SUPER SIZE ME

SUPER SIZE ME

Morgan Spurlock, 2004

LE COMMENTAIRE

Les jeunes parents savent très bien que nourrir leurs gros bébés n’est pas de la tarte. C’est pour cette raison qu’ils ont recours à des techniques très élaborées pour détourner ou captiver l’attention. On chante des chansons, on fait des grands sourires… Malgré tout, cela ne marche pas toujours. Peut-être que tout serait plus simple si la qualité de ce qu’on essaie de fourrer dans la bouche de nos enfants était meilleure.

LE PITCH

Un Américain se lance dans un régime ambitieux.

LE RÉSUMÉ

Morgan Spurlock part d’un constat.

Everything’s bigger in America. We’ve got the biggest cars, the biggest houses, the biggest companies, the biggest food, and finally: the biggest people.

La conséquence est alarmante.

Since 1980, the total number of overweight and obese Americans has doubled. Nearly 100 million Americans today are either overweight or obese. That’s more than 60% of all US adults.

Le nombre de morts liées à l’obésité explose, à tel point que les experts parlent d’épidémie. Et pourtant les restaurants de junk food sont à chaque coin de rue.

McDonald’s sert 46 millions de personnes dans le monde, chaque jour.

Certain·es Américain·es ont d’ailleurs tenté de poursuivre des enseignes telles que McDonald’s, sans succès. Les juges ont néanmoins estimé qu’ils reconsidéreraient la plainte si la preuve était apportée que manger chaque jour dans ces restaurants constituait une menace réelle pour la santé.

Morgan Spurlock se lance dans l’aventure. Il fait l’expérience de ne manger que chez McDonald’s pendant un mois – avec l’activité physique d’un Américain moyen.

Breakfast, lunch and dinner : no excuse!

Une contrainte supplémentaire : À chaque fois qu’il se verra proposer un menu super size, il sera obligé de le prendre.

Il est suivi par son généraliste, un cardiologue et une gastro-entérologue. Ses analyses sont très bonnes. Très vite son état de santé va se dégrader. Il vomit son premier menu Super Size au bout d’une vingtaine de minutes. Puis il s’habitue.

This is the best part of the day, when I get to be fat, on the bed, with my quart of Coke.

Au cours de son expérience, il rencontre des experts. Interroge des personnes dans la rue, des enfants dans des écoles. Fait la démonstration que ces enseignes déploient des efforts marketing colossaux pour entretenir leur business à coups de publicité (cf 99 francs) et de lobbying (cf Thank you for smoking).

Companies spend billions to make sure that you know their product. In 2001, on direct media advertising, that’s radio, television and print, McDonald’s spent 1.4 Billion dollars worldwide.

Aucun cadre chez McDonald’s n’acceptera de lui donner une interview.

À la fin de son expérience, ses analyses sont catastrophiques. Son généraliste compare son expérience suicidaire à celle de Nicolas Cage dans Leaving Las Vegas. Spurlock a pris 11kg en un mois avec sautes d’humeur, palpitations cardiaques, chute de la libido, augmentation du cholesterol… démontrant clairement la dangerosité de ce type de régime pour la santé.

In only thirty days of eating nothing but McDonald’s I gained twenty-four and a half pounds, my liver turned to fat and my cholesterol shot up sixty-five points. My body fat percentage went from eleven to eighteen percent, still below the national average of twenty-two percent for men and thirty percent for women. I nearly doubled my risk of coronary heart disease, making myself twice as likely to have heart failure, I felt depressed and exhaused most of the time, my mood swung on a dime and my sex life was non existent, I craved this food more and more when I ate it, and got massive headaches when I didn’t.

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6 semaines après la diffusion du documentaire au festival de Sundance, McDonald’s a retiré l’option Super Size de ses restaurants. Les salades de l’enseigne contiennent plus de calories que les burgers si l’on inclut les options fromage et sauce…

L’EXPLICATION

Super Size Me, c’est l’urgence de changer de style de vie.

En s’attaquant à McDonald’s, Spurlock s’en prend au mythe Américain. En effet, l’enseigne de fast food est devenue le symbole d’une Amérique impérialiste toute puissante.

Le modèle de franchises McDonald’s a été copié depuis par d’autres empires tels que Subway, Starbucks, KFC et son grand rival Burger King. Pas un coin de rue sur la planète où on ne trouve pas restaurants, même en France le pays de la bonne cuisine (cf L’Aile ou la Cuisse).

On peut donc dire que le style de vie McDonald’s tend à devenir le style de vie occidental : partout, plus grand, plus gros, plus gras.

À l’origine, les frères McDonald’s proposaient un repas gourmand, rapide et à un prix abordable. Puis Ray Kroc a accéléré la croissance du groupe à force de marketing.

Look after the customer and the business will take care of itself.

Le moins que l’on puisse dire est que McDonald’s sait effectivement comment fidéliser sa clientèle, à ses dépends.

McDonald’s calls people who eat their food at least once a week, heavy users. I’m not kidding. 72% of the people who eat at McDonald’s are heavy users. They also have another category, the super heavy user. These people eat their food 3, 4, 5 times a week and up. 22% of the people who eat at McDonald’s are super heavy users.

Si l’Amérique est le pays du capitalisme alors McDonald’s en est son fer de lance. La marque applique des méthodes redoutables afin de maximiser ses profits, en incitant ses clients à consommer davantage. McDonald’s aide l’Américain à repousser ses limites : Pourquoi prendre une petite portion de frites quand on peut se permettre la portion Super Size ?

Si les consommateurs et consommatrices sont prêt·es à payer pour cela, où est le mal ? En tout cas, personne ne leur met un revolver sur la tempe…

Seulement une bonne dose de publicité chaque jour. L’entreprise profite simplement du fait que ses clients ne savent pas se maitriser, entretient ces comportements déviants et les exploite commercialement de manière admirable. Ce n’est quand même pas sa faute!

Where does corporate responsibility begin?

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L’Amérique est la patrie du libre arbitre. On ne peut pas priver les citoyens de leur liberté de manger jusqu’à s’en faire exploser la ceinture – s’ils le souhaitent.

L’expérience de Spurlock d’ailleurs très Américaine au sens où elle est exagérée. Plus que de démontrer que McDonald’s est mauvais pour la santé, elle prouve surtout les méfaits de la dérégulation. Spurlock introduit la notion de modération et appelle chacun à se responsabiliser pour ne pas mourir d’une crise cardiaque liée au surpoids.

The world is not gonna change. You have to change. 

Sans faire l’apologie de la régulation, car personne ne souhaite le retour du communisme (cf Docteur Jigavo). Quand même pas. Trop triste.

Et puis, ce n’est pas bon pour les affaires.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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