DUMB & DUMBER

DUMB & DUMBER

Peter et Bobby Farrelly, 1994

LE COMMENTAIRE

L’avantage d’être bête est qu’on peut se satisfaire de pas grand chose dans la vie. Épicurien – sans le savoir. Manger et se regarder dans les yeux peut suffire au délire. Il suffit d’un autre crétin en face. Plus on est de fous, plus on rit. Le gros avantage d’être bête est de ne même pas s’en rendre compte.

LE PITCH

Deux imbéciles jouent les chevaliers au service d’une princesse.

LE RÉSUMÉ

Dans l’état de Rhode Island, Harry Dunne (Jeff Daniels) perd son job de promeneur de chiens le même jour où son ami Lloyd Christmas (Jim Carrey) perd son job de chauffeur de limousine pour imprudence.

Il faut dire que Lloyd est tombé méchamment amoureux de sa cliente Mary Swanson (Lauren Holly), au point de remarquer qu’elle a oublié une mallette à l’aéroport avant de prendre son avion pour Aspen.

Christmas s’empare de la mallette qui se trouve être remplie de billets. Il s’agit d’une rançon pour Bobby (Brad Lockerman) le mari de Swanson qui a été kidnappé par des ravisseurs.

Christmas n’en a aucune idée. Mais il a envie de traverser le pays pour rejoindre le Colorado et livrer la mallette à sa bienaimée.

I’m sick and tired of being a nobody. But above all, I’m sick and tired of having nobody!

Les deux amis entament leur long voyage de plusieurs milliers de kilomètres (cf Green Book). Ils sont suivis par Joe Mental Mentalino (Mike Starr) et J.P. Shay (Karen Duffy) qui veulent leur dérober la précieuse mallette. Finalement, ils terminent péniblement leur route sur une mobylette après avoir neutralisé Mental.

You drove almost a sixth of the way across the country in the wrong direction! Now we don’t have enough money to get to Aspen, we don’t have enough money to get home, we don’t have enough money to eat, we don’t have enough money to sleep!

À Aspen, ils découvrent par un heureux hasard que la mallette est pleine de fric qu’ils vont dépenser pour se payer un hotel prestigieux, une voiture de sport et plein d’autres gadgets par le biais de reconnaissances de dette.

What we borrow we pay back.

Ils retrouvent Mary. Harry se lie d’amitié avec Mary. Christmas pique une crise de jalousie (cf L’Enfer) et remplit le café de son pote de laxatif pour se venger.

Nicholas Andre (Charles Rocket), un ami de la famille Swanson, est derrière le kidnapping. Le FBI l’arrête. Mary retrouve Bobby. Tout le monde est content, ou presque. Les achats d’Harry et Lloyd leur sont confisqués. Ils doivent rentrer à pied (cf Gerry).

Un bus rempli s’arrête sur le bord de la route. Des femmes en bikini leur propose de monter à bord à condition qu’ils les enduisent d’huile.

Les deux hommes refusent, bêtement.

Hi, guys. We’re going on a national bikini tour, and we’re looking for two oil boys who can grease us off before each competition.

You are in luck! There’s a town about three miles that way. I’m sure you’ll find a couple guys there.

L’EXPLICATION

Dumb & Dumber, c’est l’Amérique profonde.

Quand on réfléchit aux États-Unis depuis Paris, on ne pense pas bien loin. New York, Los Angeles… Las Vegas (cf Casino). Peut-être Miami. Wall Street et Hollywood. Quasiment rien entre les deux côtes, si ce n’est quelques grands espaces.

Vu de France, les États-Unis restent encore la promesse d’un rêve à la sauce ketchup mayo. Tout y est possible, plus grand.

Un pays de pionniers (cf There will be blood, The Revenant, Il était une fois en Amérique) rempli de légendes du sport (cf Air, Stop at nothing, Youngblood), du business et du cinéma. Impossible n’est peut-être pas français, en attendant ce sont les Ricains chers à Sardou qui marchent sur la lune (cf First Man).

Clairement pas une contrée de penseurs. Mais on peut se demander où la pensée a porté la Grèce et l’Allemagne…

Bradley Cooper et Jennifer Lawrence sont les arbres qui cachent la forêt.

Quel genre de poussière trouve-t-on sous le paillasson américain ? La philosophie chantée par Franck Sinatra ne saurait masquer les caravanes (cf Nomadland). Entre de nouveaux riches pas très fin·es et l’électorat oublié de Donald Trump (cf Us), on y trouve beaucoup d’abruti·es (cf Idiocracy) comme Harry Dunne et Lloyd Christmas, qui ne seraient clairement pas aussi sympathiques s’il leur venait à l’idée de prendre un gun pour ventiler leur colère…

Les Américains réussissent à masquer leur misère. Dunne et Christmas sont une sorte de grand blond avec une chaussure noire. On les prend pour ce qu’ils ne sont pas.

These guys aren’t just anybody, they’re good! (…) They got to be pros.

On ne peut enlever à ces deux débiles leur détermination.

Well, it’s not gonna do us any good sitting here whining about it. We’re in a hole.

Ils tentent de ré-écrire une belle histoire homérique : traverser l’univers pour retrouver la princesse. Néanmoins, ils échouent.

Ils sont deux beaux produits de la culture patriarcale. Christmas a envie de sauter Mary Swanson, sans faire de détail.

I’d show you what a real man can do!

Leurs blagues sont lourdingues et font des dégâts.

It was just a goof!

Les Américains ont la réputation de ne pas partir en vacances, contrairement aux Français qui passent pour des touristes aux yeux du monde. Cependant, Dunne et Christmas n’ont pas vraiment envie de se ruiner la santé au travail. Ce n’est pas dans leur plan de carrière. Ils s’accommoderaient volontiers de gagner 100 patates au Millionnaire (cf Les Tuche, Les Trois Frères)

I can’t believe we drove around all day, and there’s not a single job in this town. There is nothing, nada, zip!

Yeah! Unless you wanna work forty hours a week.

L’Amérique, pays d’ignares planqués derrière le marketing mais dont le maquillage ne réussit plus à cacher les imperfections. Cet empire n’a rien construit d’autre qu’une montagne de poubelles (cf Wall-E). Il est en train de se fissurer tout doucement de l’intérieur sous nos yeux, et on s’évertue malgré tout à continuer à copier son modèle.

L’industrie est en train de péricliter (cf Les Brasiers de la Colère). Les usines sont revendues aux Chinois (cf American Factory). L’intelligence artificielle remplace sa force de travail.

Dunne et Christmas vont repartir comme ils sont venus.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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