STOP AT NOTHING: THE LANCE ARMSTRONG STORY

STOP AT NOTHING: THE LANCE ARMSTRONG STORY

Alex Holmes, 2014

LE COMMENTAIRE

La vie fonctionne toujours selon la loi du plus fort. C’est ce qu’on nous raconte en tout cas. Il faut s’accrocher pour ne pas se faire écraser et peut-être un jour atteindre les sommets. Une fois en haut, tout le monde voudra notre place. Alors il faut l’oeil du tigre (cf Rocky III). Et si la vie fonctionnait plutôt selon la loi du plus malin ? Le héros ne serait plus celui qui écrase la concurrence mais celui qui arrive à tirer son épingle du jeu pour s’extraire du peloton, tout en passant entre les gouttes des tests anti-dopage.

LE PITCH

L’histoire de Lance Armstrong, maillot jaune du meilleur menteur.

LE RÉSUMÉ

Lance Armstrong est un jeune cycliste texan talentueux. Sa détermination semble s’inscrire dans la moyenne américaine.

If I’m gonna give up education, if I’m gonna give up time at home, sure it better be rewarding in terms of money.

En réalité, elle est sans limite.

Avec l’équipe Motorola, il commence à se distinguer en remportant une étape du Tour de France. On l’annonce comme le nouveau Greg LeMond, Puis il empoche le titre de champion du monde, au nez et à la barbe du Roi Miguel Indurain qui raffle pourtant tout dans les années 90. La fameuse recette espagnole…

What’s going in the Spanish team? We’re doing EPO, growth hormone and testosterone… You guys have no chance!

Indurain fait du 57km/h quand Armstrong ne peut monter qu’à 53. C’est pourquoi l’Américain décide d’aller voir le Dr Ferrari. Son coéquipier Frankie Andreu émet des doutes puis succombe à son tour.

Armstrong est alors fauché en pleine progression par un cancer des testicules, avec des métastases au cerveau. Puis il revient de l’enfer, contre toute attente. D’ailleurs, personne ne l’attend.

When I tried to come back there was no interest. None.

Il s’engage avec l’équipe US Postal de Johan Bruyneel, ancien coureur de l’équipe Once jadis inquiétée pour dopage. Entouré de coureurs brillants comme Tyler Hamilton, Lance Armstrong met en place un système de dopage organisé.

Il survole le Tour. Des soupçons de dopage naissent rapidement puis sont aussitôt étouffés. Armstrong arrive en jaune sur les Champs Élysées. Celui qui a vaincu le cancer montre que tout est possible. Les États-Unis se ré-approprient aussitôt l’athlète de l’année. George W Bush l’appelle pour le féliciter. David Letterman l’invite sur son plateau.

Have you ever considered the option of giving up?

Oh no!

See that’s great. That’s great.

Lance Armstrong créée sa fondation contre le cancer Livestrong, pilotée par Steve Whisnant. Le phénomène prend une toute autre ampleur. On dépasse le cyclisme à la Bernard Hinault. Armstrong est dans une autre galaxie.

Pendant que l’UCI fait mine de faire la chasse à l’EPO, les cyclistes passent aux transfusions sanguines.

L’ancien vainqueur du tour, Greg LeMond, lâche une bombe dans la presse.

If he’s clean, would you consider it the greatest achievement in the history of sport? 

Absolutely.

What if he’s not?

Then it would be the greatest fraud.

Lance Armstrong riposte immédiatement.

You throw stones at me. I throw stones at you.

Intimidation. Dénigrement. Ceux qui s’attaquent à son image ou manquent de loyauté subissent tous le même sort : le couple Andreu, Tyler Hamilton, Floyd Landis, sa masseuse Emma O’Reilly, le journaliste David Walsh… Armstrong élimine ses adversaires.

He just keeps going and going…

Lors de sa dernière victoire sur le Tour de France, il part sur ce message :

The last thing I’d say for the people who don’t believe in cycling, the cynics and the skeptics, I’m sorry for you. I’m sorry you can’t dream big.

Un enquête fédérale est déclenchée mais les témoignages se contre-disent. L’enquête est suspendue le temps des élections présidentielles. Armstrong surprend tout le monde en remontant sur le vélo!

It’s like the oldest theme in Hollywood (…) : the jewel thief, the bank robber, the assassin. (…) Somebody comes and says : one more job. Just one more little turn of the carousel and they can’t resist.

Mauvaise inspiration. Trop de gens ne voulaient pas le voir revenir. Ils vont tout faire pour le faire tomber. Travis Tygart de l’agence anti-dopage américaine reprend l’investigation, avec le vent dans le dos cette fois-ci. Armstrong est officiellement convaincu de dopage. Il perd ses sept titres de vainqueur.

Lance Armstrong has no place in cycling.

Tout s’écroule. Les sponsors le lâchent un par un. Sa fortune s’envole. Letterman se moque désormais de lui. L’ancien champion a trahi tout le monde, y compris les malades du cancer à qui il a donné de faux espoirs. Le Texan devient un paria.

In a matter of days it collapsed.

Risquant la prison pour parjure, Armstrong utilise ce qui lui reste de réseau pour éviter le pire. En échange, il passe à la TV pour une confession chez Oprah Winfrey où il avoue, sans trembler, s’être dopé toute sa carrière.

