BLOW OUT

BLOW OUT

Brian De Palma, 1982

LE COMMENTAIRE

Après des siècles de raison acharnée, on en oublierait presque nos instincts animaux. Comme si l’on n’était plus capable de rien d’autre que d’analyser une situation sur la base de ce que nous propose les cinq sens que l’on connait. En ignorant le sixième (cf Le Sixième Sens), qui englobe tous les autres ainsi que ceux que l’on ignore encore…

LE PITCH

Un ingénieur du son joue les détectives.

LE RÉSUMÉ

Jack Terry (John Travolta) travaille pour une petite boite de production de slasher movies (cf Scream). Il s’occupe des effets sonores (cf Berberian Sound Studio). Sam (Peter Boyden) lui demande de s’occuper d’un casting car il n’est pas content du cri d’une actrice.

La nuit suivante, Jack part à l’aventure pour capturer des sons.

Il est le témoin d’un accident. Une voiture fait une sortie de route et termine sa course dans la rivière. Jack plonge aussitôt et sauve la vie de la passagère, le conducteur était déjà mort.

Le conducteur n’était autre que le gouverneur George McRyan qui était sur le point de devenir le prochain président des États-Unis! Quant à la passagère, il s’agissait de Sally Bedina (Nancy Allen) qui semblait être sa maitresse.

À l’hôpital, les autorités prennent la déposition de Jack et tente d’étouffer l’affaire en ré-écrivant les faits.

It’s better if the governor died alone.

Jack a tout enregistré. Quelque chose ne tourne pas rond. Avant l’accident, il entend un coup de feu.

The first sound I heard was a ‘bang’.

Manny Karp (Dennis Franz) était également sur les lieux. Il a photographié l’accident. Tout concorde : le gouverneur a bien été victime d’un attentat.

Cependant, personne ne veut croire la version de Jack, sauf Franck Donahue (Curt May).

It’s a great story! 8 million people are watching.

Encouragé par le journaliste, Jack insiste et remonte la piste d’un complot visant à compromettre McRyan. L’homme chargé de cette mission, Burke (John Lithgow), s’avère être un dangereux psychopathe qui ne s’est pas s’arrêter.

Jack se sert de Sally comme appât pour piéger Burke. À l’aide d’un micro, il enregistre leur conversation. Malheureusement, il perd la trace de Burke et de Sally. Lorsqu’il les retrouve, il est déjà trop tard. Jack parvient à neutraliser Burke, mais Sally est déjà morte.

Jack n’a plus de preuve suffisante pour accréditer la thèse du complot. Tout ce qui lui reste est l’enregistrement sonore du cri de Sally avant qu’elle ne meurt.

Un cri parfait pour le film de Sam…

It’s a good scream.

L’EXPLICATION

Blow Out, c’est une histoire qui fait pschitt.

Contrairement à un ambulancier qui doit venir en aide à des personnes réelles dans la vraie vie, Jack est un homme qui travaille dans la fiction. Via ses sons, il aide un producteur à fabriquer des réalités. Et il s’ennuie… Les films sont de mauvaise facture. L’acting laisse à désirer. Rien n’est assez authentique à son goût.

La nuit, il essaie de trouver des sons qu’il va pouvoir injecter dans ses films pour les rendre plus intéressants. Comme s’il essayait de percer un mystère, ou toucher la source du doigt.

Cet accident est une aubaine pour Jack car il ne s’agit pas simplement d’une voiture qui perd le contrôle, il s’agit d’une occasion pour lui de prouver que la vie ne correspond pas à l’histoire fadasse qu’on essaie de nous vendre.

Il le comprend à l’hôpital. Quelque chose s’est produit et des personnes essaient immédiatement de maquiller la réalité (cf Des hommes d’influence) : le pneu du gouverneur a éclaté et il est mort de manière tragique. Circulez, y’a rien à voir. 

That’s already taken care of.

Tout d’abord, ce n’est pas la vérité.

Ensuite, la vérité est beaucoup plus excitante pour Jack : Un tireur dont on ignore les motivations aurait visé un pneu de la voiture du gouverneur pour créer un accident, sans anticiper que McRyan aurait pu mourir. C’est un scoop énorme.

Dans sa quête, Jack va pourtant se rendre compte que ce qu’il cherche désespérément derrière le décor ne va lui porter que des ennuis.

Tout d’abord, il gêne les autorités qui vont tout faire pour le mettre hors d’état de nuire.

You recorded the accident…?

On met sa parole en doute.

How could you be so sure?

Son scénario dérange car il pose plein de questions embarrassantes qu’on préfère éviter. On lui colle alors l’étiquette de conspirationniste (cf Everything is a rich man’s trick, hold up).

Why does everything has to be a conspiracy?

Personne ne veut croire à sa version.

Nobody wants to know, nobody cares. 

Jack s’accroche. Il en fait une question de principes (cf Des hommes d’honneur).

I know what I’ve heard and what I saw!

Plutôt que de se battre au nom de la vérité, il veut désormais lutter contre le mensonge. En finir avec les salades soporifiques que les médias donnent à avaler tous les jours aux téléspectateurs pour qu’ils continuent à dormir (cf Matrix).

I’m sick of being fucked by these guys!

En poussant plus loin, Jack va néanmoins se rendre compte de comment fonctionne le monde. Celles et ceux qui essaient de montrer les choses pour ce qu’elles sont… agacent. Quand on a raison, on gêne.

You got your choice : you can be crazy or dead.

En poussant un peu plus loin, il découvre la véritable nature malsaine des gens.

Manny Karp avait tout organisé pour profiter personnellement de la chute gouverneur, en gardant la plus grosse part du gateau pour lui et laissant les miettes pour Sally. Sally était également dans cette combine misérable pour l’argent.

Why?

The money!

Money’s money.

Jack se rend compte qu’il est possible de faire tomber des personnes porteuses d’espoir par soif de pouvoir ou appat du gain (cf JFK). Pire, il découvre également que McRyan ne correspondait pas à l’image de l’homme parfait proposée par sa campagne électorale (cf Blonde). En résumé, Jack découvre que l’envers du décor n’est pas juste.

This isn’t right.

Tout est pourri.

Ses efforts ne suffisent pas à empêcher la mort de Sally. Et c’est Jack lui-même qui a mis Sally dans les griffes de Burke.

Le super héros redescend sur terre (cf Hollywoodland). Comme toutes celles et ceux qui veulent décrocher le gros lot, Jack se rend compte qu’il est impossible de changer le monde. Encore que cela soit possible, il se demande si cela en vaut vraiment pas la peine. Son histoire se dégonfle comme le pneu de McRyan. Le mieux que Jack puisse faire est de se résigner à rentrer dans le rang. Retourner dans son petit studio d’enregistrement, et participer à la comédie comme les autres – à son humble niveau.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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