IN THE AIR

IN THE AIR

Jason Reitman, 2009

LE COMMENTAIRE

Qui n’a jamais voyagé ne connaît pas le stress d’avoir oublié quelque chose d’essentiel dans ses valises remplies de choses tout aussi essentielles. On s’arrête, on doute, on se persuade. Et puis on est obligé de tout déballer pour vérifier. Avoir le coeur net, même si cela ne change rien. C’est pour cela qu’il faut voyager léger. Comme disait Diogène le Cynique : Retranche tous ces engagements que tu voyais s’imposer à toi et qui sont autant de bagages qui t’entraînent au fond de la mer.

LE PITCH

Un homme passe sa vie dans les airs à flotter dans le vide.

LE RÉSUMÉ

Ryan Bingham (George Clooney) est un consultant RH dont le job consiste à virer les employés à la place des patrons (cf Merci Patron). Il voyage à travers les États-Unis pour congédier tout type de professionnel. Sa seule ambition est d’être le plus jeune frequent flyer à atteindre la barre symbolique des dix millions de miles. Sa maison est dans les airs.

Last year I spent 322 days on the road, which means I had to spend 43 miserable days at home.

Quand il ne vire pas les gens, Ryan donne des conférences qui traduisent bien sa philosophie.

How much does your life weigh? (…) You don’t need to carry all that weight. Why don’t you set that bag down? Some animals were meant to carry each other, to live symbiotically for a lifetime – star crossed lovers, monogamous swans. We are not those animals. The slower we move, the faster we die. We are not swans, we’re sharks.

De retour à Omaha, son patron (Jason Bateman) lui présente Natalie Keener (Anna Kendrick), un jeune talent qui a développé un outil de licenciement à distance qui pourrait révolutionner la profession : plus besoin de voyager. Ryan s’offusque car il pense que Natalie ne se rend pas compte de l’inhumanité de sa méthode.

What we do is brutal and it does leave people devastated there’s a dignity to the way I do it

Like stabbing them in the chest instead of the back?

Il emmène Natalie avec lui sur la route pour qu’elle apprenne le métier. À la demande de sa soeur (Amy Morton), il en profite aussi pour emmener une photo d’elle et son futur mari qu’il doit photographier aux quatre coins des États-Unis… parce qu’ils n’ont pas de quoi s’offrir une lune de miel.

Lors de l’une de ses haltes, il va faire la rencontre d’Alex Goran (Vera Farmiga), une business woman qui mène la même vie que lui. Tous les deux ont une aventure qui semble être plus qu’une aventure.

You never called.

Well, I wasn’t sure what was appropriate.

Appropriate? Ryan, I’m not some waitress you banged in a snowstorm. That word has no place in our vocabulary. I am the woman that you don’t have to worry about.

Sounds like a trap.

Listen, the next time that you’re worried about manners, don’t. If you want to call, call. Just think of me as yourself, only with a vagina.

When am I going to see you?

Au point que Ryan perd la foi. Il quitte la scène pour rejoindre Alex à Chicago pour découvrir qu’elle est mariée avec enfants.

I thought I was a part of your life.

I thought we signed up for the same thing, I thought our relationship was perfectly clear. You are an escape, you’re a break from our normal lives, you’re a parenthesis.

I’m a parenthesis?

Natalie démissionne après avoir appris qu’une personne qu’elle a licencié s’est suicidée. Ryan vient d’atteindre les dix millions de miles. Il devrait être heureux d’avoir atteint son objectif mais se retrouve si seul devant le panneau des vols qu’il en lâche sa valise.

L’EXPLICATION

In the air, c’est un piège qui s’est déjà refermé sur nous.

Ryan est le symbole d’une société qui ne fait pas de sentiment. Stéréotypée. Où tout va plus vite. Il vire sans ménagement. Son talent est de n’avoir que très peu de qualités humaines. Il tue de sang froid (cf Leon) et ne ressent rien.

You know that moment when you look into somebody’s eyes and you can feel them staring into your soul and the whole world goes quiet just for a second?

Yes.

Right. Well, I don’t.

Ryan est dépassé à son tour par l’ambitieuse Natalie qui lui vole sa ligne et va un cran plus loin dans l’odieux en proposant de virer les gens par visioconférence. Le cynisme à son paroxysme. Insoutenable pour Ryan lui-même. Car cet homme est beaucoup plus sensible qu’il ne veut bien le faire croire. Il essaie de ne pas s’attacher pour moins souffrir dans cette société utra-capitaliste où nous ne sommes déjà plus rien d’autre que des fusibles (cf Matrix) prêts à être débranchés.

Ryan a finalement une vision assez bienveillante de son métier, voire romantique.

Natalie, what is it you think we do here?

We prepare the newly unemployed for the emotional and physical hurdles of job hunting, while minimizing legal blow-back.

That’s what we’re selling. It’s not what we’re doing.

Okay, what are we doing?

We are here to make limbo tolerable, to ferry wounded souls across the river of dread until the point were hope is dimly visible. And then stop the boat, shove them in the water and make them swim.

Lorsqu’il rencontre Alex il a l’impression de trouver son alter-ego, presque son âme soeur. Quelqu’un qui pense, agit et vit exactement comme lui. La possibilité d’une vie à deux lui semble désormais envisageable. La lumière au bout du tunnel.

Life’s better with company

Yeah.

Everyone needs a co-pilot

Hélas, tout est déjà trop tard. Le mal est fait. Trop profond. Ryan s’est découvert et en a fait immédiatement les frais. La société ne fait pas de cadeau. Sa théorie se confirme : tout cela ne vaut pas la peine. On reprend l’avion et on continue de faire semblant. Cumuler les miles sans avoir de destination. Continuer de faire la fête sur Put your hands up in the air de Danzel sans nous poser de question (cf Fyre Fraud).

Après tout, mieux vaut faire le sale boulot que de ne pas en avoir (cf La loi du marché). Mieux vaut être le bourreau que celui à qui l’on coupe la tête (cf Marie Antoinette). On joue au requin jusqu’à ce qu’un autre requin ne finisse par nous manger la queue (cf Jaws).

En attendant, on s’envoie en l’air sans parachute.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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