KNOCK KNOCK

KNOCK KNOCK

Eli Roth, 2015

LE COMMENTAIRE

Dans une société patriarcale, les rôles sont déséquilibrés. Quand la femme dit non, elle n’est pas entendue par l’homme qui continue selon son bon vouloir. Selon ce modèle, il est tout simplement impensable que l’homme puisse être abusé. Dans une société plus équilibrée, il serait nécessaire de tout ré-évaluer. L’homme aurait besoin d’apprendre à dire non quand il ne veut pas (cf Harcèlement).

LE PITCH

Un homme se fait la fête des pères, en trio.

LE RÉSUMÉ

Evan Webber (Keanu Reeves) est un architecte. Il a bien agencé sa vie (cf Eyes Wide Shut). Sa femme Karen Alvarado (Ignacia Allamand) est une artiste à succès. Ils vivent tous les deux dans une villa coquette avec leurs deux enfants déjà bilingues, ainsi que leur chien. Couple exemplaire (cf Gazon Maudit)!

La famille part en week-end à la plage tandis que Evan doit rester à la maison pour un rendez-vous chez le kiné à cause d’une blessure à l’épaule. L’âge! Pas de bol.

Il célèbre donc la fête des pères en célibataire, seul à la maison. Une bonne occasion pour mettre la musique un peu plus fort que permis et peut-être se fumer un petit spliff, comme à la grande époque.

On sonne à sa porte.

Genesis (Lorenza Izzo) et Bel (Ana de Armas) se sont perdues sous la pluie. Evan les invite courtoisement à l’intérieur pour qu’elles puissent profiter de la bande passante de son réseau wifi. Il est tellement serviable. Quelques blagues de boomer. Puis il commence à être bousculé par ces deux jeunes hôtesses séduisantes qui semblent libres comme l’air.

Sentant que la soirée pourrait déraper (cf Disclosure), Evan appelle sagement un taxi puis se fait surprendre par les filles, nues dans la salle de bains qui sautent sur sa braguette. Evan n’oppose pas grande résistance avant d’abdiquer (cf Manhattan Night).

La nuit est aussi courte que la matinée sera longue.

Interminable.

Quelques textos manqués de Karen. La culpabilité saute déjà à la gorge d’Evan.

Ses deux poules ne sont pas parties. Elles s’incrustent. Le cauchemar commence à peine. Les filles prennent Evan en otage puis le violent. Bel et Genesis parachèvent leur oeuvre en enterrant Evan, tout en prenant soin de lui laisser la tête à la surface pour qu’il soit le témoin de son suicide social.

Avant que Karen et les enfants ne rentrent à la maison, la vidéo de leurs ébats est relayée sur le compte d’Evan (cf The social network).

Tout est fini.

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L’EXPLICATION

Knock Knock, c’est la revanche des sirènes.

Les prédateurs masculins sont appelés des pervers narcissiques (cf Mon Roi), ou des porcs (cf Harvey Weinstein). Hommes de pouvoir qui abusent de leur position dominante pour obtenir des faveurs de la part des femmes.

Et puis il y a quelques Ulysse. Des exilés qui traversent un long périple au bout duquel ils pourront rejoindre leur Pénélope.

Ulysse est un homme droit dans ses bottes, courageux, déterminé, loyal – en dehors de sa petite parenthèse d’un an avec Circé dont personne ne parle. En tout cas, il est celui qui résiste à la tentation.

Evan pourrait être Ulysse. En tout cas, il se pense Ulysse. Solide sur ses appuis.

I’m an architect, so obviously I believe in things happening by your own design.

Bel et Genesis sont de belles sirènes, à peine camouflées. Evan ne se méfie pas et les laisse rentrer chez lui, en confiance. Il les écoute le flatter sur son âge et sa carrure athlétique. Observe leurs corps avec convoitise. Elles ont trouvé celui qu’elles cherchaient. Un beau pigeon.

I’m glad we knocked on your door.

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Evan est-il une victime? Il est certainement loin d’être un Ulysse. Sans être non plus un prédateur car il est faible. Malgré tout, il est démasqué. Après avoir fauté et trahi ses beaux principes, sa réaction n’est pas surprenante. Rongé par les scrupules et jouant aussitôt les victimes.

Death? You’re gonna kill me? Why? Because I fucked you? You fucked me, you fucked ME, you came to MY house, you came to ME! I got you a car, I brought you your clothes, you took a fuckin’ BUBBLE BATH! You wanted it, you came on to me! What was I supposed to do? (…) You don’t give a fuck, you’ll just fuck anything! Well, you lied to me, I tried to help you! I let you in, I was a good guy, I’m a good father! 

En un sens, il a raison puisqu’il n’a rien demandé à personne. Bel l’a bien violé. On ne peut pas lui reprocher d’avoir laissé les filles rentrer.

Sur le fond cependant, il a tort. Non seulement il ne faut pas aller au devant de la menace mais il faut surtout rester chez soi, enfermé à double tour.

Evan doit certainement repenser à son petit garçon qui lui demandait de venir à la plage. Il doit aussi se souvenir de lui avoir répondu non, avec amertume.

Dad, are you sure you can’t come to the beach with us?

Trop tard.

Evan a eu le choix : ne pas ouvrir la porte – au risque de passer pour un rustre. Ne pas proposer aux filles de rentrer – au risque de passer pour un goujat. Et surtout de ne pas rentrer lui-même dans la salle de bains. Là, il n’a plus d’excuse. En rentrant dans cette salle de bains de son plein gré, il tombe dans le panneau à la faveur d’un moment d’égarement qu’il va payer au prix fort.

Les rôles sont inversés. Dans cette configuration, les filles peuvent jouer les prédatrices. Elles rodent pour tester les hommes (cf Death Proof). Agissant au nom de l’Inquisition féministe. Car Bel et Genesis ne font pas que profiter de cet homme, elles ruinent sa réputation au passage. Elles ont débusqué Evan, soit disant bien sous tout rapport. Il va couler sur l’ocean des réseaux sociaux.

Heureusement quand même pour Bel et Genesis qu’elles n’ont pas frappé à la porte du Dr. Josef Heiter (cf The Human Centipede).

C’eut été alors une toute autre histoire.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

3 commentaires

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