JUDAS AND THE BLACK MESSIAH

JUDAS AND THE BLACK MESSIAH

Shaka King, 2021

LE COMMENTAIRE

Pour recruter des talents ambitieux, on parle de projet d’entreprise en prenant soin de mettre en avant des objectifs élevés ainsi que les rémunérations qui vont avec. L’argent, la carrière… Bizarrement, on oublie souvent de parler d’une autre dimension majeure : l’aventure humaine. Comme si les personnes ne comptaient pas.

LE PITCH

Un membre du Black Panther Party trahit la Cause.

LE RÉSUMÉ

William « Bill » O’Neal (Lakeith Stanfield) se fait passer pour un agent du FBI pour mieux voler des voitures. Suite à une fausse interpellation qui tourne mal, le jeune homme de 17 ans se fait arrêter par les forces de l’ordre.

L’affaire se produit en pleine période de tensions raciales aux Etats-Unis. En effet, J. Edgar Hoover (Martin Sheen) répète à ses troupes de se méfier tout particulièrement des activistes Afro-Américains.

The Black Panthers are the single threat to our national security, more than the Chinese. Even more than the Russians!

L’agent Mitchell profite de l’aubaine. Les poursuites contre O’Neal seront suspendues s’il aide le FBI à infiltrer les Black Panthers (cf The informant!). C’est ainsi que William se rapproche de Fred Hampton (Daniel Kaluuya), l’un des leaders du BPP à Chicago.

William gagne la confiance des membres du parti. Au cours de sa mission pour le FBI, il est le témoin de l’histoire d’amour naissante entre Hampton et Deborah Johnson (Dominique Fishback). Il constate aussi l’ampleur que prend la Rainbow Coalition, un mouvement impulsé par Hampton visant à fédérant les différents groupes contestataires. Hoover enrage.

I want him off the streets! Charge him with something, anything! But get his black ass of the streets!

Hampton est d’abord mis en prison pour un motif ridicule. Tandis que le boss purge sa peine, Jimmy Palmer (Ashton Sanders) est assassiné par des policiers à l’hôpital. Des incidents éclatent à nouveau. Jake Winters (Algee Smith) est abattu après avoir ouvert le feu contre les forces de l’ordre.

Hampton fait appel et sort de prison. Hoover veut mettre un terme à cette histoire. Il ordonne à ses troupes de neutraliser la menace. Mitchell se sert de O’Neal pour faire droguer Hampton, qui mourra sans s’en rendre compte lors d’un raid sanglant en pleine nuit.

En échange de ses bons et loyaux services, O’Neal reçoit une somme d’argent et les clés d’une station essence (cf Tchao Pantin), qu’il accepte à contre-coeur.

There’s a loooot of money in gas, consistent money. Legal money. You own your own business now Bill, you’re free!

Quelques années plus tard, O’Neal accorde une interview pour Eyes on the Prize 2. Le soir de la diffusion du programme, il se suicide.

I’ll let History speak for me.

L’EXPLICATION

Judas and the Black Messiah, ce sont deux frères malgré tout.

Les circonstances accablent William « Bill » O’Neal. Déjà qu’il se faisait passer pour un agent fédéral pour mieux extorquer les membres de sa communauté…

A badge is scarier than a gun.

Il était bien mal parti. Celui qui a été accepté par le groupe a fini par trahir les siens en donnant Hampton à l’ennemi. Car il s’agit bien d’une guerre. La communauté Afro-Américaine a du créer une faction armée pour se protéger des injustices (cf Si Beale Street pouvait parler, Detroit) et que les meurtres cessent (cf Mississippi Burning). De l’autre côté, Hoover parle comme un général d’armée et désigne le noir comme l’ennemi public numéro 1.

Parce qu’il collabore avec l’agent Mitchell, William « Bill » O’Neal est donc le faux frère. Pire, il devient Judas en offrant au FBI la tête de celui que toute la communauté considère comme le nouveau Messie. Un homme porté par une Cause autre que la sienne.

America’s on fire right now and until the fire is extinguished don’t nothin’ else mean a goddamn thing.

Son discours est structuré et intelligent. Hampton croit au génie du peuple.

Anywhere there is people, there is power.

Une personnalité charismatique qui embarque les foules. Un sens aigu du politique, capable de créer la cohésion, ce qui commence à inquiéter sérieusement le pouvoir en place. Hampton est celui qui pourrait déclencher une révolution que le gouvernement redoute par dessus tout (cf Joker).

I am a revolutionary!

William « Bill » O’Neal est celui à cause de qui la belle histoire n’aura pas lieu. On lui en veut parce qu’il affaiblit la communauté alors que son contre-exemple devrait plutôt servir d’inspiration à tout le monde. Il rappelle en effet le besoin de lutter contre les divisions.

O’Neal n’est pas une victime, mais il a agit sous la contrainte. Arrêté par le FBI, il a plié sous le chantage du soldat de Hoover. Il a succombé à la menace de l’homme blanc dont la technique de corruption a fait ses preuves au cours des années.

O’Neal a peur de la prison ? Mitchell lui propose un marché pour l’éviter.

O’Neal a besoin d’argent ? Mitchell va lui en donner.

I will make sure you’re properly compensated.

O’Neal veut une belle voiture ? Mitchell la lui fournit.

O’Neal a peur d’être découvert par les Black Panthers ? Mitchell ne va pas se priver d’exploiter cet argument.

These motherfuckers ain’t no terrorists. Shit, they’re terrorizing me.

Car Mitchell n’est pas un ami. Il fait souffler le chaud et le froid. Quand il a besoin que O’Neal fasse quelque chose, il donne des ordres. Sinon c’est la prison. Cela fonctionne ainsi avec le FBI. Pas besoin de réfléchir.

You don’t have to understand.

O’Neal devient l’exécutant. La pièce défectueuse, comme Cypher (cf Matrix). Il craque sous la pression, car tout le monde n’a pas le courage de se sacrifier. Faible. Humain.

Rappelons que O’Neal ne profite à aucun moment de la situation. Il devient l’instrument de Mitchell, le pantin de Hoover. Cette situation le fait d’autant plus souffrir qu’il pense partager le combat de ses frères d’armes.

I was part of the struggle.

Il se soucie de Hampton. Mis sous épreuve, il prouve sa valeur. On pense qu’il est un mercenaire égoïste alors qu’il sait finalement se mettre au service des autres. Lorsque les locaux sont détruits, c’est lui qui pilote la reconstruction. Il prend ses responsabilités, et du galon. Si les membres se méfient de lui, ils finissent par lui accorder leur confiance.

Malheureusement trop tard car Mitchell a fait de O’Neal une planche pourrie. Impossible de revenir en arrière. Il est pris au piège. Suite à son ultime trahison, il se suicide car il ne peut plus continuer à vivre ainsi. Il a fini par sacrifier sa vie car il n’était plus en accord avec ses principes.

Impossible de retenir quoi que ce soit de cette histoire si l’on ignore que ce Judas et ce Messie étaient ensemble avant d’avoir été séparés définitivement par l’homme blanc. Il ne s’agit que d’une question de personnes…

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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