KONG: SKULL ISLAND

KONG: SKULL ISLAND

Jordan Vogt-Roberts, 2017

LE COMMENTAIRE

Le philosophe Benoit Patard (cf C’est arrivé près de chez vous) a beaucoup réfléchi sur le thème de la colère afin de conclure qu’il vaut mieux l’éviter, car elle nous joue des tours. Pourtant, il n’est pas donné à tout le monde de garder son calme.

LE PITCH

Qui a peur du grand méchant gorille ? C’est pas nous.

LE RÉSUMÉ

Pendant la 2e Guerre Mondiale, les pilotes d’avion Américain Hank Marlow (John C. Reilly) et Japonais Gunpei Ikari (Miyavi) sont parachutés sur une île inconnue du Pacifique sud. Leur dispute est interrompue soudainement par un singe géant.

Des années plus tard, en pleine Guerre du Vietnam, un agent du gouvernement du nom de Bill Randa (John Goodman) monte une expédition pour découvrir Skull Island. Il engage comme guide James Conrad (Tom Hiddleston), un ancien capitaine de la RAF. L’escorte militaire est emmenée par le Colonel Preston Packard (Samuel L. Jackson) et ses subordonnés le Major Jack Chapman (Toby Kebbell) et le Capitaine Earl Cole (Shea Whigham). La journaliste Mason Weaver (Brie Larson) s’invite à la fête, persuadée que ce voyage est une opération militaire secrète.

Elle n’a pas tort : Bill Randa fait partie de l’agence gouvernementale Monarch dont la mission est de découvrir des monstres menaçant notre planète. Bonne nouvelle, parce que des monstres sur Skull Island, il y’en a plein!

La petite équipe largue des bombes supposées sismiques et se fait aussitôt attaquer par King Kong qui s’en donne à coeur joie avec les hélicoptères de l’armée.

We just got taken down by a monkey the size of a building!

Les survivants sont éparpillés. Une fois au sol, ils sont attaqués par une tarentule puis par un varan géant – peu commode pour un dragon de Komodo. Ils retrouvent ensuite Hank Marlow qui a eu tout le temps de se familiariser avec les coutumes de la tribu locale.

Packard veut retrouver les autres, ainsi que King Kong pour le tuer car il le considère comme son ennemi bien que les autochtones vénèrent le gorille comme un Dieu puisqu’il les protège de ces fameux varans à l’haleine probablement répugnante.

Conrad et Weaver tombent nez à nez avec Kong et ont la surprise de découvrir la nature charitable de cet animal gigantesque. Tous les deux sont résolus à le protéger de Packard qui est déterminé à le supprimer.

You knew that thing was out here?

I’m sorry for your men. Believe me I truly am. Get us home. With proof. So that we can send the cavalry.

I AM the cavalry.

Dans un affrontement final avec un varan, Kong écrase Packard comme une crotte, sauve la vie de Weaver, permettant aux quelques rescapés de quitter l’île.

Marlow retourne auprès des siens qui ne l’ont pas revu depuis trente ans. Il se fait un petit match de base-ball en buvant une bière fraîche. Conrad et Weaver sont informés par Monarch que Skull Island n’est que le début.

There’s more out there.

D’autres monstres nous menacent…

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L’EXPLICATION

Kong: Skull Island, c’est s’ouvrir les chakras.

On dit que les voyages forment la jeunesse parce que les jeunes se prouvent qu’ils sont capables de s’aventurer loin du nid (cf Lady Bird). Les voyages forment aussi la jeunesse parce qu’ils nous remettent à notre place (cf La Plage). On réalise qu’il y a autre chose dans la vie que son boulot (cf Biutiful), que Paris est peut-être à nous mais que ce n’est pas le centre du monde. On compte d’autres endroits sur terre où des gens très bien n’ont jamais entendu parler de Johnny Hallyday (cf Jean-Philippe).

Un voyage c’est toujours l’occasion de changer, en mieux.

Dans cette expédition, les voyageurs sont:

1. Les militaires qui ne pensent qu’à protéger les civils de l’ennemi que représente l’étranger. Ils sont constamment sur la défensive et ne peuvent pas avancer vers l’inconnu sans bombarder (cf Armadillo).

We’re soldiers, we do the dirty work so that families back home don’t suffer! They shouldn’t even know that a thing like this exists!

2. Barbie et Ken, alias Weaver et Conrad, deux tourtereaux curieux du monde qui marchent main dans la main dans la jungle, émerveillés par ce qui les entoure.

The world is bigger than this.

3. Bill Randa, le responsable du Guide du Routard, qui cherche à tout maitriser. Comme on ne maitrise que ce que l’on connaît, il ne doit donc pas y avoir d’inconnue sur les cartes de Bill.

La rencontre avec Kong, sorti de sa brume, va servir d’électrochoc. Elle offre aux militaires l’ennemi dont ils rêvaient. Elle ébahit Conrad et Weaver. Et elle confirme l’intuition de Bill Randa. Tout le monde est content, ou presque.

C’est surtout la rencontre avec Marlow qui va être éclairante. Marlow vit sur cette île depuis trente ans. Assimilé, il a compris deux, trois petites choses et va donner une véritable leçon aux autres. La première est que la guerre est avant tout regrettable (cf La Ligne Rouge).

This man’s name was Gunpei Ikari. If you take away the uniforms and the war, then he became my brother. And we swore we’d never leave each other behind.

Le deuxième enseignement de Marlow est une leçon de politesse. Nous ne sommes que des locataires sur terre et nous devrions nous soucier un peu plus de la note que va nous attribuer le proprio. Cette île appartient à Kong. Qui sommes nous pour y débarquer en hélicoptère et y lâcher des bombes?

Kong’s a pretty good king. Keeps to himself, mostly. This is his home, we’re just guests. But you don’t go into someone’s house and start dropping bombs, unless you’re picking a fight.

La dernière leçon de Marlow est que la cohabitation est possible, notamment grâce au bon vieux dicton « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ».

People here used to live in fear, from everything. Then something strange happened: some of the monsters here started protecting them from the other monsters trying to kill them.

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Et de conclure:

Sometime’s there’s no enemy until you look for one.

Ces réflexions sont trop difficiles à assimiler pour Packard, le militaire old school, impérialiste et bas de plafond. Il ne comprend rien. Cet imbécile part en voyage avec la hâte de rentrer dans son village. Il campe sur ses positions.

It’s time to show Kong that man is king!

La vie se chargera de l’écraser comme un moustique.

À l’inverse, Conrad et Weaver vont ouvrir les yeux et changer de perspective sur le monde en regardant Kong sous un nouveau jour. Eux, quand ils reviennent de vacances, ils partagent leur séjour avec leurs amis qui vont s’empresser de leur emboîter le pas en allant à leur tour sur Skull Island, non pas pour y vivre l’expérience d’une vie, mais pour eux aussi voir Kong et poster des stories sur les réseaux sociaux.

Bill Randa semble avoir compris, légèrement de travers.

This world never belonged to us. It belonged to them. The question is, how long before they take it back. Kong is not the only king.

On aimerait que le vieux sage Bill Randa rentre au pays et donne des conférences pour partager ses lumières. À la place, il pose ses fesses devant la télé à mater le match et à boire des binouzes.

C’est décidément sans espoir.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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