LES INDIANS

LES INDIANS

David S. Ward, 1989

LE COMMENTAIRE

Dans notre société d’intellectuels, on a tendance à minimiser la place du sport, comme s’il ne s’agissait que d’un simple divertissement. Une discipline de sauvages ayant besoin d’assouvir le instinct de compétition (cf Lance Armstrong : stop at nothing), tout au plus. Il ne faut pourtant pas se tromper, le sport est bien plus que cela. Plus qu’une économie, il a également la capacité de re-tricoter du lien social (cf Les Bleus 2018). Attention cependant, les excès qu’il engendre peuvent causer des dégâts considérables.

LE PITCH

La trajectoire d’une équipe de base-ball peu orthodoxe vers les sommets de la ligue.

LE RÉSUMÉ

Rachel Phelps (Margaret Whitton) devient la nouvelle propriétaire des Cleveland Indians. Cette ancienne showgirl se moque pas mal du base-ball et n’a surtout aucune envie de prendre racine dans l’Ohio. Alors elle élabore un plan : faire en sorte que les résultats soient si catastrophiques que les fans désertent le stade, ce qui activait une clause contractuelle lui permettant de relocaliser la franchise à Miami, en Floride. Pour cela, elle a besoin de joueurs médiocres.

I play for the Indians.

Here in Cleveland? I didn’t know they still had a team!

Elle embauche le coach d’une équipe d’une division inférieure, Lou Brown (James Gammon). Lors de la reprise au printemps, les Indians sont composés de drama queen comme Roger Dorn (Corbin Bernsen), de joueurs blessés comme Eddie Harris (Chelcie Ross). Pedro Cerrano (Dennis Haysbert) ne sait pas gérer les curve ball. Jake Taylor (Tom Berenger) est à la dérive au Mexique, ses belles années derrière lui. Willie Mays Hayes (Wesley Snipes) court vite et c’est à peu près tout ce qu’il sait faire. Quant à Rick Vaughn (Charlie Sheen), il vient de sortir de prison et se montre incapable de contrôler son fastball.

Les premiers résultats sont calamiteux, comme prévu. Puis Lou équipe Rick d’une paire de lunettes lui permettant d’y voir plus clair. Les Indians commencent à gagner. Pour saborder définitivement l’équipe, Phelps les fait voyager dans un vieux bus. Douche froide dans les vestiaires.

Your players have to get a little tougher…

Malgré tout, les Indians continuent de gagner.

Lou convoque une réunion d’équipe afin d’informer les joueurs de l’intention de la présidente. Elle veut tous les virer à la fin de la saison. Le seul moyen de s’en sortir est d’être champion. Piqués au vif, chacun se mobilise.

Now you listen to me! This is my last shot at a winner and for some of the younger guys it could be their only shot. I don’t know what happened to you. But if you ever, ever tank another play like you did today, I’m gonna cut your nuts off and stuff em down your fuckin throat!

Les Cleveland Indians trouvent des ressources insoupçonnées pour déjouer les pronostics (cf Le Stratège) et remporter le match contre les Yankees de New York. Dans les tribunes, l’ex-femme de Taylor (Rene Russo) assiste au triomphe. Tous les deux peuvent se retrouver.

We did it!!

L’EXPLICATION

Les Indians, c’est une belle histoire.

La vie est remplie de prises de tête en tout genre (cf Knight of Cups) quand elle n’est pas tout simplement marquée par des drames terribles : des bateaux qui coulent (cf Titanic), des chagrins d’amour (cf Vanilla Sky, A single Man), des divorces (cf Marriage story), des licenciements (cf Sorry we missed you), des meurtres (cf Three Billboards)… Franchement, on n’a pas souvent l’occasion de rire.

Heureusement qu’il nous reste le sport! Pas qu’une histoire de corruption ou de gros sous. Le sport nous offre parfois la chance de nous épanouir, en dépit du reste. De ce point de vue, le sacre des Indians est une vraie belle histoire. Une aventure humaine qui va permettre à des athlètes bidons mais sympathiques de traverser une belle série de défaites avant de connaître la consécration.

On pense à tort qu’on est meilleur dès lors qu’on n’a plus rien à perdre. C’est faux. Ces joueurs n’ont rien à perdre d’autre que leur job, c’est à dire tout. Avoir le couteau sous la gorge va leur servir d’électrochoc. Ils gagnent grâce à leur instinct de survie (cf Avengers).

What exactly is our team concept?

Win the whole fucking thing!

Ils se concentrent sur l’essentiel. Pas de distraction, ni de religion.

You know you might think about taking Jesus Christ as your savior instead of fooling around with all this stuff.

Shit, Harris.

Jesus, I like him very much, but he no help with curveball.

La chance de ces joueurs est de partir de très loin. Même la propriétaire ne croit pas en eux. Paradoxalement, cela va les libérer de toute pression pour donner le meilleur de soi-même. Ils deviennent les challengers. Ceux que personnes ne considèrent.

Don’t worry, nobody is listening anyway.

Ces bras cassés paraissent ridicules mais ils s’en moquent.

Quand l’ego n’est pas mal placé, il peut faire des miracles. Ces hommes s’amusent plus qu’ils ne se jalousent. Ils ne peuvent pas faire autrement que d’accepter la critique. S’accommoder de conditions d’entrainement déplorables – sans se plaindre. Revenir à l’essence même du jeu. Oublier la gloire. Jake Taylor retrouve une seconde jeunesse. Son leadership inspire ses coéquipiers.

Par ailleurs, une belle harmonie est en train de naître dans les vestiaires. Pas de concours de quéquettes comme c’est souvent le cas entre mâles alpha (cf Compétition Officielle). Un véritable esprit d’équipe où chacun joue pour son copain.

Ces gars là sont à la fois tous différents et complémentaires. Ils dépassent le jugement pour s’en sortir en costauds, ensemble, face à l’épouvantail New Yorkais.

Voilà ce qui se passe quand un groupe est porté par de belles valeurs. Jouer pour se faire plaisir plutôt que pour la prime, contre vents et marées. Développer de nouvelles compétences, tout en gardant son humilité.

Montrer sa valeur au monde. Prouver que n’importe qui est capable d’y arriver à force de travail et de volonté.

Gagner l’estime des autres en ayant retrouvé le respect de soi. Certainement la plus belles des victoires.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

Commentez ou partagez votre explication

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.