LA 92 : LES ÉMEUTES

LA 92 : LES ÉMEUTES

T. J. Martin, Daniel Lindsay, 2017

LE COMMENTAIRE

On ne compte que quand ça nous arrange (cf Nikita). C’est bien connu. On sait aussi très bien tourner la tête pour éviter de voir les images qui nous gênent. Ne pas faire d’amalgame. Juste ignorer la réalité.

LE PITCH

Entre 1965 et 1992, peu de choses ont changé pour la communauté Afro-Américaine.

LE RÉSUMÉ

1965. L’arrestation musclée d’un jeune homme dans un quartier de Los Angeles avait conduit à de violentes émeutes. En cause, un policier soupçonné de racisme.

1991. Rodney King est arrêté pour excès de vitesse, toujours à Los Angeles. Puis brutalisé sauvagement par les officiers Koon, Powell, Wind et Briseno. 56 coups de bâton. 20 points de suture. Mâchoire fracturée et cheville droite cassée.

Ce genre de tabassage en règle est fréquent. Problème : cette fois, un voisin a filmé la scène.

This is not an isolated incident. The difference this time is we have a proof.

Les commentaires sinistres des forces de l’ordre ont été enregistrées.

It was right out of Gorillas in the Mist

I haven’t beaten anyone this bad in a long time.

L’affaire ravive évidemment les tensions raciales à Los Angeles. Aussitôt, le patron de la police locale, le décrié Daryl Gates, monte au créneau pour prendre la défense de ses hommes.

If you don’t speak out on the behalf of the men and women of LAPD that have served the people of this city well, if you don’t do that at this crucial moment in our history, then I’m gonna tell you you’re gonna have a city police department that is not going to be the kind of department that you want, the kind of department that people deserve.

Tout le monde tente de garder son calme. Difficile car l’affaire Rodney King vient s’ajouter au meurtre de Latasha Harlins tuée par une commerçante Coréenne. Le procès a lieu exceptionnellement à Simi Valley où justice pourra être rendue, loin de l’agitation médiatique de LA. Simi Valley est une ville à la majorité blanche écrasante. Le verdict tombe : Les policiers sont acquittés. Le maire Tom Bradley ne peut qu’exprimer sa colère et lance un appel au calme. Quelques heures plus tard, le sud de la ville s’embrase. Les magasins sont vandalisés. Des conducteurs sont sortis de leur voiture et lynchés. D’autres foyers éclatent un peu partout.

We have news from Los Angeles. It’s not confined to South Central, it’s all over.

Les émeutes vont durer une semaine, faire une soixantaine de morts et plus de deux mille blessés. George Bush remet le couvercle sur la marmite en faisant appel à la garde nationale. Incroyable.

Never thought it would be done. Not in our own country.

Circulez, y’a rien à voir.

L’EXPLICATION

LA 92, c’est se demander comment changer les choses.

Nous ne sommes pas tous libres et égaux en droit face au progrès. Il ne s’applique pas de la même manière à tout le monde. Pour certains, la situation ne s’améliore guère malgré les années (cf Detroit). Toujours les mêmes, toujours de la même histoire. Les inégalités subsistent et conduisent à des injustices en cascade.

How much worse does it need to get?

Pour changer les choses, les victimes finissent par descendre dans la rue (cf Joker) ou taper du poing dans la tête de leurs agresseurs (cf Retour vers le futur).

Le recours à la violence est-il la solution ? Pas sûr.

La violence ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Les drames s’accumulent, ainsi que les nombreuses victimes collatérales à l’image de ces commerçants innocents qui voient leur magasin saccagé. Comme si la violence continuait de s’acharner sur ceux qui la subissent déjà par ailleurs.

I came from the ghetto too! You call this black power? You better than the white man?! Why destroy my business?! I’m trying to make it!!!

La violence transforme la cité des rêves en un théâtre de guerre civile où des Coréens armés jusqu’aux dents tirent dans le tas. À l’angle de Florence et Normandie, on ne discute plus, on lynche.

La violence ressemble à une tentative de tout raser pour reconstruire un monde meilleur, sans y parvenir. Une sorte de révolution sans projet. Au final, rien n’a changé. 6 jours d’émeutes en 1965. Près de trente ans plus tard, 6 nouveaux jours d’émeutes qui n’ont malheureusement pas permis d’empêcher la mort de Floyd George, quasiment trente ans plus tard également.

La violence n’est donc pas la solution. Elle était déjà condamnée par ce journaliste de CBS à l’époque :

What shall it avail our nation if we can place a man on the moon, but cannot cure the sickness in our cities?

Mais de quelle maladie ce journaliste blanc parlait-il au juste ? Et surtout pourquoi ne s’interrogeait-il pas sur ce qui a conduit à cette situation ? La violence n’est pas la solution. Elle est plutôt un symptôme. Pourquoi ne nous interrogeons-nous pas sur les origines de la maladie. Entre gens de bonne compagnie, on préfère montrer du doigt les sauvages plutôt que de se remettre en question. Par confort.

Il faut pourtant reconnaître la violence pour la comprendre et déterminer une responsabilité (cf Capharnaüm).

Ceux qui sautent sur les voitures ?

Ou ceux qui ont décrété la supériorité de la race blanche il y a des siècles, affirmant que les noirs étaient des animaux ? Ceux qui entretiennent cette idée aujourd’hui (cf Blackkklansman) ? Les policiers qui abusent de leur fonction ?

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Ou les juges qui ne rétablissent pas l’équilibre ?

Et quid des politiques qui valident ce système, comme George Bush.

I will use whatever force necessary to restore order. (…) We must respect the process of law, whether or not we agree with the outcome. (…) Hope will return. 

Respecter la loi, que cela vous plaise ou non. Peu importe qui fait la loi.

En trahissant régulièrement ceux qui continuent encore de voter, les politiques entretiennent un système défaillant qui nourrit la violence.

This is not gonna end.

C’est l’évangile selon Kaaris.

Puisque ce procès n’a pas lieu (cf Cleveland contre Wall Street), le peuple doit prendre les devants.

Politicians follow. They don’t lead.

Pas forcément changer les choses avec des bouquets de roses, n’en déplaise à Laurent Voulzy. Crier sa haine d’abord, parce qu’évacuer est nécessaire (cf Three billboards). Puis trouver des alternatives pour impacter le système. Car à la fin, tout est politique (cf Braveheart). Impossible de changer les règles en dehors du jeu.

Puisque la forteresse résiste aux flammes, peut-être existe-t-il un moyen de la prendre de l’intérieur (cf Troie).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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