LE SOMMET DES DIEUX

LE SOMMET DES DIEUX

Patrick Imbert, 2021

LE COMMENTAIRE

Comment donner du sens à une existence? Certains ont besoin de descendre au plus profond d’eux-mêmes pour mieux se trouver (cf Le Grand Bleu). D’autres au contraire ressentent plutôt la nécessité de prendre de la hauteur. Faut-il atteindre de tels extrêmes pour découvrir la vérité (cf Free Solo)?

LE PITCH

Un journaliste suit une légende sur les pentes de l’Everest.

LE RÉSUMÉ

À Katmandou, le reporter Fukamachi Makoto cherche un scoop pour son magazine de montagne. Un inconnu lui propose le supposé appareil photo de George Mallory, premier homme à avoir gravi l’Everest en 1924.

Fukamachi pense évidemment que le plan est bidon. Pas si sûr! L’appareil en question a visiblement été dérobé à Habu Jôji, un alpiniste chevronné que tout le monde avait cru disparu suite à un regrettable accident.

Habu n’était pas apprécié dans le milieu. On lui reprochait notamment son caractère trop individualiste.

On était là pour lui permettre d’aller plus haut, c’est tout.

Il s’était ensuite retiré du circuit après la mort accidentelle du jeune Kishi qui l’avait accompagné lors d’une ascension.

Habu n’est pas à Katmandou par hasard. Il semble vouloir s’attaquer à l’Everest par la face sud-ouest, en solo. Un vrai scoop. Fukamachi ne veut surtout pas rater l’occasion qui se présente et insiste pour le suivre.

Si vous partez seul et que vous réussissez, personne ne le saura jamais!

Habu ne peut l’en empêcher. Pris dans la tempête, Fukamachi se retrouve rapidement en difficulté. Habu fait demi-tour pour venir en aide au journaliste, compromettant ses chances d’atteindre un but pour lequel il se prépare depuis toute une vie.

Impossible. On s’arrête là.

Le lendemain, il a pourtant repris sa route.

Fukamachi redescend seul, mais pas les mains vides. Habu lui a laissé quelque chose.

Garde cet appareil, il te dira peut-être ce que tu veux savoir.

Sans nouvelle d’Habu, Fukamachi a néanmoins compris l’essentiel.

La réponse est ailleurs.

L’EXPLICATION

Le Sommet des Dieux, c’est vivre pour le meilleur.

Si les années le permettent et que la langue Française survit assez longtemps, notre civilisation atteindra peut-être le moment où l’oeuvre de Jean-Philippe Smet sera étudiée religieusement. L’évangile selon Saint Johnny. Pourquoi pas?

On a moqué les fans de la première heure, tatoués sur les avants-bras, prêts à faire le voyage jusqu’à St Barth pour assister à l’enterrement de leur idole. Chercher bêtement les solutions dans le Livre alors que tout se trouvait dans les albums du chanteur :

Cheveux longs, idées courtes.

L’envie d’avoir envie (cf Rocky III).

Le quelque chose de Tennessee.

Et surtout vivre pour le meilleur.

Plus qu’un crédo, une véritable philosophie appliquée par Habu Jôji.

Si l’on scinde l’espèce humaine en trois, on trouve d’abord toutes celles et ceux qui sont là par hasard. Ils jouissent d’une majorité écrasante. On les reconnaît à leur paquet de popcorn au cinéma. Ils végètent. De temps en temps, ils aiment à se cacher derrière la maxime de Socrate. Savoir qu’on ne sait rien pour mieux continuer à vivre sans se poser la moindre question, à l’image du patron du magazine.

L’appareil est sous la neige avec Mallory, et Habu, tout le monde s’en fout! (…) Retourne plutôt à ce que tu sais faire : des belles photos. Voilà ce que les gens veulent.

Puis l’on trouve celles et ceux qui croient savoir mais qui sont en recherche désespérée de réponse (cf Retour vers le Futur 3, Danny Balint), le plus souvent lors de pèlerinages (cf Knight of Cups, Gerry) ou sur des chemins de traverse (cf Ad Astra, Apocalypse Now). Pour ces scientifiques dans l’âme, l’être ne saurait manquer d’une raison.

Les premiers regardent les seconds avec une certaine condescendance, persuadés que cette quête ne sert absolument à rien – comme chercher une aiguille.

J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez.

Fukamachi est malgré tout persuadé que ce qui l’anime est la course au scoop. La médaille d’or. Être au sommet.

Sa rencontre avec Habu va néanmoins lui permettre de réaliser qu’il fait fausse route. La vie ne se résume pas à une simple accroche dans un magazine. Trop simple. La destination ne devrait pas être notre obsession, car elle est hors de portée.

Grimper toujours plus haut, et après?

C’est d’ailleurs là toute la question, à laquelle seule une minorité d’entre nous à réussi à répondre : les Dieux, comme Habu. Ceux là qui sachent.

C’est pas de la chance!

Les Dieux savent qu’il n’existe rien de plus précieux que ce que l’on ressent concrètement. Pas étonnant que les premiers ressortent la carte de l’altruisme pour mieux couvrir leur médiocrité, quand les derniers ont tendance à s’appuyer sur des faits.

C’est comme si tu l’avais fait tout seul cette paroi. (…) Tu dois apprendre à ménager tes partenaires!

Je dis ce qui s’est passé, c’est tout. 

Seul ne compte que le vécu.

À la différence des autres, les personnes comme Habu ont dépassé les vaines considérations qui nous animent au quotidien. Tandis que Fukamachi se fascine encore pour un vulgaire appareil qui pourrait révéler une photo symbolique que le monde serait censé attendre, Habu a déjà tracé sa route vers l’essentiel.

Impossible de savoir s’il descendait ou s’il montait.

Avec la pellicule, on pourrait savoir.

Quelle importance?

Vivre pour le meilleur. Une philosophie désormais comprise par Fukamachi Makoto.

Aujourd’hui, je sais qu’il n’y a pas besoin de raison.

Les Dieux n’ont pas de temps à perdre à se justifier. Ils vivent. Se souciant moins des honneurs que de la passion qui les guide. Se concentrant sur leur histoire plutôt que d’avoir la prétention de vouloir écrire l’Histoire. D’autres s’en chargeront (cf Gatsby le Magnifique).

Habu est un homme qui a dépassé sa condition en ne cherchant plus à savoir. Il est dans le faire. Atteindre le toit du monde par ses propres moyens, sans calcul ni besoin de reconnaissance. Ne pas vivre pour autre chose qu’un coeur qui bat. Se faire plaisir. Une pure émotion (cf La vie rêvée de Walter Mitty).

De ce point de vue, il inspire le disciple Fukamachi à qui il reste encore quelques précieuses années pour trouver la voie de la sagesse.

LE TRAILER

Cette explication n’engage que son auteur.

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