LOVE AND MONSTERS

LOVE AND MONSTERS

Michael Matthews, 2020

LE COMMENTAIRE

Passer sa vie en quête désespérée du partenaire idéale, ou de la partenaire idéale. Se plaindre de ne jamais le trouver, ou la trouver. S’obstiner à vouloir se mettre en couple à tout prix. Puis finir par devoir accepter la triste réalité. Admettre le fait que la race humaine est solitaire par essence (cf Mad Max). Divorcer (cf Marriage story). Choisir un animal de compagnie. Faire l’erreur de prendre un chien alors qu’on pourrait prendre un chat.

LE PITCH

Un garçon brave tous les dangers pour retrouver celle qu’il aime. (cf Welcome)

LE RÉSUMÉ

La météorite Agatha 616 a menacé la terre d’une apocalypse certaine (cf Deep Impact). Heureusement, les militaires ont pris la sage décision de se servir du stock de missiles atomiques pour la détruire. Sans penser que les retombées radioactives pourraient également avoir des conséquences catastrophiques.

En effet, suite aux radiations les insectes se sont transformés en monstres aux proportions gigantesques (cf Starship Troopers), avec des allures de Kaijus (cf Pacific Rim). La population mondiale a été décimée à hauteur de 90%. Les survivants sont partis se cacher sous terre.

Dans sa communauté, Joel Dawson (Dylan O’Brien) s’occupe de la cuisine. Il y est connu pour faire une très bonne minestrone. Pas question pour lui de sortir à la surface sous peine de se figer de peur. Pour cette raison, il est moqué gentiment par les autres membres du groupe.

Conscient qu’il n’a pas de perspective sous terre, il décide de partir à la rencontre de son ancienne petite amie Aimee (Jessica Henwick) dont il a été séparé par les événements il y a quelques années. Problème : elle vit dans une communauté à plus d’une centaine de kilomètres. Une véritable odyssée (cf O’Brother).

Au cours de son périple, le jeune homme affronte de nombreux insectes. Adopte un chien. Croise sur sa route des experts survivants comme Clyde Dutton (Michael Rooker) et Minnow (Ariana Greenblatt). Après de nombreux rebondissements, il atteint finalement la colonie d’Aimee.

L’accueil est pour ainsi dire timide.

I didn’t think you’d actually come here…

Aimee a tourné la page. Elle porte le deuil de son ex-nouveau petit ami mort il y a peu de temps. Joel accuse le coup mais n’est pas rancunier.

Thanks for inspiring me to take this trip. It’s the best decision I ever made.

Il décide de retourner auprès de sa colonie à qui il a visiblement manqué. Survivant désormais émérite, il adresse un vibrant message d’encouragement à tous les autres qui continuent de se cacher (cf Le Pianiste).

The surface is a dangerous place. But I don’t think hiding underground is the answer anymore. There is a great big, beautiful, inspiring world out there. And I know you think it might be impossible, but it’s not. If I can survive out here, anybody can.

Tous ensemble font route vers les montagnes.

It’s a long journey kid. I hope you know what you’re doing.

L’EXPLICATION

Love and Monsters, c’est le droit à l’erreur.

Joel est le parfait anti-héros. Il est même l’archétype du gros nul, témoin de la mort de ses parents écrasés par une sauterelle géante. Ne sachant pas se défendre et perdant ses moyens lorsqu’il est confronté à une agression. Incapable de rester avec sa copine malgré la fin du monde. Méprisé au sein même de sa communauté pour ne pas avoir le courage d’affronter la réalité.

Joel est un pleutre qui vit par défaut aux crochets des autres car il ne peut pas faire autrement. Il n’arrive pas à se débrouiller seul. Sa sensibilité passe pour de la sensiblerie. Il est celui qui s’est fait larguer par sa copine il y a des années, sans parvenir à passer à autre chose. À l’arrêt. Complètement bloqué.

I’ve been sensible all my life. It’s gotten me nowhere.

Marqué par ses premiers échecs, il n’ose plus prendre l’initiative. Donc il reste en arrière, discrètement. Conscient de sa propre médiocrité, il commence à se complaire dans le rôle du nullard. Après tout, il en faut bien un non ?

Malheureusement pour lui, le contexte ne permet pas qu’on se planque. Par ailleurs lassé par son immobilisme, Joel part à l’aventure dans un sursaut d’orgueil. De toute façon, il n’a rien à perdre. En allant au devant de l’inconnu, il se prouve qu’il est capable de s’en sortir. Rien d’héroïque. Juste assez pour continuer sa route. La plupart du temps, cela suffit.

Face aux monstres, il s’appuie habilement sur son entourage : les conseils de compagnons de galère ou un chien…

I’m alive because of the generosity of a few strangers and the kindness of a dog.

Lorsqu’il se rend compte qu’on peut ne pas être pas grand chose et s’en sortir malgré tout grâce à plus petit que soi (cf Get Shorty), Joel arrête de s’apitoyer sur son propre sort.

No need to be sorry, we all have stories like that, don’t we?

Mieux, il arrive à accomplir un acte remarquable en rejoignant Aimee bien obligée de le reconnaître. Même son ex-petit ami n’était pas à ce niveau.

I think it’s the most romantic thing anyone has ever done.

Malgré cette performance, Joel se prend un nouveau gadin. Un refus pitoyable alors qu’il avait pourtant réussi à jouer les parfaits princes charmants. Preuve que cela ne fonctionne pas toujours. On prend parfois des gamelles mémorables en amour.

Malgré sa bonne volonté, Joel reste donc celui qui ne réussit pas.

Pas grave! Il se donne le droit d’échouer ce qui le décomplexe. Il peut se remettre en selle. En tolérant l’échec, sans l’apprécier, il peut apprendre de ses erreurs.

Good instincts are earned by making mistakes.

Il a définitivement jeté ses pantoufles pour devenir un vrai gitan (cf Nomadland). Un entrepreneur qui n’a pas forcément le charisme d’un leader, mais qui continue sa route.

Don’t settle. You don’t have to. Even at the end of the world.

Joel donne un magnifique exemple à tous les tocards qui n’ont désormais plus besoin de triompher pour sortir de leur condition de minables. Il leur suffit juste d’essayer. La faute n’est plus nécessairement éliminatoire.

La limite est qu’en rendant l’erreur légitime, Joel ouvre la porte aux échecs les plus pathétiques. Rappelons qu’on peut être méritant d’essayer, mais se tromper reste se tromper. On n’a quand même pas le droit de faire n’importe quoi plus. Comme par exemple bombarder des météorites à coup de missiles nucléaires. On ne peut pas encourager ceux qui veulent éviter l’apocalypse, et finissent par l’engendrer quand même.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

2 commentaires

Commentez ou partagez votre explication

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.