puissances occidentales en ce début de XXIe siècle.

    • Totalement d’accord, le predator est un chasseur de prime comme un chasseur sur terre il cherche la plus belle et la plus robuste des proies et ne s’attaque donc pas au femme, donc rien de féministe là dedans à la limite du contraire, de dire que les femmes sont faibles.. (ce qui est faut et plus faut) les crânes ne sont pas une collection banale mais un trophée 🏆 qui le récompense d’avoir réussi à tuer un homme fort, comme les terriens qui gardent la tête du cerf 🦌 après l’avoir tué et l’exposent…

      • Merci RGI pour ce commentaire au premier degré.

  • Sur le coup je ne suis pas d’accord avec ta critique, aussi polie soit-elle. Je pense que dans l’idée, le Predator se moque pas mal de la jungle ou de la relation qu’entretienne les humains avec Mère Nature. En fait, le Predator semble lui aussi être accro à l’idée du dépassement, ce qui en a fait une race extraterrestre particulièrement redoutable. En effet, entre condition physique, stratégies tordues et technologie futuriste, il semble être au sommet de la chaîne alimentaire. Et il l’est ! Et c’est pour ça qu’il est ici. Le Predator doit constamment trouver des adversaires dignes de ce nom pour prouver sa force. C’est pour cela qu’il ne s’en prend qu’aux combattants, il n’a en effet aucun intérêt à tuer des « civils ».

    Ce serait même le déshonneur complet. Car dans son culte de l’excellence, le Predator se paie le luxe d’avoir un code de conduite, ce qui ajoute encore de sa suprématie sur les autres espèces. Ainsi, il ne tue pas les femmes ou les enfants, mais ceux qui baignent dans la violence. Et une fois qu’il se retrouve contre Dutch, il trouve enfin un adversaire à sa hauteur. L’abattre froidement n’aurait aucun intérêt. C’est pour cela qu’il se prive de ses gadgets futuristes : il veut un combat à la loyale, car si le Predator ne prouve pas sa supériorité sur un simple humain, il ne mérite tout simplement pas de vivre.

    Pour ce qui est de l’explosion, il semblerait que l’extraterrestre ne désire tout simplement pas que son matériel soit copié car cela qui mettrait en danger la suprématie de son espèce sur les autres. N’oublions pas que dans cet univers, le Predator n’est pas toujours certain de sortir vivant d’un affrontement avec le xénomorphe. Il doit donc veiller à garder son avance technologique.

    Pour étayer mes propos, je dirais qu’il faut relativiser cette suprématie extraterrestre avec la fusillade du début. L’équipe de force spéciale est au sommet de SA chaîne alimentaire et on les voit dézinguer aisément des dizaines d’adversaires armés. Mais même après avoir vu ce déchaînement de puissance de feu, on se rend compte que le Predator est carrément au-dessus de cette bande de gros bras, qu’ils ne peuvent même pas le repérer quand il tue un des leurs. Et c’est là toute la force du film, je trouve. On montre la puissance brute de nos héros, avant de les mettre contre un adversaire qui les surpasse en tous points. Ou presque.

    • Merci pour ce commentaire qui recentre le propos du film autour de la rencontre entre deux especes en haut de leur chaîne alimentaire respective.

    • Merci pour votre commentaire. Tout dépend évidemment du type d’explication auquel vous vous attendez. Dans ce cas de figure, il me parait difficile d’expliquer de quelle planète vient le predator, et son motif – en dehors de se livrer à la chasse aux humains. Alors, il peut être plus intéressant de se demander ce qu’il peut représenter, à un niveau plus symbolique.

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