Une sortie de route maîtrisée, si l’on peut dire.

It was classic Lance. (…) It played into his hands, into his game.

lance_story

L’EXPLICATION

Stop at nothing, c’est une leçon d’hypocrisie.

L’histoire de Lance Armstrong est celle d’une tromperie puisque le public a cru au miracle de cet homme surmontant le cancer pour gagner sept tours de France d’affilée – grâce à des produits dopants. Magnifiquement mensonger.

Armstrong a avoué lui-même qu’il avait réalisé cette performance hors-norme au mépris des règles, contrairement à ce qu’il affirmait à l’époque. Ce qui fait de lui un tricheur.

It was a fraud.

Armstrong est même le champion des menteurs toute catégorie puisqu’aucun sportif n’était allé aussi loin dans le déni. Il a pu affirmer sans relâche à la presse qu’il ne se dopait pas, à plusieurs reprises, avec la même franchise dans le regard que celle qu’il affichait sur le plateau d’Oprah.

L’Américain n’a d’ailleurs pas hésité à dénigrer ses amis pour se protéger. Son hypocrisie est donc sans limite.

Mais qui est le plus hypocrite dans l’histoire : Le menteur ou celles et ceux à qui l’on ment (cf Cleveland vs Wall Street) ?

Avant de continuer à taper sur les sportifs qui se dopent, car il n’y a pas que les cyclistes, rappelons que les champions sont absolument prêts à tout pour gagner, y compris contourner les règles si besoin (cf Icarus).

I’ll do whatever it takes.

À partir de là, comment leur en vouloir ? Lance Armstrong s’est dopé et n’en reste pas moins un athlète hors-norme. Peut-on vraiment blâmer ceux qui jouent avec leur propre vie pour gagner et nous faire rêver ?

Examinons à présent ceux qui réclament du rêve justement. Ces spectateurs qui se ruent sur les routes chaque été ou qui sont massés devant les écrans géants les soirs de finale de Coupe du Monde, prêts à faire la fête. Ce public n’accepte pas ses propres limites. Il veut croire aux belles histoires. Les records sont faits pour être battus. Le peloton peut monter des cols à 35km/h à l’eau claire – ou sans moteur.

Ce public donne l’impression d’être aussi naïf que l’enfant qui voudrait continuer de croire au Père Noël.

At some point, people have to tell their kids Santa Claus is not real.

Le mythe de Lance Armstrong est merveilleux : la volonté qui nous permet de surmonter la maladie et gagner le course cycliste la plus difficile au monde, sept fois d’affilée. Que c’est beau. Portons le bracelet jaune à notre poignet! Associons nous à cette histoire.

Personne ne se pose de question parce que personne n’a envie de se poser de questions. Puis quand le scandale éclate, tout le monde rejette la faute sur le menteur à l’image de Steve Whisnant.

I have been made a fool of.

Vilain Lance Armstrong qui nous a donné des espoirs auxquels nous voulions tous croire! En prison!

Rappelons que beaucoup de personnes s’étaient mis dans la roue du succès de Lance Armstrong. Les médias tenaient une histoire en or. Tous les journalistes savaient. Les sponsors ne se sont pas gênés pour attacher leur nom à cette épopée. Et nous avons pu croire à l’impossible, tous ensemble. Main dans la main. Grâce à lui. Amen.

Tout le monde est complice.

Everybody had a stake in Lance being a success.

Nous n’avons décidément aucune gêne à nous scandaliser de la sorte.

Lance Armstrong était dopé ? Évidemment qu’il était dopé!

Comme les autres. Qui peut encore croire aujourd’hui que les champions ne se dopent pas ? À distances quasi-équivalentes, les moyennes dans le Tour de France sont plus rapides ces dernières années qu’à l’époque de l’affaire Festina où les coureurs étaient dopés comme des chevaux. Alors soyons sérieux…

If he wouldn’t have won the tour. Someone else that was doped would have won the tour.

Ce ne sont pas quelques malheureux tombés pour dopage qui vont changer quoi que ce soit. Il faudrait changer notre approche du sport toute entière. Lance Armstrong n’est que la pilule bleue dans Matrix. Nous ne sommes pas prêt à prendre la pilule rouge. L’hypocrisie se trouve là.

It could blow the whole sport.

Nous sommes hypocrites et nous continuons de nous complaire dans cette hypocrisie, notamment en France où nous sommes champions en la matière. Les autres sont les monstres. Nos athlètes Français ne se dopent pas.

Jalabert ? La faute aux Espagnols. Richard Virenque ? À l’insu de son plein gré. Fignon ? Paix à son âme. Zidane, Rinner, Fourcade, Lavillenie ou M’Bappé ? N’en parlons surtout pas!

On ne va pas commencer à ouvrir les dossiers sinon cela tournerait à la foire à l’empoigne. Et puis on ne lave pas son linge sale en public.

En l’occurrence, le public réclame un film de science-fiction, à grand spectacle, puis s’indigne d’apprendre que le film a été réalisé avec des effets spéciaux. Sans blague. Comme se demandait le philosophe Francis Cabrel : est-ce que ce monde est sérieux? 

On dit souvent qu’il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles. Et si on commençait par demander leur avis aux imbéciles (cf Idiocracy) ?

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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