CARGO

CARGO

Yolanda Ramke, Ben Howling, 2017

LE COMMENTAIRE

Dans ce monde où près d’un mariage sur deux se solde par un divorce, il incombe parfois à l’homme de prendre la responsabilité d’élever l’enfant (cf Kramer contre Kramer). Surtout quand la mère s’est transformée en zombie (cf 28 semaine plus tard). Il faut continuer d’avancer, si possible vers le Sud (cf La Route). Tandis que le père affiche une détermination sans faille dans le regard, l’enfant tourne déjà la tête. On comprend tout de suite que cette histoire ne va pas être simple…

LE PITCH

Dans une Australie post-apocalyptique, l’avenir d’un enfant ne tient plus à grand chose.

LE RÉSUMÉ

Andy (Martin Freeman) et Kay (Susie Porter) vivent avec leur petite fille Rosie à bord d’une péniche. Le continent est sinistré. La faute à un virus qui transforme ceux qui le contractent en zombies au bout de 48 heures.

Les survivants se méfient plus encore de leurs semblables (cf La Guerre des Mondes) que des huntsman. De l’autre côté de la rive, un autre père de famille n’hésite pas à montrer son revolver, comme une façon de s’adresser à ceux qui voudraient s’arrêter pour les inviter à passer son chemin.

Les réserves en nourriture se font rares. Andy aperçoit un bateau échoué dans lequel se trouvent peut-être quelques précieuses boîtes de conserve. Il inspecte l’épave dans laquelle semble se cacher un zombie. Malgré ses remontrances, Kay décide d’y aller à son tour et elle se fait mordre. Bravo.

48 heures plus tard, elle montre des signes d’infection (cf Contagion). 

Andy est obligé de lui enfoncer un pic dans la tête et de continuer l’aventure seul avec Rosie. Sa femme lui a laissé un petit cadeau : une morsure au bras qui risque évidemment de s’infecter. Tout va bien…

Une petite aborigène du nom de Thoomi (Simone Landers) remarque Andy et sa fille. Elle est parvenue à restée avec son père, devenu zombie, en trouvant une manière de le neutraliser. Thoomi s’est ainsi isolée de sa tribu, et de sa mère, qui passe leur temps à massacrer du mort-vivant. Elle dissuade Andy de blesser son père car ce n’est pas nécessaire, il est inoffensif.

Andy continue son chemin et fait la rencontre de Vic (Anthony Hayes). À priori sympathique, ce survivant se révèle être un monstre puisqu’il capture des humains pour les mettre en cage, attirer les zombies pour mieux les abattre avec son fusil. Il a fait prisonnier Thoomi et séquestre Lorraine (Caren Pistorius). Grâce à son aide, Andy parvient à s’échapper avec Rosie et Thoomi.

Andy croise l’autre père de famille qui est lui-même infecté et qui lui propose de se servir de son revolver quand il en aura fini. Andy ne peut se résoudre à se tirer une balle dans la tête. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir! Puis Vic les retrouve pour leur barrer la route avant de leur demander pardon, se lamentant de la more de Lorraine.

La santé d’Andy se détériore. Il montre de plus en plus d’appétit pour les carcasses de viande. Désespéré, il réclame à Thoomi de s’occuper de Rosie une fois qu’il se sera transformé en zombie.

Look after her for me okay? Cause I’m going.

Thoomi accepte et rejoint sa tribu. Avant d’executer Andy, la fillette vaporise un peu du parfum de Kay comme pour signifier à ce qui reste d’humain chez Andy que Rosie est entre de bonnes mains.

L’EXPLICATION

Cargo, c’est confier son enfant à la nounou.

Il a été établi que nous devenons parents afin que notre vie continue (cf Tree of Life), pas pour que l’espèce se reproduise. Nous ne sommes pas encore en voie d’extinction.

Dès lors, l’enfant devient un luxe qui redonne du sens à notre propre vie en la prolongeant – au moins d’une génération. ‘Bébé’ devient une extension de soi. Au point où cela pourrait presque devenir fusionnel.

Le rôle des parents n’est pas seulement d’offrir un cadre sécuritaire à l’enfant de manière à ce qu’il ne se sente pas en danger (cf Raison d’état), mais surtout de réunir toutes les conditions pour optimiser l’épanouissement de l’enfant.

On ne veut pas simplement que ‘bébé’ vive, on veut que ‘bébé’ vive heureux.

C’est là que les choses se compliquent. Parce que rien n’est jamais trop beau pour ‘bébé’.

Les parents se font constamment du souci (cf Midnight Special). Le monde autour de nous est sauvage. La menace est partout. On manque toujours d’un biberon ou d’une compote. Les autres parents se montrent menaçants lorsqu’on les approche. Même ceux qu’on croyait sympas sont en fait peu fréquentables (cf Carnage).

Et on a beau prendre toutes les précautions d’usage possibles et imaginables, une catastrophe finit toujours par arriver. Même quand on mène sa barque d’une main de fer, on n’est jamais à l’abri d’un événement fâcheux – comme un accident ou une maladie (cf La Guerre est déclarée).

Le plus souvent, le drame vient de sa propre équipe. En l’occurrence Kay, à qui Andy avait pourtant bien dit de ne pas mettre les pieds sur l’épave, n’a pas pu s’empêcher d’y faire un tour. Telle une Alice au Pays des Merveilles trop curieuse, ou une Eve qui se laisse séduire par le serpent et qui croque dans la pomme à pleines dents. Elle commet l’erreur.

Dans cette mission commando où l’on pensait être deux, on finit par se retrouver seul, en trainant l’héritage d’une sale morsure. La moralité est qu’on ne peut vraiment faire confiance à personne – pas même à son ou sa partenaire. Et qu’on ne contrôle strictement rien (cf Jurassic Park).

You can’t control this!

C’est la panique car nous sommes bien contraints de nous laisser porter sur cette rivière, tout en voulant le meilleur pour son enfant. On a le choix quand il s’agit de soi (cf Matrix) mais dans une équation à plusieurs inconnues, le choix disparait brusquement.

Pour accepter cette idée forcément désagréable, nous avons recourt à la méthode Coué. On se conditionne comme pour mieux se rassurer, en se disant que tout ira bien. Le vent l’emportera. Merci Bertrand Cantat. Puis on prend une grande respiration.

It will be all right…

Tout ne finit pas toujours bien malheureusement. Ce serait trop beau. Il arrive parfois qu’on finisse par se faire infecter soi-même. Car il faut retourner au travail un jour.

Bizarrement, c’est au moment précis où le monde semble s’écrouler, puisqu’on abandonne son enfant, qu’on trouve la paix – en la personne de la nounou.

La nounou qu’on redoute car on ne sait pas qui elle est. Celle dont on se méfie car elle ne sera jamais assez qualifiée. La fille qu’on déteste car elle va nous prendre notre enfant. Cette nounou pas comme les autres se transforme soudainement en providence car elle permet de couper le cordon. Le problème devient la solution. La nature est bien faite! comme le faisait remarquer le philosophe Belge Benoit Patard (cf C’est Arrivé Près de Chez Vous).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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