PUSHER

PUSHER

Nicolas Winding Refn, 1996

LE COMMENTAIRE

Les gilets jaunes ont bien compris qu’ils obtiendraient plus en cassant plutôt qu’en manifestant gentiment. C’est tragique. Cela confirme la théorie d’Al Capone (cf Les Incorruptibles) selon laquelle on obtient plus avec un mot gentil et un revolver qu’avec un mot gentil tout seul. Et c’est encore plus vrai quand on a deux revolvers.

LE PITCH

Course poursuite haletante dans le Copenhague de la drogue.

LE RÉSUMÉ

Frank (Kim Bodnia) est un petit dealer sans relief. Il fréquente Vic (Laura Drasbæk), une jeune prostituée, et passe le plus clair de son temps à zoner avec son pote Tonny (Mads Mikkelsen) qui n’a guère plus d’ambition. Tous les deux ont des discussions creuses.

I once ejaculated a girl in the face, and she wanted me to piss it off.

Wait a minute, wait a minute. You ejaculated a girl in the face, and she wanted you to piss it off?

Yeah.

Pervert! That’s fucking sick!

It is not?

It’s fucking sick, man. Who was she?

Your mother.

Le destin de Frank va basculer lorsque Hasse (Peter Andersson) lui rend visite. Cet ancien compagnon de cellule veut de la brune, vite et il a les ressources. Frank mord à l’hameçon. Il demande une nouvelle avance à Milo (Zlatko Burić), un grossiste Serbe auprès duquel il a déjà une ardoise.

Malheureusement le deal tourne mal. Frank est arrêté par la police. Lors de l’interpellation, il parvient à se débarrasser de la dope. Il ne donne rien aux enquêteurs qui le relâchent. Désormais dans les griffes de Milo, Frank doit se débrouiller pour rembourser sa dette.

Radovan (Slavko Labović), l’homme de main de Milo, l’aide à collecter. On ne rigole pas avec Radovan.

For instance, there was this Turkish guy once. He fucked up and owed Milo some money. So I went over to his place. I’d been there many times before, asking for the money in a polite way, without any luck. Finally, I took a knife, stabbed it in his kneecap and teared the shit up. Sometimes, I’d like to have another job. Believe me.

L’argent ne rentre pas assez vite. En parallèle, Vic met la pression elle-aussi. Tout le monde s’impatiente. Frank se met en tête de partir en Espagne pour y mener la vie de rêve (cf Sexy Beast).

Il réalise un gros deal qui calme tout le monde. Milo accepterait un remboursement symbolique. Frank décide alors d’annuler ses plans d’escapade avec Vic.

Furieuse, celle-ci lui dérobe sa cagnotte. C’est fini. Frank a tout perdu.

Les hommes de Milo n’ont plus qu’à le découper en petits cubes.

 

L’EXPLICATION

Pusher, c’est le nivellement par le bas.

Frank n’est pas un mauvais bougre. En vérité, il n’est rien d’autre qu’un petit commerçant, au même titre que Marcello (cf Dogman), travaillant dans une industrie illégale, donc dangereuse. Contrairement aux traders (cf The Big Short), Frank met sa vie en jeu tous les jours.

Son terrain de jeu, Copenhague, n’a rien à voir avec LA ou même Marseille. C’est la ligue amateur en matière de drogue. Les clubs Danois n’ont pas le glamour de ceux de Miami. Les mafieux qui font la loi sont des Serbes – sans foi ni loi. C’est bien ça le problème. Rien à voir avec le charisme des cartels Mexicains (cf La Mule).

À Copenhague, on ne s’ennuie pas. Quand on veut supprimer quelqu’un, on sort un sac en plastique et on n’en parle plus. Sale. Sans prise de tête. Pas d’histoire de recyclage des déchets avec les os dans la poubelle jaune et les organes dans la poubelle verte. Les prostituées n’ont rien à voir avec celles de Vegas (cf Showgirls), ni avec les escorts New-Yorkaises (cf The Girlfriend experience), voire Parisiennes (cf Jeune et Jolie).

Frank est quelqu’un de normal dans un milieu médiocre. Les addicts n’ont pas la classe d’un Chet Baker (cf Born to be blue). Ils sont plus proches de la réalité, misérable (cf Panique à Needle Park).

Just give me a line. I need some coke.

You’ll get a line when I have my money.

Come on, give him a line.

When I got my money! Then, he can have a line!

Au Danemark, il fait froid et humide. Les Vikings. Survêtement Hummel. Chewing gum Stimorol.

Dans toute cette histoire, Frank essaie simplement de se débrouiller. Il n’a pas le projet de devenir le grand patron. En même temps, il ne veut pas passer pour un imbécile non plus. Il lui reste encore un semblant d’amour propre.

My girlfriend shouldn’t be a hooker.

Difficile de s’extirper de sa prison (cf Les Évadés). Tout le monde ne s’appelle pas Malik (cf Un Prophète). Frank pourrait peut-être aspirer à mieux, mais tous ses contacts le tirent vers le bas. Inlassablement.

Tonny n’offre pas énormément de stimulation intellectuelle et il se révèle être un bras droit un peu fébrile. Hasse est un chat noir. Vic n’est pas fiable. Milo est un banquier qui ne fait pas crédit. Les pieds enlisés dans la vase, personne ne tend vraiment la main à Frank. En plus il prend les mauvaises décisions. Il devient victime du syndrome de celui qui glisse sur une merde pour se rattraper sur une autre – vulgairement parlant.

Il aurait peut-être été plus inspiré de tout reprendre depuis le début, en commençant par changer de fréquentations ? C’est Hasse qui le conduit à contracter une nouvelle dette auprès de Milo. C’est Vic qui lui donne envie de fuir et qui finit par partir toute seule avec le fric. Peut-être aurait-il été inspiré de partir vivre en Suisse ?

À la fin de l’histoire, Frank passe sa vie à faire des sprints poursuivis par des flics ou des gangsters, quand il ne court pas après sa copine. Il s’épuise et va finir dans un sac en plastique lui-aussi.

S’il était né à la Guadeloupe, nul doute que la mélodie aurait été bien différente. N’oublions pas non plus qu’il aurait pu grandir à Brooklyn chez les Loubavitch (cf One of us).

Pire, il aurait pu naitre en Syrie, grandir au Liban (cf Capharnaüm). Cet imbécile ne peut donc s’en prendre qu’à lui-même.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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