LE RÈGNE ANIMAL
Thomas Cailley, 2023
LE COMMENTAIRE
Les hommes font les malins sans forcément l’être. Ils se mènent une concurrence féroce, conformément à la loi dite du plus fort, qui repose sur celui qui a le plus gros pénis (cf Highlander). Pour exister, le fils tente de tuer son père (cf Au nom du père). Bien que celui-ci soit toujours là pour le protéger (cf Midnight Special).
LE PITCH
Deux hommes recherchent la femme de leur vie, revenue à l’état sauvage.
LE RÉSUMÉ
Des Français·es se transforment en animaux sans que personne ne puisse l’expliquer.
Quelle époque…
C’est le cas de Lana (Florence Deretz), la femme de François (Romain Duris) et maman d’Emile (Paul Kircher). Le personnel hospitalier suit de près son évolution. La famille part dans le sud où Lana va être prise en charge dans un centre qui accueille des créatures (cf Elephant Man).
Malheureusement, l’ambulance fait une sortie de route et les personnes à bord s’échappent dans la nature (cf Le Fugitif).
François tente désespérément de retrouver sa femme, avec l’aide de la gendarme Julia Izquierdo (Adèle Exarchopoulos).
Quant à Emile, il prend ses distances. Il annonce que sa mère est morte pour éviter tout problème avec ses camarades de classe qui ne sont pas très fans de ce qu’ils appellent les bestioles (cf District 9). Le nouvel élève tape dans l’oeil de Nina (Billie Blain).
Dans la forêt, Emile aperçoit deux créatures : mi-homme mi-oiseau (Tom Mercier), et mi-enfant mi-amphibien (Maëlle Benkimoun).
Emile commence à muter lui-aussi, en loup (cf Le loup garou de Londres, Wolf).
Le pire, c’est les poils…
L’adolescent passe de plus en plus de temps dans la forêt où il sympathise avec Fix puis essaie de l’aider à voler.
Je vais être sublime!
François remarque la transformation de son fils et essaie de l’aider à la camoufler. Mais les autres élèves ne sont pas dupes.
Lors d’une soirée, Emile couche avec Nina qui semble se moquer de ce qui se passe. Un peu plus tard, Victor (Gabriel Caballero) le provoque avec un appareil à ultra son. Emile l’agresse et se réfugie dans la forêt. Il y retrouve les autres créatures et semble reconnaître sa mère.
Une battue est organisée. Emile est capturé. À la gendarmerie, François aide son fils à s’échapper. Pas à l’aise avec les traitements qui sont infligés aux créatures, François préfère voir son fils s’enfuir dans la forêt (cf Greystoke).
L’EXPLICATION
Le Règne Animal, c’est accepter la maladie.
La culture va à l’encontre de l’idée de nature. À mesure que l’on se développe en tant que personne, on s’intègre dans la société en adoptant des codes. On marche sur ses deux jambes, on apprend son alphabet à l’école (cf Être et avoir), avant de rentrer sur le marché du travail… comme un membre productif de la société.
Manger, c’est comme parler. Ça définit quel être humain tu es. Mieux : ça définit qui tu es au monde.
La société impose ses normes. Elle est incarnée par François qui toujours suivi scrupuleusement les règles et qui s’est même fait remercié par les représentants de l’ordre pour son attitude. Il est l’agent du système.
Le commandant vous remercie pour votre comportement républicain.
François, en bon représentant de la société, fixe les limites avec Emile : C’est ainsi, et pas autrement. On ne fait pas ce que l’on veut.
Je suis pas en train de négocier. Tu sortiras une autre fois.
Pour que la société se maintienne, elle doit donc faire respecter son cadre et ses principes. En l’occurrence, elle est portée par une science qui refuse fondamentalement la mort (cf L’expérience interdite). Don’t go gentle into that good night.
Plutôt que de vivre en paix avec l’idée que l’on puisse disparaître, on nie la mort et tout ce qui est lié à elle. On trouve de nombreux moyens d’anticiper le vieillissement et de lutter contre la maladie, pour préserver la vie – à tout prix. Sans laisser le choix. Sous peine de se retrouver en marge, exclu·e de la société.
Les personnes qui se transforment, pour une raison x ou y, sont ainsi étiquetées comme malades par la médecine. Comme si leur identité leur échappait et qu’elles n’étaient plus acceptées en tant qu’individus. D’ailleurs, Emile ne veut pas voir sa mère à l’hôpital. C’est François qui l’y oblige.
Parle-lui… C’est ta mère!
Les malades se retrouvent comme des parias aux mains des professeurs qui se donnent pour tâche de les ramener dans la société. Alors on impose à la mère d’Emile quantité de traitements pénibles et inutiles, qui ne font que repousser l’échéance. Parce qu’il ne faut pas abandonner François.
Pourtant, si on lui en laissait la possibilité, la mère d’Emile ne demanderait peut-être pas mieux qu’on la laisse en liberté… (cf Mar Adentro)
La maladie peut frapper tout le monde à n’importe quel moment.
Y en a de plus en plus, faut apprendre à vivre ensemble. Ça sert à rien de les enfermer…
Même Emile, qui n’est pourtant qu’un jeune homme, commence à montrer des signes de mutation.
La transformation d’Emile va alerter François. Lui qui a passé tant d’énergie à courir dans la forêt pour rattraper sa femme, va finalement accepter d’y laisser partir son fils. François ouvre les yeux et change de regard sur la maladie.
Faut pas avoir peur.
François comprend que la médecine, dans son effort louable pour sauver les gens, peut aussi les faire souffrir.
Ce qu’ils font aux patients… ils ont rien compris. Il faut collaborer!
François était dans le refus. Il était celui qui ne donnait pas le choix : Si Lana pouvait bénéficier d’un traitement dans le sud de la France, alors il fallait le faire. Et la famille devait déménager. Emile devait absolument s’intégrer dans sa nouvelle école. Dans l’espoir que les choses redeviennent comme avant.
Quand François comprend que tout lui échappe, il a l’intelligence de s’adapter. Il va changer d’avis, par amour pour sa femme et son fils.
Désobéir, c’est ça le courage.
François prend sa voiture pour fuir la police et libérer Emile. Il est heureux de rendre son fils à la forêt, où il va pouvoir rejoindre sa mère.
Plutôt que de retourner à Paris, François va peut-être enfin apprécier de vivre – en province. Là où l’on peut aller se balader dans les bois…