LA VÉRITÉ SI JE MENS

LA VÉRITÉ SI JE MENS

Thomas Gilou, 1997

LE COMMENTAIRE

Les femmes des potes c’est les meilleures! comme disait le poète. Ah qu’il était bon le temps où on pouvait sauter ces femmes interdites dans les toilettes des discothèques, à coups de bracelets en or et de chemises colorées Christophe Dechavanne. Un homme qui s’attaque par derrière à une blonde Norvégienne qui fait deux fois sa taille, c’est le symbole d’une France qui n’a plus peur de prendre les commandes. On est en 1997, les Bleus vont bientôt gagner la Coupe du Monde de football. Les choses vont changer pour toujours.

LE PITCH

Un homme est accueilli au sein d’une communauté sur un malentendu.

LE RÉSUMÉ

Eddie Vuibert (Richard Anconina) est aux abois. Il échoue devant l’American Dream (ça ne s’invente pas), l’entrepôt de Victor Benzakhem (Richard Bohringer). Eddie a hérité d’une étoile de David un peu par hasard. Pour cette raison, Victor va le prendre sous son aile. Car Victor ne laisse personne dans la merde.

Surtout s’il est de « chez nous ».

Débutant comme manutentionnaire, tout en bas de la chaîne alimentaire, Eddie va faire la connaissance de Dov (Vincent Elbaz) mais aussi d’Yvan (Bruno Solo), avec lesquels il va rapidement lancer son propre business, suscitant au passage les foudres de Victor dont il devient le concurrent.

L’ambition d’Eddie ne s’arrête pas là, il tombe amoureux de Sandra (Amira Casar), qui se trouve être la fille de Victor. Il n’a peur de rien. La route va être longue pour lui. En même temps l’amour ça ne se commande pas à ce qu’il parait. Il va surmonter tous les obstacles car c’est un homme d’idées et de réseaux, notamment grâce à Patrick (Gilbert Melki) et Serge (José Garcia).

Pour arriver là où il le veut, Eddie va néanmoins devoir se convertir et dévoiler sa véritable identité au Rabbin qui s’occupera de son mariage avec Sandra. Après cette confession délicate, la communauté va l’accueillir les bras ouverts. Désormais patron d’entreprise converti et marié à la fille d’un des historiques du Sentier, un avenir radieux lui tend les mains.

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L’EXPLICATION

La Vérité si je Mens, c’est ne faire de cadeau à personne.

Les personnages intellectuel·les et torturé·es prédominent dans le cinéma américain (cf Marathon Man, Frances Ha, l’homme irrationnel, The Big Lebowski, Confessions d’un homme dangereux). C’est l’héritage ashkénaze. En France, au contraire, on retrouve des personnages plutôt bling (cf Tout ce qui brille, Les Rois de l’Arnaque). C’est l’héritage Séfarade.

À l’image de Patrick la grande gueule qui débarque à l’aéroport avec sa créature. Il éclate ses potes avec la bague de fiançailles.

Look! The ring!

La communauté juive est cependant moins cloisonnée qu’elle en a l’air. Si elle observe toujours religieusement les traditions, on sent bien que la modernité secoue l’édifice. Difficile d’éteindre la télé quand elle a été allumée par erreur pendant Chabbat, surtout quand on y voit des danseuses brésiliennes du Carnaval de Rio à moitié nues.

Robert !?

La communauté juive se montre sous un nouveau jour, des années avant que le mariage mixte ne révèle les limites de tolérance des Catholiques de France (cf Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu?). Elle accueille en son sein un goyim en la personne de Eddie.

De là à affirmer que c’est le goût pour le business qui a facilité l’intégration d’Eddie, il n’y a qu’un pas qu’on choisira de ne pas franchir.

Cette solidarité, on ne la retrouve plus guère que dans la communauté gay ou la communauté renoi.

La communauté juive reste somme toute assez naïve et elle essaie de se raccrocher aux branches de sa Menorah comme elle le peut, en post-rationalisant.

‘Vuibert’ ? C’est juif ?

Vuibert c’est Weber

Il s’agit d’une communauté dont on peut enfin percer les secrets plus facilement qu’on ne le croit. Parachuté au milieu d’un environnement dont il ignore tout du folklore (cf Rabbi Jacob), Eddie va découvrir les prières et les soirées de Deauville avant de réussir à se faire une place au sein de la famille Benzakhem.

S’il y parvient, c’est aussi parce qu’il est ambitieux et bosseur – deux valeurs partagées par la communauté. Le travail reste au centre de tout. Eddie part de nulle part puis va faire son chemin petit à petit. Il vit le rêve Américain rue d’Aboukir.

Un petit vent de fraîcheur souffle au sein de cette communauté parisienne qui ne se remettait peut-être plus assez en question, s’abritant derrière ses conventions et se reposant un peu trop sur ses acquis, à l’image de Maurice (Anthony Delon) ou de Patrick beaucoup trop sûrs d’eux :

Pourquoi tu veux que je me casse le cul à aller bosser ? J’gagne un paquet juste en respirant.

Pourtant, chacun veut toujours niquer l’autre. Eddie est d’ailleurs le premier à la faire à l’envers à Victor mais il doit constamment se méfier de Maurice qui lui piquera plus tard sa marchandise. Dove se tape Karine (Aure Atika), la femme de Rafi (Elie Kakou). Serge se tape la femme de Patrick. Tout le monde doit rester vigilant.

Et dans ce joyeux bazar, personne n’assume vraiment quoi que ce soit.

Patrick… j’ai rien fait! Sur ma vie.

Ce qui n’empêche pas tout le monde de pardonner et de faire la fête à la fin. Une famille qui s’aime. La culture du grand pardon.

Car la vie ne tient qu’à un fil, transformant un symbole qui hier pouvait vous offrir un aller-simple pour la Pologne (cf Denial) en un passeport pour rentrer dans les boites de nuit les plus branchées de la capitale. Comme quoi, il faut parfois s’en remettre à sa bonne étoile.

Eddie tient la sienne d’un des deux molosses qui lui couraient après. Voulant venir en aide à une victime, Victor tend sans le savoir la main à une petite frappe qui essaie de voler l’un des siens, en plus de lui voler sa fille.

La merveilleuse histoire d’un faussaire qui prouve que quand on est désespéré, on peut véritablement réussir l’impossible (cf The Game). Puisqu’il s’agit bien d’impossible. Un chômeur qui fait fortune en France tout en se convertissant au Judaïsme, la vérité même aux États-Unis ça arrive pas!

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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